Les maladies respiratoires infectieuses sont en progression dans toute la Région européenne de l’OMS
Le froid saisonnier s’est installé dans la Région européenne de l’OMS, entraînant la circulation d’agents pathogènes respiratoires et l’augmentation du nombre de malades. Nombre de ces agents pathogènes affectent les jeunes enfants, en particulier ceux de moins de 5 ans, ainsi que d’autres groupes à risque, tels que les personnes souffrant de comorbidités et les personnes âgées de plus de 65 ans. Toutefois, le maintien de stratégies de prévention efficaces peut limiter la probabilité que les groupes les plus à risque tombent malades cet hiver.
Selon la « synthèse de la surveillance des virus respiratoires en Europe » (European Respiratory Virus Surveillance Summary), les cas de fièvre et de toux sont en hausse dans plus ou moins la moitié des pays de la Région, et certains pays signalent une forte augmentation, y compris chez les jeunes enfants.
Une augmentation similaire des hospitalisations a été observée à la même époque l’année dernière, en raison d’une augmentation saisonnière précoce de la circulation du virus respiratoire syncytial (VRS), qui est l’une des principales causes d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures chez les nourrissons et les jeunes enfants. Le VRS est un virus saisonnier qui réapparaît chaque année en Europe, avec des pics principalement pendant les mois d’automne, d’hiver et de printemps (d’octobre à avril). Les symptômes courants du VRS sont les suivants : écoulement nasal, diminution de l’appétit, toux, éternuements, fièvre et respiration sifflante. Si la plupart des infections par le VRS disparaissent d’elles-mêmes en 1 ou 2 semaines, ce virus peut aussi provoquer des infections plus graves, telles qu’une bronchiolite (inflammation des petites voies respiratoires du poumon) ou une pneumonie (infection des poumons).
L’OMS surveille de près certains virus respiratoires. Une partie de cette recrudescence récente est, une fois encore, due à un pic d’infections par le VRS, dans un contexte d’augmentation des cas de COVID-19 et d’une progression, moindre mais notable, de la grippe saisonnière. En outre, plusieurs pays de la Région notifient une augmentation des infections et des hospitalisations liées à Mycoplasma pneumoniae, une bactérie commune à l’origine de la pneumonie de l’enfant contractée dans la population générale.
L’intensification de l’activité du VRS s’est également traduite par une forte augmentation du nombre d’hospitalisations de jeunes enfants dues à ce virus dans les 5 dernières semaines. Le VRS chez les enfants de moins de 6 mois est responsable de 20 % des épisodes d’infection aiguë des voies respiratoires inférieures et de près de la moitié des décès dus au VRS chez les enfants de moins de 5 ans. Bien que l’infection par le VRS soit presque inévitable pour la plupart des enfants, il importe de consentir des efforts particuliers pour protéger les prématurés et les nourrissons de moins de 6 mois, surtout ceux qui souffrent déjà d’une maladie pulmonaire ou cardiaque. En outre, les enfants commençant à marcher qui n’ont pas été confrontés au VRS pendant la pandémie de COVID-19 sont exposés à un risque accru d’infection.
L’augmentation saisonnière des infections respiratoires est un phénomène connu, et les données recueillies jusqu’à présent ne révèlent rien de particulièrement alarmant ou de différent en ce qui concerne ces agents pathogènes ou la gravité de la maladie qu’ils provoquent chez les enfants. Il est possible que de nombreux jeunes enfants n’aient pas encore été pleinement exposés à certains de ces agents, car leur circulation a été réduite pendant la pandémie. De plus, l’infection par Mycoplasma pneumoniae tend à circuler plus intensément certaines années, tous les 2 à 4 ans. L’apparition et la propagation de ces agents pathogènes peuvent varier d’un pays à l’autre, voire à l’intérieur d’un même pays, et les services de santé nationaux ou locaux sont les mieux placés pour évaluer l’activité dans une région donnée.
La COVID-19 est toujours présente, provoquant des complications et des décès chez les personnes présentant des facteurs de risque, en particulier les personnes âgées de plus de 65 ans. Bien que les taux d’hospitalisation restent faibles par rapport à la même époque de l’année dernière, la moitié des pays de la Région déclarant des données sur les hospitalisations dues à la COVID-19 observent désormais des tendances à la hausse, en particulier la Finlande, l’Italie, la Lettonie, la Slovaquie et la Tchéquie.
« On s’attend dans une large mesure à une augmentation saisonnière des agents pathogènes respiratoires, mais l’augmentation de cette année pourrait également être attribuée à des infections chez des enfants qui ont été protégés pendant la pandémie, et au fait que la circulation de certains de ces agents pathogènes varie chaque hiver », explique le docteur Marc-Alain Widdowson, chef de l’équipe chargée des agents pathogènes à haut risque à l’OMS/Europe.
« Les recommandations relatives aux vaccins contre la COVID-19 et la grippe restent adressées aux mêmes groupes à haut risque : les personnes âgées, les personnes souffrant de maladies chroniques, les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et les professionnels de santé. Là où ces 2 vaccins sont disponibles, il est recommandé de se faire vacciner. »
Quoiqu’il soit important de noter cette augmentation, des mesures simples telles que se laver les mains, rester à la maison en cas de maladie, assurer une meilleure ventilation dans les lieux bondés et se faire vacciner lorsqu’on le propose, sont souvent efficaces pour freiner la propagation de ces virus et protéger les personnes les plus vulnérables.
Pour la COVID-19 et la grippe saisonnière, un vaccin supplémentaire reste le meilleur moyen de protéger les personnes à haut risque contre les complications. Les vaccins contre la grippe sont administrés à des millions de personnes en toute sécurité depuis des dizaines d’années. Si les 2 vaccins sont proposés, il est recommandé de se les faire administrer, en particulier aux personnes présentant un risque plus élevé de complications dues à la COVID-19 et à la grippe. Dans certains pays et régions d’Europe, des vaccins sont disponibles depuis peu pour les très jeunes enfants exposés au risque d’infection à VRS ou pour leur mère.
La saison des maladies respiratoires hivernales est loin d’être terminée et la transmission de la grippe commence seulement à s’intensifier. Comme les différents pathogènes peuvent atteindre leur pic à des moments différents, on ignore à ce stade comment se déroulera le reste de la saison. L’OMS suit de près la situation grâce à la surveillance de plusieurs maladies en parallèle, à laquelle s’ajoutent les rapports d’autorités nationales et d’autres sources.
« Il existe des mesures que nous pouvons prendre pour notre propre protection, ainsi que pour celle de nos proches et des personnes à risque », observe le docteur Widdowson. « Les autorités sanitaires ont également un rôle important à jouer, en veillant à ce que nos systèmes de santé puissent gérer des menaces multiples cet hiver. À cette fin, les États membres doivent maintenir le contact avec les groupes vulnérables pour encourager le recours aux vaccins contre la COVID-19 et la grippe, promouvoir et appliquer des mesures de protection où et quand elles sont nécessaires et réfuter les fausses informations susceptibles de mettre en péril la santé et le bien-être des individus et de la population dans son ensemble ».