Quand le gaz hilarant ne fait plus rire (Vidéo)
Ces bombonnes en vente libre sont censées provoquer des fous rires, mais le protoxyde d’azote peut devenir une drogue difficile à maîtriser. Un reportage d'"Envoyé spécial".
Des petites bombonnes en vente libre censées provoquer des fous rires. Le protoxyde d’azote fait des ravages chez les jeunes. Une pratique en apparence anodine qui peut devenir une drogue difficile à maîtriser.
Dans les hôpitaux, les services de neurologie admettent de plus en plus de jeunes patients intoxiqués pendant des soirées festives. Victimes de paralysie, il leur faut parfois plusieurs mois avant de retrouver leur mobilité et leur autonomie. Alors pourquoi ce gaz connaît-il un tel succès ? La législation peut-elle évoluer pour endiguer le phénomène ?
Il fait les affaires des vendeurs en ligne, mais ne fait pas rire les médecins : "Envoyé spécial" a enquêté sur la vogue du gaz hilarant, ou protoxyde d'azote, devenu l'un des psychotropes favoris des moins de 30 ans. Les journalistes ont découvert un trafic très organisé et un marché très lucratif.
Comment des bonbonnes servant à gonfler des ballons ou monter une crème Chantilly sont-elles devenues, en quelques années, l'un des psychotropes les plus populaires chez les moins de 30 ans ? Elles contiennent du protoxyde d'azote, ou gaz hilarant, mais sont en vente libre pour les personnes majeures.
Sur internet, on en trouve de toute sorte, souvent présentées avec les ballons de baudruche grâce auxquels le client inhalera le gaz euphorisant. C'est surtout sur les réseaux sociaux que ce commerce s'est développé, avec livraison à domicile. Partout en France ont fleuri des centaines de comptes : "Drive Ballon", "Allô Proto", "Ballons Express..." Leurs pubs reprennent les codes du trafic de drogue en ligne, avec livraison en 30 minutes 24 heures sur 24 et prix attractifs : "25 euros la bonbonne, ballons offerts", annonce l'un d'eux.
A Paris, les journalistes d'"Envoyé spécial" ont contacté l'un de ces vendeurs au détail. Prétendant être une cliente, une des membres de l'équipe passe commande par SMS. Trente minutes plus tard, le livreur arrive. La scène est filmée en caméra discrète.
Une fois la bonbonne et les ballons dans son sac, la journaliste explique consommer pour la première fois et pose quelques questions au jeune homme. Est-ce que c'est dangereux ? Est-ce que les clients sont nombreux ? Surprise : la vente de protoxyde d'azote rapporterait... 4 000 euros par jour ! "Franchement, ça marche très bien, se félicite le livreur. C'est mieux que le shit... sinon, je serais dans le shit !"
Si les vendeurs se frottent les mains, les médecins s'alarment de cette consommation qui explose. Elle peut provoquer de graves complications, allant jusqu'à la paralysie. A Saint-Denis, en région parisienne, le service de neurologie de l'hôpital a vu arriver, depuis le début 2021, 20 victimes d'intoxication au gaz hilarant. Au moment du tournage, une trentenaire hospitalisée après avoir consommé plusieurs bonbonnes avait du mal à recouvrer l'usage de ses jambes...
Extrait de "Quand le gaz hilarant ne fait plus rire", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" 2 décembre 2021.