Pour un agenda 21 de la transition écologique et solidaire

Publié le par M.C.

L'accord de Paris prévoit bien la mise en œuvre d’une « transition juste pour la population active et […] la création d’emplois décents et de qualité conformément aux priorités de développement définies au niveau national ».

Mais il semble que les politiques climatiques nationales et régionales, toutes occupées transformer notre appareil de production pour l’alimenter avec de l’énergie non fossile, aient délaissé cette question. Or, il est également nécessaire de développer de nouvelles protections pour les vulnérabilités engendrées par un environnement devenu instable et insalubre.

La compréhension par les populations de la situation de chaos financier, climatique, environnemental et sanitaire dans lequel elles se trouvent a toutes les chances de se traduire par une demande de protection accrue : après la tempête de la mondialisation des flux de production industriels, nous aurons à vivre pour une éternité avec la rupture climatique, la pollution des milieux et une planète dévitalisée.

L’absence de réponse appropriée à ce besoin pourrait conduire à une dégradation accrue de la situation pour des raisons politiques cette fois-ci (ressentiment, boucs émissaires, milices, culte du chef, montée aux extrêmes). D’où l’ardente nécessité d’inventer, de toute urgence, une réponse protectrice des populations qui soit consistante, lisible et ambitieuse. Dans une perspective générale de décloisonnement des politiques publiques, nous proposons qu'avec le soutien des Collectifs 2020 formés en France à l’appui du projet de Pacte Finance-Climat se mette en place un Agenda 21 de la transition écologique et solidaire dans toutes les régions volontaires.

Cette programmation passe notamment par l’activation des leviers suivants :

- un levier financier pour l’atténuation du changement climatique et l’adaptation aux nouveaux équilibres de la biosphère ; pour le développement des activités bénéfiques à la biodiversité et à la collectivité dans des parcours professionnels de qualité, durables et non délocalisables ; enfin pour étendre les protections à la hauteur des menaces désormais portées par les dynamiques thermo-industrielles elles-mêmes (montée des précarités liées à la mondialisation de la production, insalubrité de l’environnement, insécurité alimentaire, insécurité physique, protection des migrants),

- un levier habitat et territoires pour la mobilisation des initiatives locales et pour des politiques ambitieuses en matière l’efficacité énergétique, la dépollution, la résilience sociale, la préservation de la mémoire et l’entretien de l’imaginaire collectif, dépassant les dispositifs actuels de la programmation territoriale énergie-climat,

- un levier d’enseignement et de formation à la transition des métiers, pour la « formation des formateurs », la formation initiale et continue, pour l’intervention directe auprès des établissements publics, des administrations et des entreprises,

- un levier de santé climat pour le développement de la prévention et de l’hygiène en santé environnement climat et pour une programmation cohérente de la transition écologique et solidaire autour d’indicateurs de santé et de bien-être de court et moyen terme (tels que ceux du Compte à rebours du Lancet pour la Santé et le Climat – Lancet Countdown on health and climate change),

- un levier diplomatique et démocratique pour l’élaboration et la défense de principes environnementaux universels et pour le contrôle citoyen des effets de l’ensemble des politiques de la transition écologique et solidaire selon des indicateurs partagés nationaux (tels que ceux du suivi de la Stratégie Nationale Bas-Carbone) et internationaux.

Cette programmation est instruite dans la perspective d’une articulation visant à mobiliser les territoires et à renforcer la coordination des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux (institutions, associations, collectifs). Des comités, commissions, centres de référence, agences, infrastructures de recherche et d’autres dispositifs peuvent fournir un appui aux grands leviers de la transition écologique et solidaire par leurs compétences et leurs ressources techniques, afin de faire face simultanément au chaos climatique, à l’intoxication de l’environnement, à la dévitalisation de la planète et aux urgences sanitaires et sociales en tout point du territoire national. Enfin, cette stratégie se développe dans la perspective d’une rapide coordination au-delà du territoire national, en articulation avec les travaux et propositions en cours dans les domaines du climat, de l’environnement, de finance, de la santé et de la protection sociale, et présentement dans le cadre des Consultations citoyennes sur l’Europe.

Proposition de programme pour l’Agenda 21 de la transition écologique et solidaire pour les Hauts-de-France

1. Élaboration sur la base du SRADDET d’une contribution prévue déterminée au niveau régional (CPDR) en appui de la CPDN (contribution prévue déterminée au niveau national), et des engagements du gouvernement français à l’Accord de Paris, intégrant des objectifs du Plan national climat et des objectifs environnementaux, sanitaires et sociaux de court et moyen terme mesurables dans le temps de la planification institutionnelle,

2. Élaboration d’un pacte régional pour l’environnement (PRE), en appui de la proposition du pacte mondial pour l’environnement porté par la diplomatie française à l’ONU, intégrant les principes de l’Agenda 21 suivis sur le territoire régional

3. Adhésion de la Région et des collectivités territoriales à la Charte internationale « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens » et mise en œuvre une stratégie d’hygiène chimique concertée pour l’éviction des produits les plus dangereux via les PCAET et une politique dynamique de contractualisation locale de transition écologique

4. Mise en cohérence de la stratégie régionale de santé, de la programmation régionale santé environnement, des dispositifs territoriaux énergie-climat et de la stratégie régionale pour la troisième révolution industrielle sous la forme d’un Agenda 21 de la transition écologique et solidaire intégrant les questions de climat, d’environnement, de santé et de protection sociale, déclinant la CPDR et le PRE et permettant leur ajustement permanent

5. Élaboration d’un plan de financement territorial de la transition écologique et solidaire et mobilisant les ressources du Pacte finance-climat, la fiscalité territoriale ainsi que des financements innovants

6. Monitorage de la programmation régionale intégrant des indicateurs sanitaires et sociaux, nationaux et internationaux, de court et moyen terme.

7. Organisation du contrôle citoyen de la politique régionale climatique, environnementale, sanitaire et sociale sous la forme d’un comité régional permanent de la transition écologique et solidaire (CRPTES) fusionnant les organes consultatifs attachés aux plans précédents (santé, santé environnement, énergie-climat, rev3).

Michel CUCCHI.

Pour en savoir plus sur le collectif Climat 2020 et l'appel pour un pacte finance-climat

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