Nous devons cesser de considérer les canicules comme des événements exceptionnels.
Après celle de juin, une 2e vague de chaleur est annoncée cette semaine sur toute la France. Des températures extrêmes — plus de 40°C — sont attendues. Ce n'est pas normal.
Mais c'est la nouvelle normalité vers laquelle nous allons.
On n’en est qu’au tout début. Un des effets du changement climatique va être de multiplier ces vagues de chaleur.
Et surtout de les rendre plus intenses.
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Cela veut dire qu'on va battre record de température sur record de température pendant tout le reste de nos vies. Plus tôt on s'y préparera, plus on pourra limiter la casse et les dégâts.
Mais pour cela, il faut abandonner l’espoir qu’on puisse revenir en arrière, parce que ça ne créera que des désillusions : le changement climatique que nous avons engagé est irréversible.
Pendant toute la durée de notre existence, les températures vont continuer à monter.
Ce qui signifie que les événements que l’on considérait avant comme des événements exceptionnels, qui arrivaient une fois de temps en temps, vont devenir la norme dans le futur.
Et nous devons abandonner l’espoir de voir les températures baisser, du moins pas avant la fin du siècle, autour de 2100 (dans les scénarios optimistes).
Désormais, nous allons devoir nous habituer à ces températures et ces vagues de chaleur. Et nous adapter aux impacts du changement climatique. Sauf qu’en matière d’adaptation, nous sommes très en retard par rapport aux mesures qu'il faudrait prendre pour faire face à ces impacts extrêmes du changement climatique.
Je pense que c'est parce qu'on n'a pas réalisé tout de suite que nous allions nous aussi être touchés par ces impacts.
On mettait une distance entre nous et les impacts. Comme si ça allait arriver aux autres d'abord, aux générations futures, ou aux pays du Sud avant de nous toucher.
Et c'est aussi parce qu'on se rend compte évidemment de l'ampleur des changements à réaliser pour essayer de contenir le changement climatique aujourd'hui.
Pour revenir aux vagues de chaleurs à venir, les pouvoirs publics peuvent prendre un certain nombre de mesures d’adaptation : engager un plan massif de rénovation énergétique des habitations pour que les logements soient mieux isolés, végétaliser les villes avec des arbres très feuillus, revoir l’architecture de certains bâtiments, peindre en blanc le toit de certains immeubles,…
Nos dirigeants ont une responsabilité lourde : pour baisser nos émissions, il faut aussi une réponse politique structurelle.
Pour faire face aux impacts du réchauffement climatique, il faut aussi une réponse politique structurelle.
Nous pouvons encore limiter le changement climatique : il faut jeter toutes nos forces dans la bataille.
Chaque tonne de CO2 va faire une différence.
Chaque tonne de CO2 qui n’est pas envoyée dans l’atmosphère épargnera des souffrances à des millions de gens.
Et c’est pour cela qu’il faut se battre, aujourd’hui.
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L'auteur : François Gemenne est spécialiste de la géopolitique environnementale et de la gouvernance des migrations à l'Université de Liège (B), où il est chargé de recherche FNRS et directeur de l'Observatoire Hugo.
Il dirige également l'Observatoire Défense et Climat du ministère français de la Défense, conjointement avec Bastien Alex à l'IRIS.
Il est l'un des principaux auteurs du GIEC et il donne également des conférences sur le changement climatique et les politiques migratoires dans différentes universités, dont Sciences Po et l'Université de la Sorbonne à Paris.