Haut la Consigne se dote d'une usine de lavage de bouteilles
La jeune entreprise du Nord, qui milite pour le réemploi, a levé des fonds pour industrialiser le lavage. Cette usine, opérationnelle au printemps, sera la plus grande en France.
Une bouteille réemployée permet d'économiser, selon l'ADEME, 51 % d'eau, 76 % de CO2 et 79 % d'énergie. Elle est lavée à 80 degrés alors que la fondre pour la recycler se fait à 1 500 degrés. A l'heure de l'envolée du coût de l'énergie et de la pénurie de bouteilles en verre en Europe, Haut la Consigne, créée à Roubaix (Nord) en 2020, passe à la phase industrielle, en construisant une usine de lavage pour multicontenants.
Elle va y consacrer au moins deux millions des 2,5 millions d'euros qu'elle vient de lever (une partie en capital auprès de Business Angels et de France Active, complétée par des subventions auprès de collectivités, de l' ADEME et de France Relance). Opérationnelle en mai prochain et déployée sur 1 300 m2 à Neuville-en-Ferrain, au nord de Lille, elle aura une capacité de 30 millions de contenants lavés par an, avec deux lignes. C'est le deuxième site de lavage de ce type à émerger en France et le plus grand.
La première ligne, consacrée aux bouteilles (de 33 cl à un litre) « sera unique en France, car dotée d'une inspectrice optique pour vérifier qu'il n'y a pas de microfissures sur la bouteille et qu'elle est parfaitement intègre pour être réemployée », souligne Florence Duriez, cofondatrice de Haut la consigne avec Catherine Thiebert. La deuxième ligne lavera d'autres contenants : plats, bocaux (filière en création), gobelets, bacs casiers.
Cette société de l' économie circulaire , qui a démarré avec les bouteilles de bière (50 % de ses bouteilles aujourd'hui), les lavait jusque-là chez un brasseur partenaire et sous-traitait pour le reste (jus de fruits, soupes et vin). Elle a collecté 300.000 bouteilles en 2022, vise le million cette année, trois millions l'an prochain et quinze millions en 2025, date à laquelle le site de lavage emploiera une vingtaine de salariés. Haut la Consigne, qui emploie huit personnes, cible les deux millions de chiffre d'affaires à cette échéance.
La société commence à avoir des demandes du Grand Est, de la part de producteurs, de brasseurs, mais aussi de livreurs de boissons à domicile comme Le Fourgon , avec qui elle travaille déjà dans le Nord. Elle envisage déjà l'implantation d'une seconde unité de lavage dans cette région, « une fois les volumes de collecte atteints ».
Pour développer le réemploi et harmoniser les pratiques, Haut la Consigne et neuf opérateurs de ce type viennent de se regrouper au sein de l'association France Consigne. Y figurent ainsi Oc'Consigne près de Montpellier, Rebooteille à Lyon ou Ma Bouteille s'appelle Revient dans la Drôme. C'est cette dernière qui a, la première, créé un site de lavage industriel. Trois autres verront le jour d'ici à la fin de l'année dans l'Hexagone.