Capture et stockage de CO2 : promesses et mirages
"La nécessité de capture et stockage du CO2 dans un monde à zéro émission nette de CO2 ne doit pas nous détourner de la trajectoire qui repose avant tout sur la réduction des émissions de CO2", remarquent Céline Guivarch et Christophe Cassou dans leur chronique.
Un détail de l'usine pilote de captage du dioxyde de carbone (CO2) est photographié à l'incinérateur de déchets Amager Bakke à Copenhague le 24 juin 2021. L'objectif affiché est de pouvoir capter 500.000 tonnes de CO2 provenant des émissions d'Amager Bakke d'ici 2025.
Les débats deviennent de plus en plus âpres sur la sortie des énergies fossiles et pour s'y opposer, certains cherchent à faire croire que le développement de technologies de capture et stockage du CO2 (CSC) permettra de l'éviter.
La recherche et le développement de telles technologies peuvent à terme jouer un rôle dans l'obtention de zéro émission nette de CO2, objectif incontournable pour stabiliser le réchauffement global et stopper l'aggravation des impacts associés.
Pour contrebalancer les émissions résiduelles dans les secteurs les plus difficiles à décarboner, des absorptions de CO2 seront en effet nécessaires dans un monde neutre en carbone.
Pour autant, le rôle de ces absorptions reste limité, et elles ne peuvent en aucun cas se substituer à une réduction importante de l'usage des énergies fossiles.
Après l'examen de l'ensemble des trajectoires d'atténuation compatibles avec la limitation du réchauffement global sous 2 °C qui lui ont été soumises, ainsi que de la littérature scientifique disponible, le GIEC a conclu que "si l'on ne parvient pas à réduire la consommation mondiale de combustibles fossiles en dessous des niveaux actuels d'ici à 2030, il sera plus problématique de limiter le réchauffement à moins de 2 °C". La nécessité de capture et stockage du CO2 dans un monde à zéro émission nette de CO2 ne doit pas nous détourner de la trajectoire qui repose avant tout sur la réduction immédiate, rapide et durable des émissions brutes de CO2.
Par Céline Guivarch, directrice de recherche à l'École des ponts, auteure principale du 6e rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), groupe 3. Et Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, auteur principal du 6e rapport du GIEC, groupe 1.