Les perturbateurs endocriniens
Qu'est ce que la perturbation endocrinienne ? Qui sont les perturbateurs endocriniens ? Comment ceux-ci agissent-ils ? Comment les éviter dans notre vie quotidienne ?
Nous sommes exposés quotidiennement à des perturbateurs endocriniens, c'est-à-dire à des PRODUITS CHIMIQUES DE SYNTHÈSE présents dans les articles de consommation courante ou contaminants environnementaux de l’air, de l’eau ou des aliments. En moins de 100 ans la production de produits chimiques de synthèse est passée de 1 à 500 millions de tonnes par an.
Leurs nombreuses applications sont indissociables du confort moderne : matières plastiques, engrais et pesticides agricoles, pharmacie, cosmétiques… Mais le boom de la chimie s’est aussi accompagné de DIVERS PROBLÈMES : impacts sur la faune sauvage et les cours d’eau, pluies acides, déchets toxiques, trou de la couche d’ozone, émission de gaz à effet de serre… et exposition des humains dès le ventre maternel.
Avec le recul, on associe maintenant de plus en plus ces expositions précoces à certains types de produits chimiques à plusieurs MALADIES CHRONIQUES en pleine expansion telles que : obésité-diabète, cancers, troubles de la reproduction, asthme, maladies neuro-comportementales.
L’EXPOSITION AUX PRODUITS CHIMIQUES CONTRIBUERAIT A L’EPIDEMIE MONDIALE DE MALADIES CHRONIQUES NON-INFECTIEUSES.
Selon Christopher Wild (directeur du CIRC, Centre de Recherche internationale sur le Cancer) : “80 à 90% des cancers sont liés à nos modes de vie et à l’environnement”. Ce qui inclut : nutrition, sédentarité, tabagisme, alcool, stress, médicaments, exposition chimique, infections…
Un perturbateur endocrinien (PE) est une substance chimique QUI PERTURBE LE SYSTÈME HORMONAL. Ce dernier associe plusieurs de nos organes dans la sécrétion et la fine régulation des hormones, qui constituent de véritables messagers chimiques indispensables au développement et au bon fonctionnement du corps.
Les perturbateurs endocriniens (PE) ont des EFFETS NÉFASTES sur les processus de synthèse, de sécrétion, de transport, d’action ou d’élimination des hormones. Ils peuvent, selon leur type, altérer le taux d’hormones dans le sang, les imiter, les bloquer ou encore modifier la quantité d’hormones envoyées aux organes.
L’équilibre de ce système est TRÈS FRAGILE, c’est pourquoi les dérèglements que les PE entrainent dans notre corps peuvent avoir de très lourdes conséquences. En particulier, dans les premières étapes de la vie, nos hormones jouent un rôle aussi important que les gênes dans le développement physiologique de l’individu : les impacts des PE sur le fœtus, le nourrisson, ou l’enfant en croissance peuvent s’avérer irréversibles.
Aujourd’hui, l’Union européenne recense plusieurs centaines de PE auxquels nous sommes exposés tous les jours, par le biais de notre alimentation, du contact direct ou de la respiration.
♦ USAGES : Il est utilisé dans la fabrication des plastiques en Polycarbonate (petit électroménager, lunettes, CD...) et des résines époxy employées comme vernis interne des boîtes de conserve, canettes et couvercles, mais aussi dans les canalisations d’eau, les cuves alimentaires et vinicoles, les tickets de caisse et dans certains amalgames dentaires. Il est interdit dans les biberons depuis le 1er janvier 2011. Polycarbonate et résine libèrent du BPA et contaminent les aliments et boissons. Pour les tickets de caisse, l’exposition se fait par contact cutané, le BPA pouvant pénétrer la peau.
♦ EFFETS : Le BPA imite l’œstrogène, hormone sexuelle féminine. Il peut favoriser l’apparition du diabète, des troubles cardio-vasculaires, augmenter les risques d’infertilité et diminuer l’efficacité d’un traitement par chimiothérapie lors d’un cancer. Chez la femme, il peut déclencher une puberté précoce. Chez l’homme, il baisse la qualité du sperme par une diminution du nombre de spermatozoïdes et une augmentation des risques de déficience sexuelle.
Les phtalates sont aussi employés dans les produits cosmétiques (rouges, vernis, crèmes...) et les parfums. Encore plus questionnable, leurs usages dans les produits de santé et de soin : médicaments, dispositifs médicaux...
♦ USAGES : 350 substances actives pesticides différentes sont utilisées en Union Européenne. Parmi elles, 40 sont des perturbateurs endocriniens dont 30 ont déjà été décelées dans notre nourriture.
♦ EFFETS : On estime qu’environ la moitié de nos aliments présentent des résidus de pesticides et que notre assiette nous expose en moyenne à une vingtaine de ces pesticides PE de manière quotidienne. Un exemple : le prochloraz, un fongicide, exercerait des troubles de la reproduction et du comportement chez la descendance de l’individu exposé.
Lire à ce propos des extraits du rapport de l'OMS-PNUE intitulé "ÉTAT DE L’ART SUR LES PE" concernant les Pesticides.
