Nappes d'eau souterraine au 1er mars 2024
La recharge des nappes phréatiques se poursuit mais reste ralentie sur de nombreuses nappes. Avec 46% des niveaux au-dessus des normales, la situation est stable par rapport au mois précédent.
En février 2024, les tendances sur les nappes réactives sont hétérogènes. La recharge reste active sur les nappes inertielles mais ralentit sur plusieurs secteurs.
L’état des nappes est satisfaisant sur une grande partie du territoire, du fait d’un début de période de recharge arrosé. Il est défavorable, avec des niveaux bas à très bas, sur les nappes inertielles du Sundgau et du couloir de la Saône et sur les nappes du Languedoc, du sud du Massif central au littoral, et du Roussillon.
Durant l’hiver et jusqu’à la reprise de la végétation, les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement de la pluviométrie. La recharge excédentaire permet d’espérer des niveaux satisfaisants en sortie d’hiver sur une grande partie du territoire. Cependant, en cas de précipitations insuffisantes en mars et avril, l’état des nappes pourrait se dégrader rapidement sur les nappes réactives et lentement sur les nappes inertielles. La situation devra être particulièrement surveillée sur les nappes du sud-est, fragilisées par un étiage sévère et l’absence d’épisodes notables de recharge.
En 2023, la période de vidange s’est poursuivie tardivement, conséquence de pluies déficitaires et d’une végétation encore active en début d’automne en lien avec des températures élevées. La recharge s’est initiée à partir de fin octobre et est restée très active en novembre et décembre. En janvier, elle s’est ralentie sur une grande partie du territoire. Seules les nappes du pourtour méditerranéen ont observé une faible recharge.
En février 2024, la recharge des nappes se poursuit mais reste ralentie sur de nombreuses nappes. Les niveaux sont en hausse pour 57 % des points d’observation (51 % en janvier).
Les nappes réactives des deux-tiers nord et du sud-ouest présentent des tendances hétérogènes. De l’Alsace aux Alpes du nord et sur le Massif Central, les niveaux se sont stabilisés du fait d’une pluviométrie faible. Mais les niveaux stables ou en baisse ne sont pas toujours corrélés avec une pluviométrie inférieure aux normales. En effet, le mois de janvier ayant été relativement sec, les pluies de février ont probablement eu des difficultés à s’infiltrer en profondeur à travers des sols peu humides.
Concernant les nappes inertielles du Bassin parisien, du Sundgau et du couloir Rhône-Saône, les niveaux sont en hausse. L’inertie de ces nappes implique un temps d’infiltration des pluies à travers la zone non saturée sur plusieurs semaines. Les hausses de niveaux observées en février sont donc la conséquence des pluies efficaces infiltrées durant ces derniers mois. L’intensité de la recharge ralentit cependant sur certains secteurs faiblement arrosés en janvier et en février, notamment sur le couloir Rhône-Saône.
Enfin, sur le sud-sud-est et en Corse, les tendances sont hétérogènes car elles dépendent des cumuls pluviométriques et de l’humidité des sols. Les niveaux sont généralement en faible hausse ou stables. Ils demeurent en baisse sur les nappes de la plaine du Roussillon et du massif des Corbières, les précipitations restant déficitaires.
Les prévisions saisonnières de Météo-France sur les mois de mars, avril et mai 2024 privilégient des températures plus élevées sur l’ensemble du territoire. Aucun scénario ne se dégage concernant les précipitations.
Plusieurs passages dépressionnaires ont été observés ou sont annoncés en mars 2024 sur l’ensemble du territoire. La recharge devrait donc pouvoir se poursuivre. L’état des nappes devrait s’améliorer, rapidement au droit des secteurs bénéficiant d’épisodes de recharge soutenus et abritant des nappes réactives et plus lentement au droit des nappes inertielles ou de secteurs faiblement arrosés. En cas de cumuls pluviométriques importants, de fortes remontées de niveaux pourraient être enregistrées sur les nappes les plus réactives (socle, calcaires karstiques, alluvions). Cependant, en cas de précipitations insuffisantes, la recharge devrait se mettre en pause et les situations pourraient se dégrader plus ou moins rapidement.
A plus long terme, les tendances et donc l’évolution de l’état des nappes jusqu’à la reprise de la végétation dépendront exclusivement des cumuls pluviométriques. Si les pluviométries sont insuffisantes, les pluies infiltrées ne permettront pas de compenser les volumes de sortie (exutoires naturels et prélèvements). Au contraire, une pluviométrie suffisante permettra de maintenir une recharge active et de maintenir voire améliorer les situations des nappes.
Pour les nappes inertielles (Bassin parisien, sud Alsace et couloir Rhône-Saône), les situations devraient continuer d’évoluer lentement. Des pluies normales à excédentaires jusqu’au printemps devraient permettre de retrouver des niveaux proches des normales sur une grande partie des nappes inertielles. Les nappes plioquaternaires du Sundgau et du couloir de la Saône (Dijonnais, Bresse et Dombes) devraient cependant rester sous les normales mensuelles. Il est improbable que les volumes d’eau infiltrés sur la fin de la période de recharge 2023-2024 arrivent à compenser les déficits accumulés ces dernières années. En cas de pluies déficitaires en mars au droit des nappes inertielles, la recharge devrait continuer à ralentir voire se stopper. Si les déficits se poursuivent au début du printemps, la période de vidange pourrait prendre le relai jusqu’à l’automne.
Concernant les nappes réactives des deux-tiers nord et sud-ouest du territoire, les niveaux devraient rester satisfaisants en mars, sauf déficits pluviométriques notables. Les niveaux observés au-dessus des normales au deux-tiers de la période de recharge laissent présager des niveaux satisfaisants en sortie d’hiver. Cependant, la situation peut se dégrader rapidement en cas de pluviométrie insuffisante en fin d’hiver. Enfin, les pluies du début du printemps sont importantes pour maintenir des niveaux hauts et repousser le début de la période de vidange.
Concernant les nappes du Languedoc et du Roussillon, l’impact des précipitations de fin février sera probablement limité. Les pluies survenant après une longue période sèche permettront dans un premier temps d’humidifier les sols avant de réussir à s’infiltrer en profondeur. En cas de cumuls pluviométriques importants et bien répartis en mars, des pluies pourraient s’infiltrer en profondeur et engendrer des recharges sur les nappes. Les pluies devraient arriver à s’infiltrer plus facilement au droit des nappes de la Provence, de la Côte d’Azur et de Corse après les premiers épisodes pluvieux survenus en février. A plus long terme, les nappes du pourtour méditerranéen pourraient atteindre des niveaux satisfaisants en fin d’hiver si les pluies perdurent. Il semble cependant très difficilement envisageable de reconstituer durablement les réserves des nappes du Roussillon et d’observer des niveaux au-dessus des normales d’ici le printemps 2024.
Source : https://www.brgm.fr/fr/actualite/communique-presse/nappes-eau-souterraine-au-1er-mars-2024