MonEcoWatt.fr, un Bison Futé de l’électricité pour éviter les coupures cet hiver
Dans les prochains mois, les Français sont appelés à multiplier les petits gestes pour réduire leur consommation électrique. Un outil est mis à leur disposition pour anticiper les moments de tension.
Démocratiser un outil vieux d’une quinzaine d’années mais peu connu du grand public pour repousser, le plus possible, les coupures d’électricité. Lors de la présentation ce mercredi de leurs prévisions pour les six mois à venir, les cadres de Réseau de transport d’électricité (RTE) n’ont cessé de parler d’EcoWatt, «l’indicateur du niveau de tension sur le système électrique français» qui doit «inciter à mieux consommer». Ce Bison Futé de l’électricité s’est même invité dans la conférence de presse d’Emmanuel Macron, il y a dix jours, consacrée à la crise énergétique.
Développé par RTE, mais aussi par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), cet outil mis en place il y a plus d’une décennie en Bretagne et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, avant d’être étendu à la France entière fin 2020, doit servir à signaler, en temps réel, les potentielles tensions sur le système électrique. Concrètement, MonEcoWatt.fr présente sur son site Internet différents niveaux de tension, en fonction de l’offre et de la demande électrique dans l’Hexagone. Le niveau vert, tout d’abord, signifie que la consommation est «normale» et que les Français n’ont pas de raison de s’inquiéter. Le niveau orange ensuite (système «tendu» et «écogestes bienvenus») et le rouge (système «très tendu» avec des «coupures inévitables si nous ne baissons pas notre consommation»).
L’objectif est d’inciter les particuliers, entreprises et collectivités, sur des périodes très ciblées où la demande est forte et le réseau sous grande tension – principalement entre 8 heures et 13 heures et entre 18 heures et 20 heures –, à limiter leur consommation. La seule manière, selon RTE, d’éviter les délestages, ces coupures d’électricité localisées et limitées dans le temps. Parmi les gestes préconisés, on trouve la baisse du chauffage, la réduction de l’éclairage public comme privé, ou encore le report de l’utilisation des machines à laver, lave-vaisselle et fours. De quoi faire, si tout le monde s’y met, une économie de 3 000 MW, selon EcoWatt, soit «l’équivalent des consommations de Lyon, Marseille et Nice réunies».
Chacun peut être informé d’un risque de forte tension trois jours à l’avance, directement sur le site d’EcoWatt, ou par SMS ou mail à condition de s’inscrire à l’«alerte vigilance coupure». Le risque est confirmé la veille. Avec des réacteurs nucléaires en partie à l’arrêt pour cause de retards ou maintenances, combiné à une crise gazière liée à la guerre en Ukraine, le niveau «rouge» pourrait être activé à de nombreuses reprises dans les prochains mois. D’où l’intérêt, pour le gouvernement, de faire connaître au plus grand monde ce dispositif.
Le nombre d’alertes envoyées dépendra aussi beaucoup du climat. « Si l’hiver est doux, vous n’entendrez probablement pas parler de nous, résume Xavier Piechaczyk, le président de RTE. En revanche, s’il est très froid, même dans les scénarios les plus favorables, EcoWatt enverra des signaux d’alerte. » Dans le pire des scénarios, RTE évoque même une trentaine d’alertes dans les prochains mois. Une hypothèse cependant «très peu probable», assure Xavier Piechaczyk : « La très grande majorité des situations que nous envisageons ne prévoit que quelques signaux rouges. » Cela reste cependant bien plus que l’unique alerte rouge envoyée fin janvier 2021 lors d’un épisode de grand froid.
Pour Zélie Victor, responsable transition énergétique chez Réseau action climat, jointe par Libération, EcoWatt est « un outil intéressant de sensibilisation de la population, permettant une vraie prise de conscience des particuliers mais aussi des entreprises et collectivités pour passer des pics de tensions » alors que l’énergie semble encore pour certains « une source infinie qui ne se limite pas dans le temps ». Pour autant, note-t-elle, « Ecowatt ne se suffit pas à lui-même » : « Il faut aussi penser le problème à moyen et long terme en mettant en place de réelles politiques structurelles en matière de sobriété et d’économie d’énergie. »