Panneaux solaires : la nouvelle passion des Français

Publié le par Les Echos via M.E.

Porté par les hausses successives des prix de l'électricité, l'achat de panneaux solaires pour auto-consommer l'électricité produite sur son toit prend de l'ampleur en France. Près d'un demi-million de foyers sont équipés.

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Les Français sont de plus en plus nombreux à s'équiper en panneaux solaires pour produire eux-mêmes l'électricité qu'ils consomment.

Cela ne saute pas forcément aux yeux lorsqu'on parcourt les zones pavillonnaires mais les Français sont de plus en plus nombreux à s'équiper en panneaux solaires pour produire eux-mêmes l'électricité qu'ils consomment.

« Le décollage de l'autoconsommation est fulgurant. On dénombre aujourd'hui 440 000 sites qui auto-consomment une partie de l'électricité qu'ils produisent. En 2015, ils n'étaient que 3 000 », a rappelé Marianne Laigneau, la présidente du directoire d'Enedis, en début d'année, devant l'Association des journalistes de l'énergie.

Au total, cela représente une capacité de production d'environ 2,3 GW, soit l'équivalent (très théorique car les panneaux ne produisent que 15 à 20 % de cette capacité maximale) de deux réacteurs nucléaires.

Un public de CSP + et plutôt âgé

Logiquement, ces panneaux sont d'abord installés dans le sud de la France, là où leur rendement est meilleur : en tête des départements les plus équipés en France figurent les Bouches-du-Rhône, l'Hérault, le Gard, la Haute-Garonne ou encore la Gironde et l'Isère mais aussi, de façon plus surprenante, les départements du Nord ou de la Loire-Atlantique.

Globalement, le taux de pénétration de ces solutions qui permettent de faire baisser les factures reste encore très modeste en France par rapport aux standards européens. On parle de 3 à 4 % des maisons équipées en France, contre 30 % aux Pays-Bas et 15 % en Allemagne. Mais l'engouement est réel.

« Le marché a vraiment décollé en 2023, car jusque-là l'énergie était relativement peu chère et il n'y avait pas d'urgence à maîtriser sa facture d'énergie . La guerre en Ukraine a aussi suscité une angoisse sur le thème 'tout peut arriver' et donc un besoin d'autonomie », explique Frédéric Pierre, le directeur général de Soleriel, la filiale du groupe EverWatt dédiée au marché des particuliers.

Environ 180 000 installations d'autoconsommation ont été branchées, en France, en 2023, contre près de 80 000 en 2022 - et la croissance est encore attendue cette année.

Retraités aisés

Les Français les plus âgés et les plus aisés sont plus prompts à se lancer. La raison est économique mais aussi sociologique. « On dénombre environ 15 millions de maisons individuelles en France, dont 8 millions sont détenues par des personnes proches de la retraite ou à la retraite. La majorité des projets se fait chez des CSP + ou des retraités », explique Benjamin Declas, PDG d'EDF ENR.

A la faveur de la hausse des prix de l'énergie, la durée d'amortissement d'une installation d'autoconsommation en toiture a certes chuté. « Avant la crise de l'énergie, on visait quinze ans pour amortir une installation classique. On parle désormais de dix ans », explique Frédéric Pierre, chez Soleriel. Mais l'investissement à réaliser pour s'équiper reste important, de l'ordre de 8 000 à 12 000 euros pour une installation moyenne.

Pour tenter d'élargir encore le marché et attirer des populations plus jeunes, certains misent sur des offres de leasing, les mêmes qui sont devenus la norme dans l'automobile. « Il y a 4 millions de primo-accédants en France. Pour eux, investir 10.000 euros dans une installation solaire n'est pas une priorité, alors qu'ils pourraient en bénéficier pour faire des économies », pointe Frédéric Pierre, qui explique avoir calibré « les loyers de son offre sur les économies d'énergie générées chaque mois » par les panneaux solaires afin « de ne pas grever les budgets des foyers ».

Des économies variables

Il faut dire que les acteurs du secteur - énergéticiens, artisans, acteurs spécialisés, enseignes de bricolages - rivalisent tous de promesses sur les économies potentielles.

« On parle de 30 à 35 % de facture économisée en moyenne par an, soit, pour une maison qui consomme en moyenne 450 kilowattheures, de l'ordre de 1 000 euros par an », détaille Benjamin Declas chez EDF.

En réalité, l'ampleur de ces montants est très dépendante de l'ensoleillement mais aussi de la capacité des foyers à changer leurs habitudes, à faire tourner leur machine à laver ou à lancer leur lave-vaisselle la journée et non plus le soir pour profiter de l'abondance du soleil par exemple. Car pour l'instant, très rares sont les installations qui cumulent panneaux solaires et capacités de stockage.

Le défi de la qualité

Ce n'est qu'un début. « La trajectoire des prix de l'électricité nous amène à envisager un nombre accru d'installations avec batteries dans les années à venir », explique le développeur Voltalia. « Le marché est devant nous », confirme Benjamin Declas qui concède que pour le moment la difficulté consiste surtout à gérer la croissance effrénée.

« La filière arrive à répondre à toutes les demandes mais pas toujours dans de bonnes conditions de qualité pour les clients. Tous les marchés dynamiques attirent des gens qui veulent participer mais il faut un minimum de compétence. C'est à la filière de monter son niveau d'exigence. »

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/panneaux-solaires-la-nouvelle-passion-des-francais-2084385

Publié dans Solaire, Energie

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