Tribune : « Lutte contre le réchauffement climatique : le végétal, une arme efficace ? »
Le réchauffement climatique ne relève pas de scénario hypothétique, et c’est bien dans les villes que les effets de la canicule se sont fait le plus ressentir. « Dans nos villes, qui se transforment chaque été en véritables fours, il est impératif de fournir le maximum d’espaces verts aux habitants », commente Hugo Meunier, fondateur de Merci Raymond.
Alors qu’en 2022 tous les mois de l’année ont été plus chaud que la normale – soit près de +2,3°C – des mesures doivent être prises pour éviter le pire ! Car entre canicule et sécheresse, le réchauffement climatique touche sévèrement la France, il faudra s’adapter à un pays à +4°C et s’attendre à deux mois de canicule par an ainsi qu’à un mois de sécheresse estivale dans les régions les plus au sud.
Le réchauffement climatique ne relève pas de scénario hypothétique, et c’est bien dans nos villes que les effets de la canicule se sont fait le plus ressentir. La température grimpe : +2,5°C en moyenne en ville par rapport aux zones rurales et peut atteindre +10°C de différence lors d’épisodes caniculaires.
Pour anticiper les vagues de chaleurs qui interviendront cet été, le Ministre de la Transition Écologique et de la Cohésion des territoires a dernièrement révélé 15 actions phares pour y faire face et anticiper les risques. Mais alors quelles solutions pour éviter que ces périodes de fortes chaleurs deviennent de plus en plus fréquentes ?
Les îlots de chaleur urbains ont été particulièrement importants depuis 2018 : les nuits sont chaque année presque aussi chaudes que les journées. Ces zones où la température est plus élevée que la moyenne est due à plusieurs facteurs. La forte densité du bâti et les matériaux utilisés dans nos villes sont en grande partie responsables de ce phénomène. Le béton et le goudron sont en effet des matériaux qui absorbent la chaleur la journée et la libèrent plusieurs heures après, pendant la nuit, créant ainsi un sentiment de chaleur constant.
L’utilisation massive de climatiseurs qui rejettent de l’air chaud à l’extérieur, favorise également la création de ces zones très chaudes qui rendent nos villes difficilement vivables en été.
Ces fortes températures peuvent être à l’origine de problèmes de santé publique majeurs. Les trois épisodes caniculaires de l’été 2022 ont causé le décès prématuré de 2 800 personnes[1]. Ces épisodes très chauds peuvent aussi avoir d’importantes conséquences sur notre santé humaine, que ce soit directement, en provoquant des troubles de conscience ou des situations de faiblesse, ou indirectement, en accentuant par exemple des troubles et insuffisances respiratoires.
Nous devons ainsi tous prendre conscience des impacts réels du réchauffement climatique sur la santé d’une part, mais aussi sur l’environnement : les phénomènes météorologiques sont de plus en plus intenses, la consommation énergétique très forte liée à l’usage de climatiseurs, l’air est plus pollué en raison de la hausse de la concentration d’ozone dans l’atmosphère…
Si l’objectif est de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C[2], il faudrait – pour le réaliser – des changements sans précédent. Et ce, à commencer dans nos villes, grandes émettrices de gaz à effet de serre.
Pour tendre vers cet objectif, c’est bien sur l’imperméabilisation et l’artificialisation des sols qu’il faut agir. Une des solutions à préconiser : réintégrer la nature dans nos villes. Les bienfaits des plantes ne sont plus discutables, d’un côté, grâce aux quantités d’eau qu’elles relâchent dans l’atmosphère, les plantes font redescendre une température excessive ; de l’autre, elles fournissent des zones ombragées, comme c’est le cas pour les arbres ou les plantes volumineuses.
Bien que cela soit acquis, il n’est pas toujours évident de créer des îlots de fraîcheur de manière efficace. Il est avant tout recommandé de favoriser la mise en place de différentes strates, c’est-à-dire différents niveaux de végétalisation sur un même espace, en intégrant des arbres, des arbustes et de la végétalisation basse comme par exemple de l’herbe… afin de multiplier les effets. Car il est vrai, selon le type de plantes, l’impact sur la température de l’air ne sera pas le même.
Par exemple, un arbre contribue fortement au rafraîchissement grâce aux zones d’ombre qu’il fournit, ainsi qu’à l’évapotranspiration du sol dans lequel il est planté. Ce phénomène correspond à l’émission de vapeur d’eau par les feuilles des arbres, cette eau est puisée par les racines en profondeur. Par opposition à une grande étendue de gazon qui ne va pas refroidir l’air par les mêmes mécanismes : seule l’évapotranspiration du sol et des brins d’herbe participe au rafraîchissement.
Ainsi, ces techniques diverses fourniront des résultats de températures variables selon le type de végétation. Les zones arborées seront ainsi plus fraîches l’après-midi (lorsque l’ensoleillement est au maximum et que les arbres fournissent des zones d’ombre), tandis que les zones gazonnées seront, elles, plus fraîches la nuit. Et ces différences sont quantifiables : -1,3 à -4°C par rapport à une zone urbaine construite pour une zone arborée, contre -2°C pour une zone gazonnée.
Dans nos villes, qui se transforment chaque été en véritables fours, il apparaît donc impératif de fournir le maximum d’espaces verts aux habitants, et ce pour des raisons de bien-être et d’ordre environnemental. Une partie du réchauffement climatique est due à nos modes de fonctionnement au sein des villes (consommation énergétique, agencement des bâtiments, concentration humaine), il est donc urgent de trouver les armes suffisamment puissantes pour contrer les effets de ces dysfonctionnements, le végétal en est une.
Références :
1 Santé Publique France
2 Objectif réaffirmé lors de la COP27