Au volant, le réveil du chauffard qui sommeille en chacun ... une étude à méditer !

Publié le par Libération via M.E.

Selon le dixième baromètre de la fondation Vinci Autoroutes, un conducteur français sur cinq admet changer de personnalité quand il conduit. Et pas en bien.

Au moins, ils sont lucides sur eux-mêmes : 20% des automobilistes français reconnaissent n’être «plus la même personne» dès lors qu’ils touchent un volant. Ils deviennent «plus nerveux, impulsifs et agressifs». Piètre consolation, cette métamorphose se produit également chez les Européens en général, quoique pour 16% d’entre eux seulement. Ces effarants résultats sont issus du «Baromètre de la conduite responsable» dressé par la fondation Vinci Autoroutes qui a interrogé 12 400 personnes dans onze pays européens (1). Manifestement, pour la «conduite responsable», ce n’est pas gagné.

Les données récoltées confirment ce que l’on constate au quotidien. Questionnés sur leur ressenti quand ils s’installent sur le siège du conducteur, 17% des Français déclarent être «dans leur bulle», score qui atteint un quart de l’effectif chez les moins de 35 ans. Ce délicieux sentiment conforte 12% des Français (et 14% des Européens) dans l’idée que sur la route, «c’est chacun pour soi». Dans cet auto-examen que forment les questions du baromètre, les sondés restituent le paradoxe que l’on entend dans toutes les discussions de bistrot. D’un côté, ils se décrivent en automobilistes vigilants (à 76%), calmes (à 50%) et même courtois (à 29%). D’où vient alors que 70% de ces bons citoyens injurient les autres conducteurs, 56% klaxonnent quand on les énerve, 34% collent exprès la voiture de devant, 27% doublent à droite sur l’autoroute et, top du top, 18% descendent de leur voiture pour s’expliquer avec un autre conducteur ?

Conduire crevé, une pratique encore répandue

L’automobiliste n’est jamais à une contradiction près. La conscience du risque ne le met pas à l’abri du comportement qui cloche. Ainsi de la fatigue. 39% des Français savent que la somnolence peut tuer sur l’autoroute et c’est un bon score car il ne s’élève qu’à 20% sur l’ensemble des Européens. Chez les Français, c’est l’expérience qui parle : 34% reconnaissent avoir déjà eu l’impression de s’assoupir quelques secondes au volant. Ils ne se trompent pas. En 2010, une expérience menée par l’Argus de l’automobile filmant en continu les mouvements de paupières d’un conducteur, avait montré qu’entre Paris et Nice, le cobaye avait dormi un total de 11 minutes ! Eh bien, malgré cela, 28% des Français estiment qu’il est possible de continuer de conduire même crevé et, encore plus fort, 38% déclarent piloter aussi bien voire mieux quand ils piquent du nez. Toutefois, ce chiffre a perdu 5 points en un an, preuve que la stupidité recule. Le travail reste plus lourd en Ile-de-France, où 45% des personnes interrogées persistent à croire qu’elles conduisent mieux quand elles sont au bout du rouleau.

Le départ en vacances cristallise ces incohérences. Côté bonnes résolutions : 82% des Français disent programmer l’heure du départ pour être en forme, 80% assurent la décaler si ce n’est pas le cas et 75% affirment passer le volant pendant le trajet. Sauf que dans les faits, 83% se couchent plus tard ou se lèvent plus tôt que d’habitude avant un long trajet, 68% finissent les bagages en catastrophe la veille au soir et pour couronner le tout, 68% partent de nuit. Même si leur acuité visuelle diminue sérieusement. En outre, de jour comme de nuit, les automobilistes ne respectent toujours pas la petite pause toutes les deux heures rabâchée par la sécurité routière depuis des lustres. Les temps de conduite entre deux arrêts sont en moyenne de 2 h 52 (3 h 05 chez les Franciliens).

Dans les comportements à problèmes, il y a les classiques. Sur la vitesse, 91% des conducteurs admettent qu’ils dépassent de quelques kilomètres par heure la limitation de vitesse, 57% qu’ils oublient le clignotant en changeant de direction et 14% qu’ils prennent le volant en étant au-dessus des limites d’alcoolémie (parce qu’ils ne se sentent pas ronds). Parmi les nouveautés, figurent désormais les effets des nouvelles technologies embarquées dans les véhicules. 48% des Français téléphonent en conduisant, certains que le Bluetooth rend l’opération sans danger alors que l’inattention est la même. 41% paramètrent leur GPS en conduisant, 27% envoient et/ou lisent des textos ou des mails, 24% signalent des événements aux autres conducteurs (encouragés à le faire par des applis dont les algorithmes ont grand besoin de ces informations). Il reste 17% de mal équipés qui téléphonent sans kit mains libres et 5% de dingues qui regardent des vidéos tout en conduisant…

(1) Réalisé par Ipsos du 28 février au 9 mars 2020

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :