Le train à hydrogène d'Alstom prend son départ en Allemagne
Après des circulations avec deux rames de présérie, le train à hydrogène d'Alstom fait ses débuts commerciaux dans le nord de l'Allemagne, avec une flotte de 14 trains régionaux. Une première mondiale à cette échelle.
Après une expérimentation en conditions réelles durant deux ans avec deux rames de présérie , Alstom lance « en grand » son nouveau modèle de train régional à hydrogène outre-Rhin. Une première mondiale dans le rail. Une flotte de quatorze trains, fournis par le constructeur français à la région de Basse-Saxe, va progressivement remplacer à compter de ce mercredi 15 locomotives diesel sur la centaine de kilomètres de la ligne reliant les villes de Cuxhaven, Bremerhaven, Bremervörde et Buxtehud, non loin de Hambourg.
Un pas de plus dans la décarbonation des transports en commun, alors que la traction diesel alimente encore 20 % des trajets en Allemagne, avec plus de 4 000 trains. Le précédent gouvernement s'est donné pour objectif d'accroître l'électrification du ferroviaire, que ce soit par les classiques caténaires ou par de l'hydrogène pour les lignes n'en étant pas équipées, trop coûteuses à électrifier.
Au total, deux collectivités d'Outre-Rhin (la Basse-Saxe et la région de Francfort) ont déjà commandé 41 rames de ce nouveau modèle régional, nommé Coradia iLint, qui a donné lieu à des expérimentations en Autriche, Pays-Bas, Suède, République tchèque ainsi qu'en France en septembre 2021 . Il est assemblé dans la grande usine allemande Alstom de Salzgitter, tandis que la chaîne de traction provient du site français de Tarbes.
Le second constructeur mondial (derrière le chinois CRRC) s'est lancé tôt dans la bataille. Mobilisé dès 2013 sur l'idée d'un train régional à hydrogène, il a dévoilé son futur modèle en septembre 2016 à Innotrans, le grand salon des transports de Berlin. En comparaison, son rival local Siemens est parti plus tard : il a dévoilé en mai dernier avec la Deutsche Bahn son propre modèle, le Mireo Plus H, qui fera à son tour ses essais dans le Bade-Wurtemberg en 2023, avant ses débuts commerciaux promis en 2024.
Alstom a bénéficié des subventions nationales dans le cadre d'un programme d'aide à l'innovation de la filière hydrogène et piles à combustible (NIP). Ici, le gouvernement fédéral contribue pour 8,4 millions d'euros aux coûts des rames et pour 4,3 millions d'euros aux coûts de la station de rechargement.Ces rames mélangent de l'hydrogène embarqué à bord avec de l'oxygène présent dans l'air ambiant, grâce à une pile à combustible installée dans la toiture, qui produit l'électricité nécessaire à la traction de la rame. « L'utilisation de l'hydrogène pour les trains réduit considérablement l'impact sur l'environnement, car 1 kg d'hydrogène remplace environ 4,5 litres de diesel », souligne le constructeur.
Les trains seront ravitaillés quotidiennement dans une station de remplissage fournie par Linde. Dans un premier temps, la ligne de Basse-Saxe devrait utiliser de l'hydrogène sous-produit de certaines industries, comme la chimie, précise l'AFP. Pour l'hydrogène vert à base d'énergies renouvelables, et comme la demande va exploser bien au-delà des transports , l'Allemagne devra ensuite recourir à des importations, notamment d'Inde ou du Maroc.
Le groupe français a signé d'autres contrats européens pour ces trains d'un nouveau genre. Et les recherches s'accélèrent pour les locomotives de fret . En Italie, la compagnie FNM va acheter au moins six rames régionales plus 8 options, pour le réseau de Lombardie. En France, quatre régions se sont engagées pour aligner 12 Coradia H2 sur des petites lignes SNCF, mais il s'agit d'un matériel différent et plus lourd : des rames Coradia Polyvalent bimode, pouvant rouler à la fois à l'électrique « normal » par caténaire, ou sur pile à combustible sur certaines portions de voie.