Hydrogène : pourquoi la France va devoir produire plus

Publié le par Les Echos via M.E.

Alors que l'Allemagne mise sur l'importation massive d'hydrogène vert, la France estime qu'elle peut encore être compétitive sur la production, selon les dernières études.

normandhy.airliquide.com

Le projet Normand'Hy d'Air Liquide, prévu en 2026, va faire grimper les capacités de production d'hydrogène bas carbone en France.

Production made in France ou importation ? Le débat agite la filière hydrogène depuis des années. Et si la stratégie nationale , révisée en décembre par le gouvernement, ouvre pour la première fois la porte aux importations, l'Hexagone a bel et bien une carte à jouer dans la production et ne se résout pas à substituer une dépendance à une autre.

« Nous avons agrégé plusieurs études réalisées ces derniers mois par l'Agence internationale de l'énergie, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, Deloitte… Il en ressort que toutes les régions du monde sont confrontées à un problème de concrétisation des projets. Les volumes ne sont pas encore disponibles et il n'est pas certain qu'au final les écarts de compétitivité soient très importants », affirme Emmanuel Bensadoun, responsable expertise et études chez France Hydrogène, qui regroupe 460 professionnels de la filière.

L'ammoniac fragilisé

L'Europe s'est fixé comme objectif la production de 10 millions de tonnes d'hydrogène renouvelable, qui pourrait être complétée par l'importation de 10 millions de tonnes supplémentaires par an d'ici à 2030.

Or, selon les analyses de France Hydrogène, les volumes risquent d'être insuffisants à l'international - une étude de Roland Berger publiée mardi évoque la production de 13,2 millions de tonnes d'hydrogène vert au niveau mondial en 2030. Et, quand ils seront disponibles, ils ne seront pas forcément beaucoup moins chers que l'hydrogène bas carbone produit en Europe.

« Il y aura des tensions sur les volumes, notamment entre 2030 et 2035, souligne Emmanuel Bensadoun. En moyenne, le coût de production dans certains pays, où l'éolien et le solaire seront très compétitifs, sera inférieur de 40 %. Mais si l'on ajoute à cela le coût du conditionnement, celui du transport, la reconversion si l'on passe par d'autres molécules, voire le coût du transport interne, l'écart se réduit entre 0 et 10 %. »

Le seul domaine où l'Europe pourrait vraiment se retrouver en position de faiblesse est l'ammoniac, qui peut être « vert » s'il est produit à partir d'hydrogène renouvelable et d'azote. « Si l'ammoniac est consommé directement (sans « craquage », procédé qui la retransforme en hydrogène, NDLR), l'écart de prix peut monter à plusieurs dizaines de pourcents », ajoute Emmanuel Bensadoun. Les sites de production européens (il y en a quatre en France), qui alimentent notamment les producteurs d'engrais, pourraient alors être fragilisés.

Les capacités loin du compte

La filière espère s'appuyer sur ces résultats pour faire accélérer les projets de production d'hydrogène en France. Selon France Hydrogène, les capacités d'électrolyser ont plus que doublé l'an dernier, atteignant 30 MW. Mais en comptant les projets en construction ou ayant reçu une décision finale d'investissement (notamment le projet Normand'Hy d'Air Liquide, d'une capacité de 200 MW), le chiffre monte à 300 MW.

Cela reste très loin, toutefois, des 6,5 GW de capacité évoqués par la stratégie nationale en 2030, et des 10 GW en 2035. Pour atteindre ce chiffre, il faudrait même aller au-delà de tous les projets encore au stade de l'étude de faisabilité (4,45 GW).

Pour débloquer les initiatives, France Hydrogène imagine notamment des consortiums , qui pourraient peser face à EDF et négocier des prix de l'électricité préférentiels (ceux-ci pèsent les trois quarts des coûts de production de l'hydrogène).

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/hydrogene-pourquoi-la-france-va-devoir-produire-plus-2072817

Publié dans Energie, Climat

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :