La moitié de l’humanité confrontée à une crise de l’eau sans précédent

Publié le par Novethic via M.E.

Alors que le "convoi de l'eau" s'élance en France, et que la moitié des Uruguayens sont contraints de boire de l'eau salée en raison de la sécheresse, le World Resources Institute publie un Atlas des risques liés à l'eau pour le moins inquiétant. La moitié de l'humanité, soit quatre milliards de personnes, subit déjà un stress hydrique "élevé" au moins un mois par an, avec des conséquences désastreuses sur la sécurité alimentaire et énergétique.

Manifestation en Uruguay pour une meilleure gestion de l'eau. Eitan Abramovich / AFP

C’est une situation à peine croyable qui se déroule en ce moment en Uruguay. La moitié de la population est obligée de boire de l’eau salée en raison de la sécheresse qui sévit dans le pays. Faute de réserves suffisantes, le gouvernement a mélangé un peu d’eau douce avec de l’eau de l’estuaire le Rio de La Plata, située à proximité de l’océan Atlantique et donc légèrement salée. 

Cette situation, qui a provoqué des manifestations, n’est pas isolée. Partout dans le monde, des actions éclatent pour un meilleur partage de l’eau. En France, vendredi 18 août, le "convoi de l’eau" a ainsi été lancé par plusieurs organisations pour alerter sur les menaces pesant sur cet or bleu. Il faut dire que la situation est particulièrement alarmante. 

La Belgique en stress hydrique élevé

Le World Resources Institute vient de publier son Atlas des risques liés à l’eau baptisé Aqueduct. Aujourd’hui, 25 pays représentant 2 milliards de personnes sont exposés à un stress hydrique élevé. Cela signifie qu’ils consomment plus de 80 % de leurs ressources. "Les régions les plus soumises au stress hydrique sont le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, où 83 % de la population est exposée à un stress hydrique extrêmement élevé, et l'Asie du Sud, où 74 % est exposé", notent les auteurs. 

Dans le détail, parmi les cinq pays qui souffrent le plus du stress hydrique on retrouve Bahreïn, le Koweït, le Liban, Oman, le Qatar et Chypre. Ce dernier est un des seuls pays européens à faire partie du classement, avec la Grèce, et, surprise, la Belgique. "La demande industrielle, qui représente près de 90 % de tous les besoins en eau en Belgique en est la principale cause", a expliqué Samantha Kuzma, responsable des données d’Aqueduct, interrogée par Libération. 

Et la situation devrait se dégrader. D’ici 2050, 1 milliard de personnes supplémentaires vivront avec un stress hydrique extrêmement élevé même si le monde arrive à maintenir un réchauffement compris entre 1,3°C et 2,4°C d’ici la fin du siècle, soit un scénario optimiste. Or, la demande en eau va augmenter de 20 à 25 % d’ici 2050 au contraire des ressources qui vont s’amenuiser. 100% du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord vivra avec un stress hydrique extrêmement élevé. 

31 % du PIB mondial affecté

Les conséquences d’un tel manque d’eau sont multiples. La sécurité alimentaire mondiale est menacée, alerte le World Resources Institute. Alors que le monde comptera 10 milliards de personnes d’ici 2050, il faudra produire 56% de calories alimentaires de plus qu’en 2010 tout en étant contraint par le stress hydrique et toutes les catastrophes climatiques. "Déjà, 60 % de l'agriculture irriguée dans le monde est confrontée à un stress hydrique extrêmement élevé, en particulier la canne à sucre, le blé, le riz et le maïs", indiquent les auteurs.

Tous les secteurs peuvent être touchés. De la production agricole, on l’a vu, à l’énergie liée au manque d’eau pour refroidir les centrales. Au total, 31 % du PIB mondial, soit 70 000 milliards de dollars sera exposé à un stress hydrique élevé d’ici 2050 contre 15 000 milliards en 2010. Et pourtant, résoudre les problèmes mondiaux liés à l’eau n’est pas si cher ! Il faudrait investir 1 % du PIB, soit "29 cents par personne et par jour de 2015 à 2030" pour y arriver. 

"Ce qui manque, c’est la volonté politique et le soutien financier pour faire des solutions rentables une réalité", dénoncent les auteurs qui pointent plusieurs solutions parmi lesquelles la réutilisation des eaux usées, une agriculture plus économe en eau, des sources d’énergies plus résilientes et moins liées à l’approvisionnement en eau comme les énergies solaire et éolienne ou encore un allégement de la dette en échange d’un engagement à investir dans la biodiversité ou des infrastructures résilientes. 

Source : https://www.novethic.fr/actualite/environnement/eau/isr-rse/infographie-la-moitie-de-l-humanite-confrontee-a-une-crise-de-l-eau-sans-precedent-151706.html

Publié dans Eau, Climat, Santé

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