Pierre Rabhi, écrivain et figure de l’agroécologie, est mort

Publié le par Le Monde via M.E.

Le fondateur du mouvement Colibris avait 83 ans. Sa mort, survenue samedi 4 décembre 2021, a été annoncée à l’Agence France-Presse par sa famille.

Pierre Rabhi, près de Berrias-et-Casteljau (Ardèche), le 29 mars 2011. PHILIPPE DESMAZES / AFP

Il était une figure de l’agroécologie. L’écrivain Pierre Rabhi est mort, samedi 4 décembre, à l’âge de 83 ans. Auteur notamment de Vers la sobriété heureuse, vendu à plus de 460 000 exemplaires, ce militant de la cause écologiste, adulé par des personnalités comme Cyril Dion et Marion Cotillard, est mort des suites d’une hémorragie cérébrale, a déclaré son fils à l’Agence France-Presse (AFP).

Né en 1938 aux portes du Sahara, il est très tôt écartelé entre « modernité et tradition », quand son père le confie à une famille de colons français, afin de lui assurer une meilleure instruction. Rabah deviendra alors Pierre.

« Des déchirements, des ruptures, des souffrances, il y en a eu un bon paquet », confiait cet autodidacte, enraciné en Ardèche depuis 1961, après avoir quitté l’Algérie au début des « événements » et connu « l’incarcération » d’une vie parisienne.

Ce pionnier du néo-ruralisme s’était installé dans une ferme. Il restera comme l’un des pionniers de l’agroécologie, qui vise dans le domaine agricole à régénérer le milieu naturel en excluant pesticides et engrais chimiques. Une méthode appliquée dès les années 1980 en Afrique subsaharienne, où il effectuera de nombreux séjours. Le moine bouddhiste Matthieu Ricard voyait en lui un « frère de conscience ».

Ouvrages innombrables au succès indéniable

Référence dans le sérail écologiste et altermondialiste, celui qui fut l’ami du président du Burkina Faso Thomas Sankara ou du violoniste Yehudi Menuhin, a connu une certaine exposition médiatique en 2002, lors d’une éphémère candidature à la présidentielle, pour déjà « introduire dans le débat l’urgence écologique et humaine ». Seize ans plus tard, en 2018, il déclarait au Monde : « La solution ne passe pas par le politique, elle passe par l’élévation de la conscience. »

Père de cinq enfants, il a ensuite partagé son temps entre interviews, animation de ses fondations, conférences et rédaction d’ouvrages… Grand admirateur de Socrate, il disait que « chaque être humain doit tenter de se connaître de façon à se changer positivement ».

Ses ouvrages, innombrables, ont rencontré un succès indéniable. Avec Cyril Dion – l’auteur du documentaire militant à succès Demain –, il a cofondé le mouvement citoyen des Colibris, qui appelle aux actions locales, comme les jardins partagés, les fermes pédagogiques ou encore les circuits d’approvisionnements courts. « Tu as inspiré des millions de gens à travers le monde », a réagi le mouvement sur Twitter samedi soir. « Les colibris et l’écologie sont en deuil », a également tweeté La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). « Parfois présenté comme un technicien, il s’intéressait à l’intériorité des gens, a souligné son fils auprès de l’AFP. Il a touché de nombreuses personnes. »

Pierre Rabhi avait choisi le colibri pour illustrer sa philosophie en se fondant sur une légende amérindienne : face à un incendie dans une forêt, ce petit oiseau « s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu », provoquant des sarcasmes de la part des autres animaux. « Je le sais, mais je fais ma part », répondait-il dans cette légende que Rabhi ne cessait de conter.

Sans parti, militant de « la joie » plutôt que de « la décroissance », Pierre Rabhi rejetait catégoriquement la notion de « développement durable », « une niaiserie ajustée sur la croissance économique ».

« Laboureur de conscience »

Plusieurs personnalités politiques, notamment écologistes, ont réagi à l’annonce de sa mort samedi soir, saluant l’action de l’écrivain en faveur de l’écologie. L’ancienne ministre de l’environnement, Ségolène Royal, a rendu hommage à un « laboureur de la terre et laboureur de conscience ». « Il semblait immortel comme ses idées », a tweeté samedi Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public et ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’écologie dans le gouvernement de François Fillon.

Le candidat vert à la présidentielle, Yannick Jadot, a salué la mémoire de « l’un des grands précurseurs de l’agroécologie », alors que la finaliste de la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts, Sandrine Rousseau, a, de son côté, rendu hommage à un « précurseur incroyable de l’écologie ». Tout en le « remerciant pour l’écologie », elle a aussi mentionné ses positions « conservatrices » sur les questions sociétales, dont l’homosexualité, en référence, notamment, à ses propos controversés sur le mariage homosexuel et la procréation médicalement assistée (PMA) en 2015.

Anne Hidalgo, candidate socialiste à l’élection présidentielle, a rendu évoqué un « penseur et écrivain qui avait à cœur de protéger notre planète », tandis que l’eurodéputé écologiste David Cormand a salué la mémoire d’un homme qui « a eu à cœur de faire sa part avec humilité pour une société aux liens apaisés avec la nature et d’inviter [chacun] à faire la sienne ».

Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/12/04/pierre-rabhi-ecrivain-et-figure-de-l-agroecologie-est-mort_6104752_3244.html

Pierre Rabhi a eu cinq enfants : Cécile, Vianney, ingénieur et inventeur du moteur MCE-5 à compression variable, David, Sophie, fondatrice et directrice de la Ferme des enfants, à Berrias-et-Casteljau en Ardèche34 et Gabriel, né en 1975,informaticien.

Pour en savoir plus sur sa vie et son oeuvre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Rabhi

Sa fille, Sophie Rabhi-Bouquet qui a créé et dirige la Ferme des Enfants.
 
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