Véhicules électriques : Les bornes de recharge commencent à s’installer dans le paysage français
L’objectif de 100 000 bornes de recharge en accès public n’a pas été atteint. Selon le baromètre des infrastructures de recharges d’avril 2022, un peu moins de 58 000 bornes ont été installées dont moins de 10 % de recharges rapides. Plusieurs grands projets d’infrastructures voient cependant le jour. L'AVERE France, l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique, estime que le rythme de déploiement est satisfaisant.
La dynamique est lancée, selon l’AVERE France. La mise en place d’un réseau de bornes de recharges publiques pour les véhicules électriques, à la manière des stations-essence pour les voitures thermiques, commence à se mettre en place. Même s’il accuse un certain retard par rapport à l’objectif qu’avait fixé le gouvernement fin 2020, d’atteindre 100 000 bornes de recharge sur le territoire en accès public. Selon le baromètre réalisé par AVERE France, l’Hexagone ne comptait que 53 667 bornes fin 2021, et 57 732 en avril 2022.
"Pour nous, l’enjeu n’était pas tant d’atteindre cet objectif que de donner un coup d’accélérateur au déploiement de l’infrastructure", nuance Cécile Goubet, déléguée générale de l’AVERE France. Le rythme d’installation de nouvelles bornes est ainsi passé de 4 000 à 5000 par an avant 2020, à plus de 20 000 par an en 2021. "Cet objectif a servi à lancer la dynamique, à mettre en place des mécanismes de financement et à créer un élan entre les acteurs", reprend-elle.
Les grands projets d’infrastructures de recharge se multiplient. À l’image de l’opérateur de parking parisien Saemes qui a annoncé l’installation de plus de 500 bornes dans le parking situé sous la place de la Madeleine, soit la moitié des places disponibles. "Le cap des 1000 points de recharge équipant nos parcs de stationnement franciliens sera atteint d’ici fin 2022", assure Ghislaine Geffroy, directrice générale de SAEMES [1]. De son côté, la société d’autoroute SANEF a annoncé l’équipement de l’ensemble de ses aires de services de bornes de recharge d’ici la fin de l’année, en partenariat avec Engie, Total et Fastned.
Cette augmentation du nombre de stations de recharge suit celle de l’électrification du parc automobile. Les véhicules électriques et hybrides rechargeables représentent désormais 20 % des ventes (sur les quatre premiers mois 2022), selon la Plateforme automobile, contre seulement 11 % en 2020. Les constructeurs automobiles estiment ainsi qu’ils dépasseront leur objectif d’un million de ventes prévues pour la fin de l'année. "On a la sensation d’avoir passé la marche pour arriver au marché de masse", souligne Cécile Gaudet selon qui le parc automobile devrait être composé à moitié de véhicules électriques d’ici 2035.
Les bornes de recharge en accès public ne représentent qu’une petite partie du nombre total de stations disponibles en France. On estime à 450 000 le nombre de points de charge à domicile et environ 390 000 en entreprises. "Les 57 000 ouverts au public représentent peu, mais ils sont essentiels pour rassurer les automobilistes et répondre à des besoins spécifiques (recharge d’appoint, déplacement professionnel, etc.)", explique Cécile Gaudet. Mais la couverture du territoire par les infrastructures est-elle réellement suffisante ? Pour les constructeurs, il faut accélérer le rythme et multiplier par huit le nombre de points de recharge publics d’ici 2030 en France.
Le type de station à installer fait également débat. Les bornes de recharge rapide, qui permettent de recharger la batterie en peu de temps, représentent pour l’instant moins de 10 % de l’ensemble de l’infrastructure en accès public. Mais pour l’AVERE, l’installation d’une recharge rapide, plus coûteuse, n’est pas nécessaire partout. "Il ne s’agit pas d’installer des bornes de recharge à forte puissance partout, mais d’installer la bonne borne au bon endroit, tempère l’Association. Dans les zones résidentielles, des charges lentes sont suffisantes, alors que des recharges plus rapides sont utiles dans les zones commerciales ou sur les autoroutes." Le développement de l’infrastructure de recharge ne peut donc pas se calquer à celui des stations-services, mais bien prendre en compte les spécificités de la mobilité électrique.
[1] La Société anonyme d’économie mixte d’exploitation du stationnement de la Ville de Paris (SAEMES)