Complément alimentaire : vitamine D, comme doute

Publié le par Sciences & Avenir via M.E.

En prendre ou pas ? La vitamine du Soleil n'a pas révélé tous ses secrets. D'où une confusion sur l'intérêt d'en ingérer sous forme de complément alimentaire.

 

Les compléments alimentaires de vitamine D peuvent être présentés sous forme de capsules molles (photo d'illustration). Pixabay

On lui prête toutes les vertus : renforcement de l'immunité, protection contre le cancer… Elle soignerait même le COVID-19 ! Il est vrai en effet que les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires, de troubles cognitifs, de cancers et de formes graves de COVID-19 ont plus que les autres des taux faibles de vitamine D, la "vitamine du Soleil". Mais attention, "il ne s'agit peut-être que d'un marqueur de bonne santé", remarque Mélanie Deschasaux, épidémiologiste de la nutrition à l'INSERM.

Les spécialistes ne s'avancent pas trop. C'est qu'ils ont dû revoir leur copie ces dernières années. Alors qu'ils pensaient maîtriser ses rôles physiologiques - aider les intestins à absorber le calcium et le phosphore, contribuer à la formation et à l'entretien des os et des articulations, participer à la tonicité musculaire -, voilà que la biologie moléculaire rebat les cartes depuis la fin des années 1990.

"On peut estimer suffisant un taux compris entre 20 et 30 ng/ml"

"La découverte de récepteurs à la vitamine D dans presque toutes les cellules de l'organisme a conduit à penser qu'elle était impliquée dans un grand nombre de mécanismes", explique Mélanie Deschasaux. Les chercheurs ont découvert qu'elle était liée à la régulation cellulaire, au système immunitaire, au développement des neurones, à la sécrétion d'insuline… "Ces implications dans des processus physiologiques sont avérées. Mais nous n'avons pas d'éléments pour suggérer qu'une supplémentation aide à prévenir certaines maladies", poursuit la chercheuse.

Depuis les années 2010, l'Académie américaine de médecine estime que le taux sanguin à cibler est de 20 nanogrammes par millilitre (ng/ml). "Ce qui ne prend en compte que la santé osseuse et musculaire", précise Mélanie Deschasaux. En revanche, l'Endocrine Society, une société savante américaine, préconise au moins 30 ng/ml.

Faut-il alors s'inquiéter ? "On peut estimer suffisant un taux compris entre 20 et 30 ng/ml", évalue la chercheuse. Le taux moyen des Français serait de 24 ng/ml. Pas mal ? "6,5 % des adultes et 4,3 % des enfants sont en dessous de 10 ng/ml, c'est-à-dire carencés. Et si on cible 30 ng/ml comme taux optimal, 73 % de la population est en dessous…", relativise l'épidémiologiste.

Faut-il paniquer ?

Sachant que le rayonnement solaire en France est insuffisant entre octobre et mars pour initier la synthèse de vitamine D dans la peau et que la part apportée par l'alimentation est très faible, faut-il paniquer ? "Les personnes en bonne santé peuvent passer l'hiver sans supplémentation, sous réserve d'une exposition solaire suffisante le reste de l'année, rassure Mélanie Deschasaux. La première recommandation, c'est de marcher un peu au Soleil."

Si l'on a un profil plus vulnérable - personnes âgées, à peau foncée, sédentaires, femmes ménopausées… -, il faut en parler à son médecin. Et gare aux compléments alimentaires hors prescription médicale, prévient Mélanie Deschasaux : "Les personnes qui les consomment sont souvent soucieuses de leur santé et actives. Elles ont très peu de risque de manquer de vitamines. Leur risque, c'est de dépasser les limites de sécurité !" Et de développer des troubles rénaux ou des douleurs osseuses…

Publié dans Santé, COVID-19

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :