Un ou deux mètres ? La bonne distanciation pour se protéger du coronavirus, selon des chercheurs français

Publié le par Le quotidien du médecin via M.E.

Mieux vaut se tenir à plus de 2 mètres de son interlocuteur en cas de conversation de plus de 30 secondes pour réduire les risques de contamination au coronavirus. C’est le conseil prodigué par deux chercheurs français de l’université de Montpellier, Manouk Abkarian et Simon Mendez, et de leurs collègues de Princeton (New Jersey). Il contraste sensiblement avec les recommandations françaises (et celles de l’OMS) selon lesquelles la distanciation minimale est d’un mètre.

Crédit photo : PHANIE

Pour arriver à ces conclusions, les auteurs ont étudié la manière dont l’air exhalé durant une conversation se propage dans l’espace et comment les gouttelettes projetées se forment au cours de la parole. Leurs travaux ont été publiés dans les revues PNAS et « Physical review fluids ».

Les physiciens reconnaissent cependant que des études complémentaires doivent être menées pour comprendre ces mécanismes dans des conditions réelles, en intérieur et en extérieur, les courants d’air et la ventilation pouvant modifier la propagation des exhalations telles qu’ils les ont étudiées grâce à leurs expériences et simulations numériques.

Les consonnes occlusives plus à risque !

En pratique, ils ont observé les écoulements aériens autour de la bouche pendant une conversation et identifié trois phases. La première dans une zone de moins de 50 centimètres de la personne qui s’exprime : les exhalations sont projetées en une fraction de seconde dans un cône de 40 degrés de part et d’autre d’un plan horizontal et principalement en direction frontale.

En moins d’une seconde, ces projections atteignent une zone allant jusqu’à un mètre. Les chercheurs ont remarqué que ce phénomène s'accentue si le discours contient de nombreuses consonnes occlusives (comme dans la phrase « Peter Piper picked a peck » qui contient de nombreux « p »), que l'on prononce en relâchant d'un coup bref l'air de la bouche.

Au-delà et jusqu’à 2 mètres de distance, la vitesse de déplacement diminue (typiquement quelques dixièmes de centimètre par seconde) et, dans cette zone où les bouffées successives s’accumulent, l’influence des courants d’air ambiant devient prépondérante sur le déplacement des produits exhalés.

Le baume à lèvres, moyen de protection ?

Malgré cela, à cette distance, et si l’exposition dure environ 30 secondes, le risque d’inhaler les projections d’une personne qui parle (sans masque) n’est pas négligeable, estiment les chercheurs. Ils recommandent donc d’augmenter la distance de séparation et si possible de s’écarter d’un angle de 40 à 50 degrés de son interlocuteur. Cette distance de 2 mètres ne constitue pas pour autant « un mur » de protection préviennent-ils, mais cela permet de diminuer les risques d’exposition au virus.

Ce n’est pas la seule parade qu’ils ont imaginée. En étudiant la formation des gouttelettes, ils ont remarqué que l’application d’un baume à lèvres permettait de diviser par quatre cette production pour les consonnes occlusives. Attention, prévient avec le sourire Manouk Abkarian, interrogé par France Bleu : cette astuce ne fonctionne pas avec les lettres formées principalement par le mouvement de la langue et non pas des lèvres, comme le « d » et le « t ».

La distance de sécurité est de 2m (6 feet) au Royaume-Uni

 

Publié dans COVID-19, Santé

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