Micro-capteurs : quelle utilité pour connaitre l’exposition à la pollution de l’air ?
L’utilisation de micro-capteurs pour le suivi de la qualité de l’air intérieur et extérieur connaît un fort engouement ces dernières années. L’ANSES s’est penchée sur ces dispositifs pour étudier l’intérêt de leur utilisation pour la protection de la santé des populations.
Ces dernières années, les systèmes capteurs, communément appelés micro-capteurs, connaissent une expansion rapide. Ils sont utilisés par des particuliers aussi bien que par des collectivités ou associations qui s’en servent pour sensibiliser les populations aux enjeux de la pollution de l’air.
Déployés en intérieur, en extérieur ou directement portés par des individus, ces outils servent principalement à mesurer les particules (PM10 ou PM2,5), le monoxyde de carbone ou les composés organiques volatils. Depuis la pandémie, ils sont également utilisés pour connaître le taux de dioxyde de carbone dans les établissements recevant du public, afin de détecter quand des actions de renouvellement de l’air sont nécessaire : aération, ventilation accrue …
Ces micro-capteurs permettent d’identifier d’éventuelles sources de pollution ou de mesurer les niveaux de concentration en polluants auxquels un individu est exposé chez lui, à son travail ou lors de ses déplacements par exemple.
Les informations affichées par de nombreux micro-capteurs, sous forme de code couleur par exemple, s’appuient toutefois sur des critères peu documentés et hétérogènes. Par ailleurs, la plupart des micro-capteurs, souvent appelés « micro-capteurs de la qualité de l’air » ne mesurent en fait qu’un seul polluant. Ils offrent donc une vision partielle de la qualité de l’air que l’on respire.
« Les systèmes capteurs sont un atout en termes de connaissances sur la pollution et les bonnes pratiques à adopter. Leur usage doit néanmoins être accompagné pour conduire à des changements de comportement durables, comme la modification des habitudes de déplacements ou l’action sur certaines sources de pollution intérieures (cuisine, feux de cheminée…) et l’aération. De plus, les données obtenues via ces outils doivent être correctement interprétées : elles ne traduisent pas un risque éventuel pour la santé de l’individu mais bien des niveaux d’exposition à certains polluants présents dans l’air » précise Emmanuelle Durand, coordinatrice de cette expertise à l’Agence.
Ces micro-capteurs permettent d’effectuer plus de mesures dans le temps et dans l’espace que les dispositifs de surveillance réglementaires mis en œuvre par les Associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (AASQA).
Cependant, même si des efforts sont faits par les concepteurs des micro-capteurs, la qualité métrologique des données générées reste en deçà de celle des stations de mesures agréées.
Aussi selon l’Anses, pour pouvoir être utilisées dans le cadre de travaux scientifiques ou d’expertises en évaluation de risque sanitaire, les données des micro-capteurs doivent respecter un certain nombre d’exigences portant par exemple sur la représentativité spatio-temporelle des mesures par rapport à l’objectif visé ou encore la description des environnements fréquentés.
Les systèmes capteurs sont particulièrement intéressants pour acquérir des informations dans des lieux où l’exposition aux polluants de l’air est aujourd’hui peu documentée, comme dans les établissements recevant du public.
L’Agence souligne également que les données issues de ces outils permettent d’alimenter les études en santé environnementale, ainsi que celles relatives à l’exposome, qui vise à prendre en compte l’ensemble des expositions sur toute la vie.
Télécharger ici l'avis et le rapport relatifs à l’utilisation de micro-capteurs pour le suivi de la qualité de l’air intérieur et extérieur : https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2018SA0271Ra.pdf