La chaleur tue : Les canicules de cet été auraient provoqué 11 000 décès en France

Publié le par Novethic via M.E.

Près de dix ans après la canicule très meurtrière de 2003, la France a connu un été particulièrement chaud et sec. Selon les premières estimations de l’Insee, les trois épisodes de canicules de juin, juillet et août auraient provoqué 11 000 décès supplémentaires par rapport à la période d’avant Covid, en 2019. Si ces chiffres sont encore incertains, le bilan pourrait s’alourdir selon la géographe Magali Reghezza.  

Les canicules de cet été ont été particulièrement meurtrières. AFP / DENIS CHARLET

Ce sont des statistiques provisoires mais elles donnent déjà une idée de l’ampleur de la surmortalité en France durant l’été. Selon un rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), entre le 1er juin et le 22 août, plus de 11 000 personnes supplémentaires sont décédées par rapport à la même période en 2019, avant le début de la pandémie de COVID-19. Or l’INSEE, prudent, y voit un lien avec les épisodes de canicule que la France a subi ces derniers mois. "Le niveau élevé des décès toutes causes confondues en juillet 2022 s’explique vraisemblablement par la vague de chaleur survenue à la mi-juillet, après un premier épisode de canicule dès la mi-juin", écrit l’Institut.

La France a en effet connu trois épisodes de canicule cet été du 15 au 22 juin, du 12 au 25 juillet puis du 31 juillet à la mi-août. "La chronique des décès toutes causes confondues laisse entrevoir un 1er pic de décès, autour du 19 juin. En juin 2022, les décès sont supérieurs de 4 % aux décès survenus en juin 2019. En juillet, les décès toutes causes confondues atteignent un pic très net le 19 juillet, après un pic moins marqué le 13 juillet, et les décès totaux du mois de juillet 2022 sont supérieurs de 13 % à ceux de juillet 2019", remarque l’INSEE.

"On observe parfois une surmortalité dans les mois qui suivent"

Pour l’instant, les causes des décès ne sont pas encore connues. Santé Publique France devrait publier ce mois-ci un bilan spécifique de l’impact des vagues de chaleur. L’Agence sanitaire devrait d’ailleurs mieux prendre en compte la septième vague de COVID-19 qui est concomitante avec la canicule de la mi-juillet.

Dans tous les cas, pour Magali Reghezza, géographe et membre du Haut conseil pour le climat, "le bilan risque encore de s’alourdir". "En cas de catastrophe ou d’événement majeur, la mortalité est toujours difficile à évaluer, notamment pour les vagues de chaleur, car on observe parfois une surmortalité dans les mois qui suivent. Les effets de la chaleur peuvent avoir des conséquences sur des organismes fatigués ou malades à moyen terme", explique-t-elle à Novethic. D’autant que sur les certificats de décès, l’individu est mort d’un arrêt du cœur ou d’une maladie, mais pas de la canicule, qui a pourtant réduit son espérance de vie.

Une "bifurcation de nos modes de vie" 

Près de 10 ans après la canicule de 2003, particulièrement meurtrière avec 15 000 victimes, qui a marqué la société française, le bilan de cet été 2022 est lourd. Si certaines mesures de prévention ont porté leur fruit, la précocité des épisodes de chaleur, leur durée et leur intensité ont particulièrement joué. Une situation qui interroge sur le manque de moyens d’adaptation de la France au changement climatique. "Pour l’instant, la France n’est pas prête à faire face aux impacts du climat qui change, et qui change très vite", affirme Magali Reghezza, "le chantier est immense".

"La logique curative, faite d’ajustements au coup par coup, l’emporte sur les transformations structurelles. L’adaptation repose, comme l’atténuation, sur une bifurcation de nos modes de vie, de nos modes de production et de consommation, de la manière d’habiter et de mettre en valeur nos territoires", souligne la géographe.

La France n'est en tout cas pas isolée. Les vagues de chaleur ont touché beaucoup de pays européens cet été. Dès le 22 juillet, l'Organisation mondiale de la santé évaluait à 1 700 le nombre de morts liés à la canicule en Espagne et au Portugal. Si les statistiques manquent pour l'instant, une chose est sûre : les personnes âgées sont les plus touchées par ces vagues de chaleur. Comme le rappelle Human Rights Watch dans une note, en 2021, 90 % des décès liés à la chaleur au Royaume-Uni étaient des personnes âgées de plus de 65 ans. D'où l'intérêt d'adopter des plans d'actions ciblant les populations à risque.

Source : https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/les-canicules-de-cet-ete-auraient-provoque-11-000-deces-en-france-151031.html

Publié dans Climat, Santé

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