«Le canal Seine-Nord mettra Lille à mi-chemin de Rotterdam et Paris»

Nouveau directeur de Ports de Lille depuis le 1er janvier, Ferenc Szilagyi imagine les perspectives de développement de l’activité portuaire que permettra l’ouverture de la future voie d’eau à grand gabarit, qui reliera la Seine à l’Escaut. Rencontre avec un patron européen et heureux.

Ferenc Szilagyi, 48 ans, a succédé à Alain Lefebvre, qui était à la tête de Ports de Lille depuis 2013. « Je me sens bien ici », avoue d’emblée le nouvel arrivant, qui a un rapport à l’eau un peu particulier.

Bien que d’origine hongroise, c’est à Rotterdam, dans la ville qui abrite l’un des plus grands ports du monde, qu’il a vu le jour. Comme on n’échappe pas à son destin, l’eau a ainsi été et demeure sa voie. Expert en logistique multimodale et portuaire, il a piloté plusieurs projets de transports dans les bassins hydrauliques du Benelux et de France avant d’être – entre autres postes de direction – patron du port de Bruxelles. « J’ai souvent, à ce titre, été en relation avec Ports de Lille. J’y ai créé le service fluvial entre Dunkerque et Lille. »

Marié à une Lilloise, il boucle ainsi (presque) la boucle en prenant la direction du troisième port fluvial de l’Hexagone, après Paris et Strasbourg. Avec une croissance de plus de 35 % durant ces cinq dernières années, Ports de Lille a le vent en poupe et son nouveau directeur entend bien maintenir le cap. Notamment en poursuivant le développement de la mobilité durable par la voie d’eau et le chemin de fer.

Un atout capital que renforce le futur canal Seine-Nord, qui doit entrer en service à l’horizon 2030. « C’est déjà demain, apprécie Ferenc Szilagyi. Ce canal, c’est le maillon central de la liaison fluviale Seine-Escaut. Il traversera les Hauts-de-France et permettra aux péniches à grand gabarit de circuler efficacement entre la France, la Belgique et les Pays-Bas. Demain, Lille sera à mi-chemin entre Rotterdam et Paris. C’est toute la logistique qui va changer de visage. Avec la CCI Hauts-de-France, notre actionnaire, nous y sommes très attentifs. »

Une perspective qui permet d’imaginer de nouvelles pistes de développement, notamment en matière de transition écologique. « Pourquoi ne pas imaginer, demain, des bateaux électriques ? La France est en avance en matière de production d’électricité décarbonée, note le néo-Lillois. On pourrait, pourquoi pas, alimenter nos amis belges et hollandais. Nous serions ainsi la dernière station avant la frontière ! »

En attendant, Ferenc Szilagyi rappelle que Ports de Lille est aussi, avant tout, un outil de croissance économique pour la métropole. « Plus de 80 % des marchandises qui transitent ici sont destinées ou proviennent de l’arrondissement de Lille. Je veillerai à ce que nous soyons toujours bien desservis, et non pas seulement traversés. C’est important, d’autant qu’ici, j’ai un personnel motivé comme jamais. Et c’est un bonheur. »