Plastique : le recyclage n'est pas synonyme d'économie circulaire, prévient un rapport parlementaire

Publié le par Actu-Environnement via M.E.

Le recyclage des plastiques ne garantit pas nécessairement la mise en place d'une économie circulaire, estime un rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, qui donne la priorité à la réduction.

Le taux de recyclage des déchets plastiques serait de 9 % à l'échelle mondiale. Nordroden

 Le recyclage ne peut pas, à lui seul, garantir la mise en place d'une économie circulaire des plastiques ni permettre à l'industrie plastique d'atteindre la neutralité carbone en 2050 », estime une note scientifique adoptée, jeudi 29 juin, par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Les deux rapporteurs, Angèle Préville, sénatrice PS du Lot, et Philippe Bolo, député Modem du Maine-et-Loire, estime, comme dans leur précédent rapport de décembre 2020 sur le plastique, que la lutte contre la pollution plastique ne pourra pas faire l'économie d'une réduction de la production. En effet, « l'économie du plastique reste (…) très linéaire, contrairement au discours ambiant faisant croire à sa circularité grâce au recyclage », constatent les deux parlementaires.

Le recyclage amortit la production de déchets

Le constat est sans appel. Les chiffres du recyclage des plastiques varient selon les secteurs d'activité, les pays et les méthodologies utilisées, mais ils décrivent tous une même réalité : « les déchets plastiques sont globalement faiblement recyclés ». Leur taux de recyclage serait de 9 % à l'échelle mondiale et de 11,7 % sur le plan français. En outre, le recyclage est souvent réalisé en boucle ouverte. « Même les bouteilles en polytéréphtalate d'éthylène (PET) [considérées comme facilement recyclables en boucle fermée] ne sont recyclées qu'à 17 % (en masse) en de nouvelles bouteilles en Europe, le reste étant recyclé en textiles et barquettes ».

Le recyclage « se heurte, quelle que soit la technologie utilisée, à des limites techniques, sanitaires et structurelles ». Tous les plastiques ne se recyclent pas, les thermoplastiques ne sont pas miscibles et les conditions thermomécaniques du recyclage mécanique accentuent la dégradation des propriétés des polymères. Aujourd'hui, explique Angèle Préville, le recyclage n'est donc qu'un « amortisseur » de la production de déchets en plastique, les résines finissant, tôt ou tard, par être inutilisables.

Le recyclage n'empêche pas la pollution

Bien sûr, des efforts ont été entrepris pour éco-concevoir les produits, collecter et trier les déchets ou encore incorporer des polymères recyclés. Mais « le recyclage progresse moins vite que la production de plastique et ne permet par d'endiguer la production de déchets », constate Philippe Bolo. Concrètement, l'OCDE explique que la production mondiale de déchets plastique va tripler entre 2019 et 2060. Et la progression du recyclage n'empêchera pas un doublement des fuites de déchets plastique dans l'océan et un triplement de leur accumulation dans les milieux aquatiques.

Quant au recyclage chimique (l'Europe compte 44 projets dans 13 pays, dont 13 en France), il n'aura qu'une efficacité « limitée sans une action forte sur les deux autres leviers d'amélioration du taux de recyclage que sont la recyclabilité et le tri des déchets ». D'autant que ces technologies « soulèvent de nombreuses interrogations » en matière d'impact environnemental, d'élimination des substances toxiques ou encore de traçabilité des résines qui en sont issues. Sans compter que son développement pourrait se faire au détriment du recyclage mécanique, explique la note.

Donner la priorité au recyclage mécanique

Bien sûr, il ne s'agit pas pour autant de condamner le recyclage. La note de l'OPECST formule des recommandations pour qu'après avoir mis en œuvre des politiques de réduction de l'usage des plastiques et de réemploi, le recyclage puisse jouer un rôle plus efficace dans la lutte contre la pollution. On trouve d'abord trois propositions fréquemment formulées : il faut améliorer la recyclabilité des plastiques dès leur conception, il faut augmenter les performances de la collecte et il faut étendre les obligations d'incorporation de matières recyclées.

Recommandation moins consensuelle, la note suggère de donner la priorité au recyclage mécanique, par rapport au recyclage chimique, dans les appels d'offres. « En réalité, un tri et une préparation de qualité des matières à recycler permettent très souvent un recyclage mécanique en boucle fermée à des coûts moins élevés et avec un bilan environnemental plus favorable qu'avec le recyclage chimique », estiment les parlementaires.

On peut retenir une dernière recommandation. En matière de recyclage chimique, les deux élus plaident pour une approche « mass balance » stricte. « Le calcul du bilan massique par la méthode des crédits, largement défendue par les industriels, peut entraîner un fort découplage entre la réalité physique du contenu en matière recyclée et la revendication d'un certain taux de matière recyclée », expliquent-ils, jugeant que « cette méthode ne peut donc pas être retenue pour quantifier le contenu recyclé ».

Source : https://www.actu-environnement.com/ae/news/rapport-opecst-recyclage-plastique-42112.php4

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