La guerre contre l’autobésité des SUV est lancée

Publié le par Novethic via M.E.

Dès 2024, à Paris et Lyon, les SUV, ces 4x4 urbains, devraient payer davantage leur stationnement. En cause : ces véhicules lourds sont plus polluants et prennent davantage de place dans l'espace public, au détriment des autres modes de transports comme le vélo. Au niveau national, le malus au poids devrait, lui, être renouvelé avec un seuil moins élevé. La chasse anti-SUV est lancée.

Les propriétaires de SUV pourraient payer plus cher leur stationnement à Paris. Alexandru Acea / Unsplash

Elles sont de plus en plus lourdes et de plus en plus grosses. Nos voitures sont passées de 778 kilogrammes (kg) dans les années 60 à 1 262 kg en moyenne aujourd’hui, selon les chiffres d’Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports. En cause, les SUV, ces 4x4 urbains très populaires dont les ventes explosent ces dernières années. Une étude de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) de 2019 avait montré qu'ils représentaient la deuxième source d’augmentation des émissions de CO2 dans le monde entre 2010 et 2018, devant l’industrie lourde, les poids lourds, l’aviation et même le transport maritime ! 

"Les SUV sont une aberration écologique", alerte David Belliard, adjoint à la mairie de Paris en charge de la transformation de l’espace public et des mobilités, interrogé par Novethic. L’enjeu est si important que le conseil de Paris a émis le vœu d’une "tarification progressive du stationnement en fonction de la durée, de la motorisation, de la taille et du poids des voitures". Comprendre : les propriétaires de SUV paieront plus cher en fonction du principe du "pollueur-payeur". "Utiliser en plein cœur de Paris des voitures qui sont conçues pour des routes de montagnes et de campagnes est absurde. C’est en inadéquation complète avec l’urgence climatique", juge David Belliard. Or, selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, la part des SUV dans le parc automobile est passée de 2 à 18% en 10 ans.

Une tarification "écologique et solidaire"

Difficile pour l’instant de connaître dans le détail les modalités de cette nouvelle tarification à Paris. Les services concernés doivent en effet faire des propositions concrètes pour la mise en application mais déjà, des grandes tendances se dégagent. "Il pourrait y avoir un tarif solidaire pour les familles nombreuses et à faibles revenus", avance l’adjoint à la mairie qui évoque également une exception pour les SUV électriques. "Ils sont beaucoup moins émetteurs et bruyants que les moteurs thermiques. Par contre, raconter l’histoire qu’on va pouvoir s’en sortir en remplaçant les voitures thermiques par des électriques sans réduire le nombre de voitures, ça ne marche pas".

Et Paris n’est pas la seule ville à partir en croisade contre les SUV. Le 17 mai, Lyon a annoncé une tarification "écologique et solidaire". Quand les véhicules électriques bénéficieront d’un tarif réduit de 15 euros par mois pour stationner (auquel les familles nombreuses et à faible revenu sont également éligibles), les véhicules les plus encombrants s’acquitteront d’un tarif majoré de 45 euros par mois. Pour justifier son choix, la ville cite le rapport de la Convention citoyenne pour le climat listant les impacts négatifs des véhicules plus lourds : consommation accrue de carburant, demande forte de matériaux pour la construction, accidents de la route plus grave (en particulier pour les SUV dont les pare-chocs sont à hauteur des organes vitaux des piétons), freinage émettant davantage de particules fines et forte occupation de l’espace public au détriment des autres modes de transport.

Un malus au poids plus sévère 

Au niveau national, la lutte contre l'autobésité est aussi dans le viseur des autorités. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a annoncé la possible prolongation du malus sur le poids des véhicules. Jusqu’ici une taxe était appliquée sur les véhicules dont le poids dépassait 1 800 kg avec conducteur, ou 1 725 kg à vide. Un seuil jugé trop élevé pour beaucoup d’écologistes. Des statistiques de la société C-Ways, citées dans le journal Les Échos, révèlent que seulement 27 945 voitures excédant ce poids ont été immatriculées en 2022, soit seulement 1,68% des immatriculations de l’année. Certains constructeurs seraient par contre plus impactés que d’autres comme BMW, Mercedes ou encore Audi. 

Reste que le gouvernement pourrait serrer la vis. En commission au Sénat, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a évoqué la possibilité d’abaisser le seuil à 1 700 kg ou 1 600 kg. Rappelons par ailleurs que l’association British Parking Association (BPA) a révélé en mars dernier que les SUV et véhicules électriques représentaient un danger pour la solidité des parkings à étages au Royaume-Uni en raison de leur poids.

Quant à l’exception pour les véhicules électriques, le ministre des Transports reconnait qu’il faudrait "être cohérent" et prendre également en compte le critère du poids mais il explique : "On est dans une phase de transition, et il faut que l’on développe les véhicules électriques en France comme en Europe. Plutôt des petits ou moyens, pas trop chers, pour des raisons sociales". 

Source : https://www.novethic.fr/actualite/energie/mobilite-durable/isr-rse/la-guerre-contre-l-autobesite-des-suv-est-lancee-151605.html

 

 

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