Avant 1991, le principe « c’est la dose qui fait le poison » faisait l’unanimité : tout produit nocif présente une dose en-dessous de laquelle l’exposition humaine est sans risque et les effets augmentent avec la dose. Mais ce principe n’est pas valable pour les perturbateurs endocriniens.
En fait, ils peuvent être actifs aux FAIBLES DOSES auxquelles nous sommes exposés via l’environnement et les aliments ; on observe même des effets plus importants à faibles doses qu’à doses élevées.
Pas si illogique, car les hormones naturelles agissent aussi dans une gamme de concentrations très faibles. Pour les experts des PE, c’est donc moins sur la dose qu’il faut focaliser l’attention scientifique que sur la PERIODE D'EXPOSITION de l’individu : la régulation hormonale joue un rôle crucial dans le développement du fœtus, de l’embryon et du nourrisson qui sont donc extrêmement vulnérables aux effets des PE.
À ce sujet, écouter l'émission de France Culture "Les effets des perturbateurs endocriniens sur le développement fœtal", où des chercheurs expliquent que les malformations congénitales de l’appareil sexuel masculin sont en augmentation.
Nous sommes exposés à plusieurs produits chimiques à la fois. L’évaluation des effets de ce cocktail toxique est encore très nouvelle. Néanmoins différentes expériences montrent déjà que les effets peuvent se combiner et parfois dépasser l’addition des effets des produits pris individuellement.
Plus troublant encore, des PE présents dans le corps à des doses inoffensives, prises séparément, peuvent devenir très toxiques lorsqu’ils sont mélangés.
Des travaux scientifiques suggèrent que, par des mécanismes biochimiques complexes, les effets des PE peuvent se transmettre sur plusieurs générations. Par exemple, on a retrouvé des troubles comportementaux jusque dans la 4eme génération de souris dont seuls les parents avaient été exposés au Bisphénol A.
La réglementation doit évoluer pour mieux protéger la santé publique et l’environnement mais nous pouvons aussi agir à notre niveau pour limiter notre exposition aux perturbateurs endocriniens.
Privilégiez les produits frais non-transformés et diversifiez votre alimentation :
- Réduisez votre consommation de viande et de produits laitiers (plus propices aux PE persistants).
- Préférez les fruits et légumes « bio » ou cultivés localement sans pesticide. A défaut, pelez ceux provenant de l’agriculture conventionnelle.
- Evitez les boites de conserve et cannettes, sauf mention « sans BPA », et privilégiez les conditionnements en verre.
Evitez si possible les ustensiles traités au téflon dont les poêles, les récipients et les films en plastique, en particulier les plastiques portant les mentions : n°7 ou PC (Polycarbonate) ; n°3 ou PVC (Polychlorure de vinyle) ; n°6 ou PS (Polystyrène). Faites la chasse au polycarbonate pour la vaisselle et les robots mixeurs.
Alternatives pour le conditionnement ou la cuisson : verre, inox, grès, céramique, terre cuite, fonte émaillée, fer. Les plastiques polyéthylènes n°2 (HDPE) et n°4 (LDPE) et le polypropylène n°5 (PP) sont réputés contenir moins d’additifs.
Bébé/enfant : le choix le plus sûr reste le biberon en verre.
Aérez et dépoussiérez régulièrement votre domicile. Privilégiez si possible des matériaux sains plutôt que moquettes, textiles synthétiques, bois aggloméré, polystyrène et revêtements plastiques. Gardez les appareils électroniques hors des chambres. Ne diffusez ni aérosol, ni parfum d’intérieur, si vous devez rester chez vous.
Utilisez le moins possible de produits cosmétiques et de lotions au cours de la grossesse et de l’allaitement. Ingrédients à éviter : phtalates (DEP, DOP, DINP,...), triclosan, muscs synthétiques (souvent notés «fragrances»), parabènes, phénoxyéthanol, BHA et benzophénone.
Privilégiez les jouets en bois ou en tissu non traités et/ou des marques européennes qui offrent des garanties. Bannissez les jouets en PVC. Détournez-vous des jouets et gadgets parfumés.
La recherche scientifique suggère que les perturbateurs endocriniens (PE) sont bien plus qu’une nouvelle classe de produits chimiques indésirables. Les PE sont probablement l’une des clefs d’explication de la croissance sans précédent des maladies chroniques modernes.
Leur mise en évidence est une piste d’espoir pour enrayer la progression des maladies et retrouver la maîtrise des dépenses de santé sans sacrifier notre système de solidarité.
Le Réseau Environnement Santé (RES) et le mouvement mutualiste sont engagés pour obtenir des politiques publiques adéquates sur 4 axes :
- interdire en toute priorité certains usages de PE comme le BPA dans le secteur alimentaire et les phtalates dans les dispositifs médicaux et les cosmétiques.
- interdire à terme tous les PE par une réglementation générale et ramener à zéro l’exposition aux PE d’ici une génération.
- développer la recherche dans le domaine santé-environnement et adapter les institutions pour placer le principe de précaution au cœur des politiques publiques,
- adosser des volets « environnementaux » aux grands plans de santé publique (Plan cancer, Plan Obésité, PPNS, PNSE, etc…) et favoriser l’émergence d’une « médecine environnementale ».
Source : Réseau Environnement Santé