La Haute autorité de santé exhorte les médecins à prescrire du sport

Publié le par Le Monde via M.E.

La loi du 2 mars a élargi à 20 millions de personnes en France la possibilité de faire de l’activité physique « sur ordonnance ». Mais il reste du chemin à parcourir pour intégrer ce traitement à part entière dans les parcours de soins.

Faire figurer l’activité physique sur l’ordonnance, avant même un médicament, et la considérer comme un traitement à part entière. C’est ce que préconise la Haute autorité de santé (HAS). Elle a présenté mardi 6 septembre des travaux visant à inciter les professionnels de santé à prescrire plus d’activité physique.

François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes, suggère même de préciser la « posologie » : nombre de séances par semaine, durée, en s’adaptant au patient et à la pathologie. Pour ce faire, la HAS a publié un nouveau guide de consultation et de prescription d’activité physique chez l’adulte, de nouvelles fiches d’aide à la prescription par pathologie et des guides de connaissances.

Depuis une loi de 2016, les médecins peuvent prescrire de l’activité physique adaptée aux personnes en affection longue durée. La loi du 2 mars 2022, visant à démocratiser le sport-santé, a élargi ce cadre aux personnes touchées par des maladies chroniques ou ayant des facteurs de risques comme le surpoids, l’obésité, la perte d’autonomie… soit environ 20 millions de personnes.

L’ordonnance, un facteur de motivation

« Les feux sont au vert pour permettre que l’activité physique devienne un traitement à part entière, prescrite par les médecins, au même titre que les médicaments », a insisté Dominique Le Guludec, présidente du collège de la HAS. Elle est convaincue que « l’ordonnance, prescription médicale écrite, constitue un facteur de motivation et d’adhésion supplémentaire à l’activité physique ». Les médecins doivent orienter vers des professionnels de ces activités physiques adaptées, pour une activité encadrée, notamment les maisons sport-santé. Dans tous les cas, il est aussi conseillé d’insister sur la nécessité de réduire le temps de sédentarité pour toute la population.

La HAS avait déjà publié en 2018 et 2019 un premier guide sur la consultation et la prescription d’activité physique, avec des fiches pour onze pathologies et états de santé dont le surpoids et l’obésité, le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux, certains cancers, la dépression, la grossesse, les maux liés à l’âge, etc. Elle a élargi ses conseils à six nouvelles pathologies, notamment l’asthme, le diabète de type 1, la maladie de Parkinson, les troubles schizophréniques…

Rappelons-le, l’activité physique « limite le risque de récidive de certains cancers du sein, diminue par deux le risque de passage d’un état pré-diabétique à un diabète… », comme l’indique la HAS, sans parler du maintien de l’autonomie des personnes âgées ou des effets sur la santé mentale et la qualité de vie.

Malgré cette masse d’évidences scientifiques, il n’est pas si courant de sortir du cabinet médical avec une telle ordonnance. François Carré « rêve » que « tous les professionnels de santé, les médecins, mais aussi les kinésithérapeutes, pharmaciens… qui demandent souvent si vous fumez, demandent aussi si vous bougez ».

Il importe de lever certains freins. Les patients peuvent éprouver une certaine appréhension à pratiquer une activité physique alors qu’ils sont malades ou âgés, et fatigués. Quant au médecin, « il faut qu’il soit convaincu pour être convaincant », insiste le cardiologue du sport très engagé sur ce sujet.

Autre constat : « On n’a pas pris conscience de combien l’inactivité physique peut être dangereuse pour la santé. Les Anglais ont une expression : “Sitting is the new smoking”. On se retrouve avec une nouvelle addiction : la chaise », avertit François Carré. La formation des professionnels de santé est donc essentielle. En tout cas, « les contre-indications sont rares, et il n’y a pas de risque, pas d’effets secondaires », précise la HAS.

Il s’agit aussi de trouver une structure, ce qui n’est pas toujours simple. Et le coût reste souvent un obstacle. Seules quelques agences régionales de santé, mutuelles, villes (Strasbourg, Biarritz…) proposent un système de prise en charge financière.

Source : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/09/13/la-haute-autorite-de-sante-exhorte-les-medecins-a-prescrire-du-sport_6141345_1650684.html

 

Publié dans Santé

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :