Un fonds de 2 milliards d'euros pour faire décoller l'hydrogène vert 

Publié le par Les Echos via M.E.

Hy24 a réuni les fleurons de l'industrie (Air Liquide, TotalEnergies, Airbus, Vinci…) et de la finance (Caisse des Dépôts, Société Générale, Crédit Agricole) et dépassé ses objectifs de financement. Situé en France, ce fonds financera entre 15 et 30 projets industriels.

Jean Claude Moschetti/Réa

L'entreprise nantaise, Lhyfe, produit de l'hydrogène vert à partir d'eau de mer hydrolysée, grâce à l'électricité d'éoliennes.

La filière de l'hydrogène vert (produit sans énergie fossile) est enfin prête à décoller. Dernier signe en date : le "closing" annoncé ce lundi d'un fonds d'investissement doté de 2 milliards d'euros, bien au-delà de ses objectifs. Hy24, une coentreprise entre le fonds Ardian et FiveT Hydrogen, une plateforme d'investissement dans l'hydrogène décarboné, affirme déjà être le plus gros fonds dédié au sujet au niveau mondial. Et il sera situé en France (avec également des bureaux à Zurich, Singapour et New York).

Il a séduit les plus gros industriels français, de TotalEnergies à Air Liquide en passant par Aéroports de Paris, Airbus, CMA-CGM, EDF, GRTgaz et Vinci, mais aussi une belle brochette de financiers, comme la Caisse des Dépôts, le Crédit Agricole ou Société Générale. Des acteurs internationaux sont aussi présents, comme les américains Baker Hughes, Chart Industries et Plug Power, la banque japonaise Norinchukin ou l'allemand Schaeffler.

« Nous avons un équilibre unique, avec 50 % d'industriels qui vont nous apporter leur expérience et leur niveau d'exigence, et des financiers qui vont permettre des effets de levier », explique son cofondateur et directeur général, Pierre-Etienne Franc .

Déjà trois projets financés

Le fonds a en effet vocation à investir dans 15 à 30 projets industriels en tant que minoritaire, dont la moitié en Europe, et espère susciter des investissements de 20 milliards d'euros au total au cours des six prochaines années. Les tickets mis par les grands groupes dans le fonds vont de 10 à 100 millions d'euros. Les Vinci, TotalEnergies, Air Liquide ou AXA, par exemple, n'ont pas hésité à mettre 100 millions. Hy24, de son côté, investira entre 15 et 150 millions d'euros par projet.

Le fonds a déjà bouclé trois investissements. Il a participé au tour de table de 110 millions d'euros de H2 Mobility Deutschland, l'opérateur allemand du plus gros réseau de stations de ravitaillement en hydrogène en Europe. Il a aussi pris une participation de 30 % dans Enagás Renovable, filiale de l'opérateur espagnol du réseau de transport de gaz qui développe des projets d'hydrogène renouvelable. Et une autre dans Hy2gen AG, une entreprise allemande qui produit de l'hydrogène décarboné et ses dérivés et qui prend part notamment à la reconversion de la centrale thermique de Provence, à Gardanne.

Pierre-Etienne Franc, cofondateur et directeur général Hy24.DR

Avec la crise énergétique et les objectifs de réduction d'émission des gaz à effet de serre, l'hydrogène suscite un regain d'intérêt.

La France a promis de mobiliser près de 9 milliards d'euros d'ici à 2030 et dix usines sont prêtes à sortir de terre , cofinancées par l'Etat. La Commission européenne pousse aussi, avec 41 projets déjà sélectionnés dans le cadre d'un PIIEC (projet important d'intérêt européen commun).

« La course est lancée »  affirme Pierre-Etienne Franc.« Les grands schémas de soutien public sont là. La présence à nos côtés d'industriels va apporter de la visibilité aux projets. La seule question désormais, c'est la vitesse de déploiement et de savoir quels seront les segments qui basculeront les premiers. »

La clé des renouvelables

Selon lui, naturellement, les secteurs les plus à même de se convertir à l'hydrogène vert sont ceux qui utilisent déjà beaucoup d'hydrogène « gris », produit à partir de combustibles fossiles, comme les raffineries ou les producteurs d'ammoniac, puis des industries qui peuvent se décarboner grâce à l'hydrogène, comme la métallurgie.

Les transports, enfin, constituent un pari « plus risqué » mais seront incontournables à terme, l'électrique ne pouvant répondre à toutes les demandes, notamment pour les camions ou les transports publics.

Le développement de l'hydrogène vert dépendra toutefois de la mobilisation des renouvelables. « On ne pourra pas tout faire en France, même si l'offshore représente une vraie opportunité. Il ne faut pas avoir peur de s'ouvrir sur l'éolien, le solaire là où il y en a en abondance : au Moyen-Orient, en Amérique du Sud…, affirme Pierre-Etienne Franc. Ce n'est pas une question de perte de souveraineté. Au contraire, car nous serons capables de diversifier ainsi nos sources d'approvisionnement. »

Un vétéran de l'hydrogène

Pierre-Etienne Franc a passé 25 ans dans le groupe Air Liquide, où il a dirigé les activités hydrogène. Il en est parti pour fonder FiveT Hydrogen puis Hy24, convaincu qu'il fallait une coopération d'envergure pour faire décoller le secteur. « C'est une sorte d'aboutissement de ma démarche », confie-t-il. Il a aussi présidé la plateforme technologique copilotée par la Commission européenne pour un hydrogène propre, et fondé le Conseil mondial de l'hydrogène, qui fédère aujourd'hui 130 entreprises.

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/un-fonds-de-2-milliards-deuros-pour-faire-decoller-lhydrogene-vert-1867508

Publié dans Energie, Economie

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