Incessant bras de fer à Beauvais sur les nuisances sonores
À l'aéroport de Beauvais-Tillé, l'ouverture de nouvelles lignes et le renouvellement de l'exploitant prévu pour début 2024 inquiètent les riverains, qui craignent une dégradation de leur environnement.
En moyenne, 79 avions ont atterri ou décollé de l'aéroport de Beauvais chaque jour en 2022.
L'aéroport de Beauvais a enregistré en 2022 quelque 29 000 « mouvements » (décollages ou atterrissages). Et c'est peu dire que les nuisances sonores de ces 79 atterrissages ou décollages par jour en moyenne irritent les riverains. Cette année, leur colère s'accentue encore avec l'ouverture d'une dizaine de nouvelles lignes : neuf pour Ryanair , une pour WizzAir et deux pour EasyJet, dernière compagnie low cost arrivée en 2022.
Depuis l'adoption du plan d'exposition au bruit en 2012, les vols sont plafonnés à 32 000 mouvements par an à Beauvais. Quant au couvre-feu, il s'étend de minuit à 5 heures du matin. « En réalité, le décollage n'a pas lieu à minuit. À cette heure-là, les derniers avions sortent du parking et décollent vers minuit et demi », pointe Dominique Lazarski, la présidente de l'association de défense de l'environnement des riverains de l'aéroport. Selon elle, depuis 2020 et le renforcement de l'implantation de Ryanair , qui a le droit à 25 dérogations par an, l'aéroport picard générerait plus de bruit après 22 heures. L'association plaide en faveur d'un élargissement du couvre-feu : « De 22 h à 6 h, afin de bénéficier des huit heures de sommeil consécutives préconisées par l'OMS ».
Pour parer les critiques, la SAGEB, l'actuel exploitant de l'aéroport, assure que les 32.000 mouvements déterminés par le plafonnement « n'ont jamais été atteints ». Elle insiste aussi sur l'acquisition d'une nouvelle flotte moins polluante . Les riverains de Beauvais et ses alentours peuvent par ailleurs bénéficier d'aides pour insonoriser leur logement. Les droits à subvention sont évalués par un « plan de gêne sonore », adopté en 2011, qui délimite les zones les plus bruyantes autour de l'aéroport. Les propriétaires concernés bénéficient d'une aide partielle et plafonnée à laquelle contribuent les compagnies aériennes. À chaque décollage, elles payent en moyenne une taxe d'un montant moyen de 20 euros.
En 2013, le propriétaire de l'aéroport, le SMABT (syndicat mixte de l'aéroport Beauvais-Tillé), a également mis en place un « fonds d'aide complémentaire à l'insonorisation ». Pour les riverains les plus exposés au bruit, l'aide peut couvrir jusqu'à 40 % du montant des travaux et aller jusqu'à 7.000 euros par logement.
Les habitants craignent que l'arrivée du nouvel exploitant, prévue pour le 1er janvier 2024, puis la hausse de la fréquentation pendant les Jeux olympiques de Paris ne se soldent par l'extension de l'aéroport. « Il n'y a pas de projet d'extension. Il y a seulement un budget d'environ 200.000 à 300.000 euros pour faire des travaux sur un des deux terminaux », assure Caroline Cayeux, la présidente de l'agglomération du Beauvaisis et du SMABT, éphémère ministre déléguée en charge des Collectivités territoriales en 2022.