La ruée vers le lithium du Portugal freinée par un scandale de corruption impliquant le Premier ministre

Publié le par Novethic via M.E.

L'affaire de corruption qui frappe le Portugal, menant à la démission de son Premier ministre socialiste Antonio Costa, pourrait bien fragiliser plus largement la transition énergétique du continent européen. L'affaire concerne en effet des permis d'exploration de mines de lithium, un minerai indispensable pour la fabrication des batteries de véhicules électriques. Or, c'est le Portugal qui détient les principales réserves en Europe.

Le Portugal détient les principales réserves de lithium en Europe. Reinhard Jahn / Creative Commons

Une quarantaine de mandats de perquisition et de lieux privés et publics fouillés, y compris la résidence principale du Premier ministre, cinq arrestations et plusieurs mises en examen visent notamment le chef de cabinet du Premier ministre et l’un de ses ministres, ainsi que le chef de l’Agence portugaise de protection de l’environnement (APA). Un scandale de grande ampleur touche le Portugal, entraînant la démission de son Premier ministre socialiste Antonio Costa, au pouvoir depuis 2015, et entachant au passage la nécessaire transition énergétique.

L'affaire porte en effet sur des soupçons de "malversation, corruption active et passive de titulaires de fonctions politiques et trafic d'influence" dans le cadre de l'attribution de licences d'exploration de lithium et de production d'hydrogène vert.

Le lithium est un matériau précieux qui rentre notamment dans la composition des batteries de voitures électriques, censées remplacer nos voitures thermiques.

Soupçonné d'être lui-même intervenu "pour débloquer des procédures" dans le cadre de cette affaire et cité à plusieurs reprises par des suspects, Antonio Costa fera "l'objet d'une enquête" autonome, précise le parquet.

Des mines contestées par les ONG écologistes

Cette année, l’APA avait accordé son feu vert à deux projets d'exploitation minière de lithium. Le premier projet mené par une société britannique dans la commune de Boticas, au nord du pays, avait obtenu une autorisation en mai. Ce pourrait être la plus grande mine de lithium d'Europe occidentale. Le second projet concerne une exploitation minière dans la commune voisine de Montalegre, gérée par la société portugaise Lusorecursos. Celle-ci sera en plus dotée de sa propre usine de raffinage. Pour un investissement estimé à 650 millions d’euros, l’entreprise prévoit de produire à partir de 2027 entre 15 et 30 millions de tonnes de lithium.

Mais la construction de ces mines est contestée par les organisations écologistes et les riverains. L’extraction de lithium des roches nécessite en effet l’utilisation de grandes quantités d’eau et de produits chimiques et rend cette opération peu respectueuse de l’environnement.

Cette affaire de corruption vient donc donner du grain à moudre aux opposants.

Elle pourrait plus largement freiner la ruée vers le lithium dont on a tant besoin à l'heure où l’Europe entend gagner en souveraineté et alors que le Portugal détient les premières réserves de lithium en Europe.

Le Vieux Continent vise à réaliser 25 % de la production mondiale de batteries pour véhicules électriques d'ici à 2030, contre 3 % en 2020. Or, pour cela, il va falloir ouvrir des mines... dans le respect des normes environnementales, sociales et de gouvernance. Au risque sinon de rater le virage vert.   

Source : https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/corruption/isr-rse/la-ruee-vers-le-lithium-du-portugal-entachee-par-des-soupcons-de-malversation-corruption-et-trafic-d-influence-151874.html

Publié dans Ressources rares, Energie

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