Episode de pollution de l'air ambiant touchant la région et les pays voisins (réactualisé au 17 décembre 2022)
Depuis le 11 décembre 2022, se produit une dégradation de la qualité de l'air. La zone de concentration très élevées en particules fines PM2,5 s'étend d'une partie de la région Centre en passant par la Picardie, le département du Nord et se poursuivant très loin au sein des pays européens voisins : Belgique, Pays-Bas, Nord et Est de l'Allemagne, Pologne, etc.
Comme on le visualiser sur ce relevé d'ATMO station de Roubaix-Serres, la concentration en particules grossières PM10 a atteint le 15 décembre, à 19 h 00, un maximum de 135 microgrammes/m3 ce qui représente 9 fois le maximum des recommandations de l'OMS de 2021. Puis cette concentration a chuté de 21 h jusqu'au vendredi 16 décembre à 5 h 00. Puis à nouveau un pic à quasi 150 microgrammes/m3 ce 17 décembre matin et à nouveau une chute de la concentration à un niveau plus haut de 40 microgrammes/m3.
On devrait assister à une amélioration progressive demain vendredi et les jours suivants.
Le site Info-Climat (https://www.infoclimat.fr/) indique qu'il y a eu, suite aux évolutions météorologiques, un affaiblissement progressif de la vitesse moyenne du vent. depuis le 11 décembre avec simultanément un changement d'orientation de celui-ci. La vitesse moyenne est passée de 14 à 15 km/h à 3 à 7 km/h. La provenance du vent a changé, évoluant de plein Sud à Nord-Nord Ouest, Nord-Nord Est.
On sait expérimentalement que nous avons besoin d'au moins 15 km/h de vitesse moyenne du vent pour disperser les particules fines et les autres polluants de l'air ambiant (NOx, HAP, SO2, suies, etc.). Or toutes les conditions sont réunies pour des émissions polluantes maximales pendant ces jours récents de décembre 2022.
Malgré la hausse des prix de carburant, le trafic routier n'a pas diminué et même s'accroît pour cause d'achats en prévision de Noël et de la fin d'année. En outre, les températures basses actuelles provoquent une augmentation des émissions polluantes dues au chauffage : particules fines, SO2, HAP, NOx, suies, etc.
Récemment, le gouvernement et d'autres organismes publiques ont incité les Français à se chauffer avec du bois (granulés par exemple). Or les émissions polluantes de la combustion du bois sont souvent comparables à celles de la combustion du charbon. Voir les données fournis par le CITEPA ci-après :
Rappelons aussi que la production de polluants provient de l'intérieur de la métropole et aussi de flux de polluants venant de l'extérieur de celle-ci. La métropole réciproquement exporte aussi ses polluants à l'extérieur de son périmètre.
Ceux-ci vont des bronchiolites, en passant par les maladies pulmonaires et cardio-vasculaires, les AVC, le diabète et jusqu'aux troubles autistiques et aux maladies neuro-dégénératives. Les polluants de l'air ont été identifiés, en outre, comme perturbateurs endocriniens.
Rien que pour la métropole lilloise, les morts prématurées sont estimées à 2 300 chaque année.
Comme d'habitude hélas, nos élus métropolitains et communaux sont muets et le préfet ne prend aucune mesure de limitation des émissions (transport, industrie, etc.). Voir à ce sujet https://www.nord.gouv.fr/
Plus grave encore, le silence de nos élus face à la progressive disparition des stations de mesure de la qualité de l'air sur la métropole lilloise. En 2000, on trouvait 14 stations, En 2018, il y avait encore 7 stations et certes celles-ci étaient spécialisées dans quelques polluants. Aujourd'hui fin 2022, 2 stations semblent rester opérationnelles : Lille-Leeds et Roubaix-Serres ! Et Roubaix-Serres n'indique plus la concentration en PM2,5 alors que ces particules fines sont les plus dangereuses pour notre santé comme d'ailleurs les PM1,0 et PM0,1 jamais mesurés, encore plus dangereuses car plus pénétrantes dans tous les organes du corps humains.
Aujourd'hui, il devient quasiment impossible au citoyen d'accéder aux mesures de qualité de l'air : particules PM10 et particules fines PM2,5, oxydes d'azote (NOx), HAP, ozone (O3), etc. Pire encore, ATMO Hauts-de-France fait semblant d'ignorer l'existence des particules fines PM2,5 dont elle mesurait la concentration dans différentes stations autrefois.
ATMO Hauts-de-France est un organisme géré de manière quadripartite :
Est-ce que cet organisme fait sciemment, sous la pression des élus et/ou de l'Etat ou d'autres, disparaître le "thermomètre" afin que les citoyens ne sachent plus que leur air ambiant est "malade" ?
En tout cas il serait temps que ceci cesse et que la qualité de l'air fasse l'objet d'une information régulière via différents canaux : bulletins météo, affichage numérique à différents endroits des villes., application pour téléphonie mobile, etc.
Enfin, je suis consterné de constater qu'aucune zone de faible émission (ZFE ou Low Emission Zone (LEZ)) n'est encore prévue pour la métropole lilloise.
Trop peu de transparence pour masquer l'inaction patente depuis des dizaines d'années.
M.E.
Références bibliographiques :
- Vlaamse Milieumaatschappij vraagt om geen hout te stoken door slechte luchtkwaliteit, De Standaard, 15 december 2022.
- Houtkachels stoten veel meer uit dan officiële test aangeeft, De Standaard, 28 november 2022.
- Brûler des granulés de bois n'a rien d'écologique, Slate.fr, 10 février 2022.
- Where there's fire, there's smoke Emissions from domestic heating with wood, European Environmental Bureau, 21 September 2021.
- 11 zones à faibles émissions en 2021 pour lutter contre la pollution de l'air, https://www.ecologie.gouv.fr/11-zones-faibles-emissions-en-2021-lutter-contre-pollution-lair, 2 aout 2021.
- Particules fines : Le chauffage au bois pire que le Diesel, Lyon Capitale, 5 avril 2013.