Les raisons du retard français en matière de production et d’installation d’éoliennes
Le gouvernement veut faciliter le déploiement d’énergies renouvelables grâce à un projet de loi examiné à la fin de septembre. Car la France accuse un retard important dans l’éolien.
Le gouvernement veut accélérer l’installation de moyens de production d’énergie renouvelable avec une loi qui doit être présentée à la fin de septembre en conseil des ministres. Au programme : des dérogations, des simplifications administratives et juridiques mais aussi de possibles obligations, comme celle d’équiper en panneaux solaires les parkings de 2 500 m² et plus, etc. Car, oui, la France accuse un retard important en matière d’énergies renouvelables (ENR) en général, et d’éolien en particulier.
Bien qu’elle ait raccordé lors de la première moitié de l’année 2022 un gigawatt (GW) d’électricité supplémentaire – quatre fois plus que sur la même période en 2021 –, elle demeure largement en retard sur l’objectif de puissance installé défini par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) de 24,3 GW d’ici à la fin de 2023, puisqu’elle n’a atteint que les 20 GW, selon le ministère de la transition écologique. Cette progression au premier semestre 2022 est surtout due au raccordement du premier parc éolien en mer, au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).
La France dispose du deuxième gisement éolien en Europe, après le Royaume-Uni, et le premier si l’on ne considère que l’éolien terrestre. Les côtes bretonnes le long de la Manche mais aussi et surtout toute la côte méditerranéenne sont très bien pourvues en vent.
En théorie, l’Hexagone pourrait compter sur 80 GW d’énergie éolienne « terrestre » potentielle répartis sur 10 000 km2 (soit 1,83 % de la superficie métropolitaine) et 140 GW répartis sur 25 000 km2 pour l’éolien en mer, selon France énergie éolienne (FEE) et l’agence de la transition énergétique, l’Ademe, soit 220 GW au total. En mer, la France a donc raccordé 0,48 GW d’éolien à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) en 2022, que l’on peut ajouter à l’éolienne « de démonstration » installée depuis septembre 2018 au large du Croizic (Loire-Atlantique) et à ses 2 mégawatts (MW), ou 0,002 GW, soit un total de 0,482 GW. A titre de comparaison, le Royaume-Uni avait déjà raccordé 11,25 GW offshore en 2021.
La moitié de la puissance installée en France l’est dans les Hauts-de-France (5,4 gigawatts) et la région Grand-Est (4,3 gigawatts). L’Occitanie complète le podium avec 1,6 GW installé, ce qui est peu pour une région très favorisée en matière de vents.
Le Danemark, lui, a créé son premier parc éolien en mer en 1991, à Vindeby, qui a été exploité pendant vingt-cinq ans jusqu’à son démantèlement en raison de son ancienneté en 2017. Le premier parc éolien français, installé au large de Saint-Nazaire, a été attribué en 2011, mais son raccordement final n’a eu lieu qu’en 2022, soit onze ans après.
Si l’on compare la France à l’Allemagne et au Royaume-Uni – des pays proches géographiquement, de population et de superficie du même ordre de grandeur et disposant de gisements éoliens comparables –, son retard est évident. Les Britanniques et les Allemands ont installé davantage de turbines, avec lesquelles ils ont produit respectivement 21 % et 23 % de leur électricité en 2021. Contre 7,8 % pour la France.
Ce retard de la part d’éolien dans la production française se retrouve aussi du côté de la puissance installée. Les Britanniques émargent à 25,7 GW contre 63,7 GW pour les Allemands en 2021. La France disposait, elle, toujours pour 2021, de 18,7 GW – et 20 GW au 30 juin 2022.