Les plans de relance du monde passés au crible de la transition écologique
Plusieurs études récentes ont comparé les plans de relance post-COVID-19 lancés à travers le monde. Si dans plusieurs pays, des investissements sont bien orientés vers la protection de l’environnement, la majorité des sommes engagées entravent la nécessaire transition écologique. Parmi les gouvernements à tirer leur épingle du jeu, on trouve la France, l’Allemagne ou encore le Royaume-Uni.
Pendant le confinement, les appels à construire un "monde d’après" plus vert ont largement été relayés mais peu suivis d’effets à en croire les différentes études publiées ces dernières semaines. Selon l'indice Greeness of stimulus index (GSI), mis en place par le cabinet de conseil Vivid Economics (1), les mesures de relance annoncées à ce jour auront un impact environnemental négatif net dans seize des économies du G20. "La plupart des gouvernements ont choisi de ne pas recourir aux stimulus économiques pour préserver la nature ou lutter contre le changement climatique", affirme Vivid Economics.
Parmi les pays plus développés, la relance américaine est la plus dommageable pour l’environnement. L'Australie, l'Italie et le Japon font également partie des mauvais élèves. En queue du peloton, on trouve encore la Turquie, l’Arabie saoudite ou encore la Russie dont les investissements compatibles avec l’environnement sont nuls. La Chine, quant à elle, est également dans le bas du classement malgré des investissements notables dans la transition écologique mais qui ne compensent pas les dépenses néfastes.
À l’inverse, les mesures de relance en Europe occidentale, en Corée du Sud et au Canada sont prometteuses, avec une partie des dépenses qui sont respectueuses de la nature, associées à des investissements dans les infrastructures vertes dans l'énergie et les transports. Le paquet pour l’avenir de l’Allemagne a été le premier à inclure des mesures vertes à grande échelle, la Corée du Sud a annoncé un soutien important à son Green New Deal au cours des cinq prochaines années, et la France a promis de consacrer 30 milliards d’euros à la transition écologique.
"Mais soyons clairs : même les pays qui investissent dans une reprise économique verte ont du travail à faire, car leurs interventions positives sont parfois contrebalancées par des investissements polluants", prévient le cabinet de conseil. "L'équilibre général entre dépenses vertes et non-vertes n'est absolument pas encourageant", note également Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE. "Le changement climatique et l’appauvrissement de la biodiversité sont les prochaines crises qui se profilent et le temps qu’il nous reste pour les affronter s’amenuise", a-t-il alerté.
Au sein de l’OCDE, si 30 pays membres ont intégré des mesures vertes dans leurs plans de relance, 24 gouvernements ont pris en parallèle des décisions qui devraient avoir un impact négatif direct ou indirect du point de vue climatique, telles que des assouplissements aux régulations sur l'eau ou la pollution de l'air, des prêts sans contrepartie à des industries très émettrices ou encore des subventions pour des infrastructures très consommatrices d'énergies fossiles.