Trottinettes sur les trottoirs : comment la Sécurité routière veut les bannir
La volonté de « définir légalement le trottoir » comme un espace exclusivement dédié aux piétons sera présentée lundi au gouvernement.
Rouler en trottinette électrique sur les trottoirs de France est passible d’une amende de 135 euros, à moins que la note se corse en cas de nouvelle législation sur les trottoirs.
TRANSPORTS - Retrouver de la sécurité sur les trottoirs de l’Hexagone. C’est l’ambition affichée par le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) qui doit rencontrer lundi 28 novembre le gouvernement pour échanger sur l’épineuse question de la circulation des trottinettes dans l’espace public.
Comme l’annonce ce dimanche 27 novembre Le Parisien, la discussion sur une manière de re-sanctuariser les trottoirs pour les piétons devrait avoir une place de choix lors de la rencontre entre le CNSR et l’exécutif. Ainsi, l’une des neuf recommandations soumises au gouvernement lundi englobe ce besoin pressant : « Définir légalement le trottoir comme étant une partie de la voie publique réservée à la circulation et à l’usage du piéton ».
Il faut dire que depuis l’arrivée et la démocratisation des trottinettes électriques en libre-service dans les grandes métropoles de France, les piétons enragent face à la circulation aléatoire et risquée de ces nouveaux engins sur les trottoirs.
Le besoin de redéfinir cette zone urbaine est donc devenu primordial pour le Conseil national de la sécurité routière, qui souhaite ainsi sévir pour retrouver du calme et de la sérénité sur les bords de route. Reste maintenant à savoir comment faire évoluer le Code de la route pour empêcher.
« Les trottinettes électriques et les cyclistes n’ont pas le droit de rouler sur le trottoir, réservé aux piétons mais où peuvent aussi circuler les trottinettes non électriques, les skateboards et les enfants à vélo s’ils ont moins de 8 ans », rappelle au Parisien Sophie Onfroy, conceptrice au sein de l’entreprise Code Rousseau. À ce titre, la circulation sur le trottoir avec une trottinette électrique est passible d’une amende de 135 euros.
Malgré ces règles, rarement respectées, les trottinettes se multiplient à Paris (15 000 en circulation libre) comme ailleurs. Ces engins dits « à mobilité douce » semblent en effet avoir oublier la différence entre trottoir, piste cyclable et route.
Les derniers chiffres fournis par la Sécurité routière sont d’ailleurs sans appel : le nombre d’accidents impliquant des trottinettes a augmenté de 120 % entre 2019 et 2021, avec 22 personnes tuées en 2021. Toutefois, ces chiffres restent à relativiser, du fait de l’apparition récente de ces engins sur la voie publique.
Quant aux piétons, Le Parisien rappelle que depuis janvier 2022, 57 d’entre eux ont perdu la vie, ce qui en fait l’un des pires bilans en la matière sur ces dix dernières années, renforçant encore davantage le besoin de sanctuariser et de « légiférer sévèrement » sur ce sujet.
« Se contenter de rappeler dans la loi que le trottoir est strictement réservé aux piétons ne réglera pas le problème. C’est comme de dire qu’il est interdit de rouler en ayant consommé de l’alcool », souligne toutefois Jean-Paul Lechevalier, porte-parole de l’association 60 millions de piétons.
Un avis qui rejoint celui d’Arnaud Kielbasa, vice-président d’Apacauvi, une association qui lutte contre la circulation aléatoire des trottinettes sur la voie publique. Interrogé par Le Parisien, il note une volonté « louable » de la part du CNSR pour sanctuariser le trottoir mais rappelle que dans les faits, « il ne l’est pas » car « plus de 60 % des accidents de trottinettes ont lieu » sur cette partie de l’espace public.