a déshérence des jeunes NEET (ni en emploi, ni en formation, ni en études) crée des risques sociaux majeurs que cristallisent les émeutes

Publié le par Novethic via M.E.

Si l’explosion de la violence contre des bâtiments publics qu’a déclenchée la mort de Nahel, 17 ans, dans un contrôle routier mardi 27 juin à Nanterre est largement médiatisée, ce n’est pas le cas de la situation de plus d’1,4 million de jeunes de 15 à 29 ans qui en France ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études. Classés sous l’acronyme NEET (neither in employment nor in education or training), ils représentent plus de 12 % de la jeunesse sans perspective d’avenir. Ce qui constitue un risque social majeur.

Source : La Voix du Nord

Tôt ce vendredi matin 30 juin, vers 5 heures, les sapeurs-pompiers sont intervenus à l’école élémentaire Augustin-Thierry François-Launay, Boulevard de Belfort à Lille, pour un incendie sur la façade de l’établissement (Source VdN, 30-06-2023).

Plus d’1,4 million de jeunes de 15 à 29 ans sont hors cadre social, "ni en formation, ni en études, ni en emploi". Une grande partie d’entre eux habitent dans des quartiers sensibles qui sont aussi des ilots de chaleur invivables en période de canicule. Ces deux phénomènes conjugués expliquent en grande partie les explosions de violence déclenchées par la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre le 27 juin lors d’un contrôle routier. Ces émeutes ont ciblé des bâtiments publics - mairies, écoles, équipements - symboles de l’abandon que ressentent ces populations invisibles dans le débat public.

Elles représentent pourtant 12,8 % des jeunes. Ces NEET (neither in employment nor in education or training) sont comptabilisés hors Mayotte par l’Insee. Dans ce territoire mis en lumière par l’opération Wambushu, ils représentent 36 % des jeunes de 15 à 29 ans. La fondation Abbé Pierre a alerté il y a quelques jours sur la précarité énergétique d’été des populations mal-logées. Elle vient de publier un rapport pour pousser à prendre en compte cette nouvelle approche du mal-logement. 

"On vit un confinement bis"

Dans ces logements, les canicules amènent des températures constantes de plus de 30°C en période de grandes chaleurs. Une habitante d’Aubervilliers citée dans le rapport, résume ainsi la situation : "À chaque canicule, on vit un confinement bis. On est comme pris au piège, coincés dans nos logements totalement inadaptés à la chaleur." Les quartiers sensibles constituent des poudrières qui cumulent risques sociaux et environnementaux. Rares sont ceux qui tentent d’alerter sur la nécessité de ne pas laisser pour compte ces populations porteuses d’avenir.

Jacques Attali s’en était ému fin 2022 dans un éditorial sur son site Internet. Il lui semble indispensable de se donner les moyens de les former pour occuper des fonctions frappées par la limite d’âge qui vont rapidement manquer de bras et de cerveaux. Pour lui, "si on ne met pas les nouvelles générations en situation de découvrir leurs talents, de les faire s’épanouir, on n’aura pas, dans vingt ou trente ans, les ingénieurs, les savants, les chercheurs, les entrepreneurs, les innovateurs, les paysans, les médecins, les journalistes, les avocats, sans lesquels même les générations actuellement au pouvoir, ne pourront pas vivre une retraite décente, ni financièrement, ni socialement, ni écologiquement, ni démocratiquement."

23% de NEET en Italie

En France c’est la mort de Nahel qui a mis le feu aux poudres mais d’autres pays européens sont tout aussi exposés à ce type de risques sociaux avec de très fortes disparités. En Italie le taux de NEET dépasse les 23 %, en Grèce ils sont plus de 17 % alors qu’en Suède ils ne dépassent pas les 6 % et aux Pays-Bas les 5,5 %. Paradoxalement ce sont les deux pays d’Europe du Sud qui ont un très faible taux de natalité qui ont les taux les plus élevés, signal fort de la nécessité impérative de réintroduire des politiques globales de long terme qui abordent en même temps les enjeux démographiques, environnementaux et sociaux et mettent en regard le pourcentage de NEET avec ceux des catégories de professionnels qui prennent leurs retraites sans relève. 

En France, les habitants des quartiers visés par les émeutes interrogés par les journalistes déploraient que les médias ne parlent d’eux qu’en cas d’émeutes et de violences. Ils les condamnent en majorité d’autant plus qu’ils vont en payer les conséquences mais soulignent, en même temps, leur absence d’intégration dans le récit national comme dans l’économie.  

Source : https://www.novethic.fr/actualite/politique/isr-rse/la-desherence-des-jeunes-neet-ni-en-emploi-ni-en-formation-ni-en-etudes-cree-des-risques-sociaux-majeurs-que-cristallisent-les-emeutes-151608.html

Publié dans Société

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