Santé et prévention : se donner enfin les moyens d’agir

Publié le par La Grande Conversation via M.E.

La prévention, parent pauvre de la culture de santé publique française, a enfin intégré avec le deuxième mandat d’Emmanuel Macron l’intitulé du ministère de la santé : un ministère « de la santé et de la prévention ». Pour autant est-elle réellement devenue une priorité ? Rappelons que depuis trente ans quasiment tous les gouvernements l’ont érigée en priorité sans agir de manière structurelle. C’est pourtant un enjeu clé de la lutte contre les inégalités sociales de santé. Le CPPRS propose ici de créer un fonds spécifique dédié à la prévention, abondé d’une part par la taxation des produits considérés comme nocifs pour la santé et d’autre part par la publicité pour ces produits.

La prévention et la promotion de la santé sont des composantes majeures du système de santé. Elles permettent d’agir sur les déterminants de santé et de réduire les inégalités sociales de santé liées au niveau éducatif et de revenus, aux conditions de logement, de travail, à la sédentarité, à l’alimentation, aux comportements à risque, à l’environnement etc.

Prévention et promotion de la santé sont deux concepts liés entre eux mais différents, le second englobant le premier.

La prévention repose sur la notion de risque, de maladie, de préservation de la santé et donc d’anticipation. Elle a, dans notre pays, une forte connotation médicale et mobilise souvent la responsabilité individuelle comme principal levier d’action, en minimisant le rôle des facteurs structurels – alors que dans d’autres pays, sa dimension collective est plus importante.

La promotion de la santé, quant à elle, met l’accent sur les déterminants sociaux et environnementaux de la santé et sur l’approche communautaire. Il s’agit en effet de construire avec les personnes et les groupes concernés les moyens d’agir sur leur santé dans toutes les dimensions de leurs vies, qu’il s’agisse d’amélioration de leurs conditions de vie mais aussi de leur environnement social, économique, politique et écologique. La mise en place de politiques publiques favorables à la santé est alors nécessaire dans tous les domaines.

La dernière grande loi de prévention en France, la loi Evin sur le tabac et l’alcool, date de 1991. Toutefois, ces dernières années, la prévention et la promotion de la santé ont été considérées comme des priorités. Ainsi, en 2013, la stratégie nationale de santé dans son axe 1 priorisait la prévention et l’action sur les déterminants de santé.

Quelques années plus tard, en 2018, Édouard Philippe, premier ministre, présentait un plan « Priorité prévention » en annonçant : « La prévention doit devenir centrale dans toutes les actions qui visent à améliorer la santé de tous nos concitoyens ». Enfin, le ministère de la santé, depuis l’été 2022, s’intitule, de manière inédite, « Ministère de la Santé et de la Prévention » afin de mieux marquer le souhait de prendre enfin réellement le virage de la prévention. Car en dépit de la priorité affichée depuis dix ans, il ne semble pas en effet que les gouvernements successifs aient adopté de réelles mesures structurelles et budgétaires marquant une rupture dans les grandes orientations des politiques publiques de santé.

C’est pourquoi le CPPRS propose quelques recommandations susceptibles d’une part d’ancrer la prévention et la promotion de la santé durablement dans nos politiques publiques, et d’autre part de réduire les inégalités sociales de santé (ISS). Loin d’être exhaustives, ces recommandations nous paraissent prioritaires.

Les auteurs : Le Collectif de professionnels et de patients pour la refondation de la santé (CPPRS) – liste complète des signataires ici : http://www.cpprs.fr

Télécharger la contribution ici : https://www.lagrandeconversation.com/app/uploads/2023/05/sante-et-prevention-se-donner-enfin-les-moyens-dagir-la-grande-conversation.pdf

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Publié dans Santé, Gouvernance

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