Un style de vie sain peut-il compenser une espérance de vie courte ?

Publié le par Science & Avenir via M.E.

Même chez les personnes avec un patrimoine génétique défavorable, adopter des habitudes saines permettrait de réduire le risque de mort prématurée.

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Les bonnes habitudes de vie permettent de baisser le risque de mort prématurée même lorsque le patrimoine génétique est défavorable.

À la naissance, nous héritons tous de nos parents d’un jeu de gènes qui nous est propre. Certains ont moins de chances que d’autres, puisque certaines combinaisons rendent plus vulnérables à la maladie ou à une mort prématurée.

À l’inverse, d’autres gènes (APOE, CHRNA 3/5, LPA par exemple) sont associés à une plus grande longévité. Mais tout n’est pas joué d’avance.

Après le jeu de dés génétique, nous avons la main sur plusieurs facteurs comme la consommation d’alcool, de tabac, la sédentarité ou l’alimentation. Des facteurs associés à une mort prématurée. Mais peut-on vraiment contrecarrer des gènes défavorables en ayant un mode de vie sain ? C'est ce qu'a tenté de savoir une étude publiée dans le British Medical Journal.

À chacun des 353 742 Européens recrutés dans l’étude, un score de risque génétique et un score de style de vie ont été calculés. Tous ont d'abord été classés selon leur espérance de vie : courte (20 %), intermédiaire (60 %) et longue (20 %). En parallèle, la qualité de leur style de vie a aussi été catégorisée : défavorable (21 %), intermédiaire (56 %) et favorable (23 %). Parmi les habitudes de vie retenues, on retrouve la consommation d’alcool, le tabagisme, l’activité physique, le régime alimentaire, la durée de sommeil et le poids. Ils ont, en tout, été suivis sur 13 ans.

Avoir "tout faux" peut coûter cher

Les résultats obtenus montrent que les risques de décès dus à la génétique et ceux imputables aux habitudes de vie sont indépendants. Un risque génétique élevé représente 21 % de chances de décès en plus que lorsque le risque est faible. Et ce, peu importe le style de vie. En parallèle, les individus avec un style de vie défavorable ont 1,8 fois plus de risques de décéder prématurément que ceux avec un style de vie sain.

Et quand les deux facteurs sont croisés, la situation peut soit s’améliorer, soit empirer. Quelqu’un qui part avec des gènes défavorables et qui, en plus, n’adopte pas de bonnes habitudes, a deux fois plus de chances de mourir que les personnes avec de bons gènes et une vie saine. En terme d’espérance de vie, une personne aux mauvais gènes et aux mauvaises habitudes peut espérer vivre 46 ans après 40 ans, quand celle qui a "tout bon" peut en espérer 53.

Des habitudes toujours bénéfiques

Dans tous les cas, les bonnes habitudes semblent bénéfiques. Et les chercheurs indiquent qu’elles pèseraient plus lourd dans la balance que le patrimoine génétique. De mauvais gènes sont associés à 21 % de mortalité en plus mais un mauvais style de vie, lui, entraîne une mortalité accrue de 78 %. Un style de vie optimal pourrait significativement réduire le risque de mortalité des individus avec un patrimoine génétique défavorable, de l’ordre de 62 % selon les chercheurs. Alors, que faire ? La meilleure combinaison d’habitudes consiste à ne pas fumer, faire de l’exercice régulièrement, manger sain et dormir assez. Lorsqu’elles sont toutes suivies, le risque de décès avant 75 ans est alors réduit, écrivent les chercheurs.

Toutefois, on ne peut tirer aucune relation de cause à effet nette d’une étude observationnelle. D’autant que l’étude présente plusieurs limites. Le style de vie a par exemple été défini une fois durant l’étude, sans garantir que le participant ne maintienne les mêmes habitudes au fil du temps.

Source : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/un-style-de-vie-sain-peut-il-compenser-une-esperance-de-vie-courte_178153

 

Publié dans Alimentation

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