Green future index : La France distinguée pour sa politique climatique, malgré les controverses
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Cocorico ! La revue "MIT Technology Review" a publié son "green future index" [1]. La France occupe la quatrième place, derrière l’Islande, le Danemark et la Norvège, de cet indicateur qui signifie littéralement : "indice de l'avenir vert". La revue départage 76 pays sur cinq critères : les émissions de carbone, la transition énergétique, la "société verte", l’innovation propre et la politique climatique. Mais des scientifiques déplorent une méthodologie peu rigoureuse.
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La France apparaît comme un modèle en matière de politique climatique. C’est en tout cas la conclusion du "green future index" qui place l’Hexagone au quatrième rang des pays les plus "verts" sur un palmarès de 76 nations. Une distinction dont le gouvernement s’est enorgueilli. À commencer par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, qui a affirmé : "Oui, notre politique environnementale est ambitieuse !".
Même satisfecit d’Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du Logement. "C'est un classement qui rend hommage à tous les efforts qui ont été faits en particulier dans cette mandature", a-t-elle déclaré face aux députés. D’autres membres du gouvernement et d’élus d’En Marche et de la majorité se sont également félicités de ce classement sur les réseaux sociaux. "L’écologie telle que nous la prônons, c’est celle de l’action et des résultats", peut-on lire sur le compte Twitter d'En marche.
Mais la France est-elle si bien classée ? À bien y regarder, le tableau dressé par le "green future index" n’est pas si vert pour la France. L’indice mesure le degré d’engagement des pays en matière d'énergie propre, d'industrie décarbonée, d'agriculture durable ou de "société verte" grâce aux investissements réalisés ou à venir dans les énergies renouvelables, l'innovation ou encore la finance verte. Il est divisé en cinq sous-catégories. Or la France affiche de grandes disparités en fonction des critères retenus.
Ainsi, le pays figure au 62e rang (sur 76) sur la "transition énergétique". Cet indicateur reflète la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays. Concernant la "société verte", la France est classée à la 57e position. Cette catégorie englobe des facteurs variés comme la rénovation des bâtiments, la consommation de viande et de produits laitiers ou encore le taux de recyclage ou de reboisement.
La France affiche de meilleurs résultats en matière d’"émissions de gaz à effet de serre" puisqu’elle décroche la 13e position. Ce classement est établi en fonction des émissions totales de gaz à effet de serre et leur progression dans les transports, l'industrie et dans le secteur agricole. Concernant "l'innovation propre", la France est neuvième, ce critère prend en compte l'investissement dans les énergies propres, l’alimentation ou encore les brevets verts. L’Hexagone affiche son meilleur classement en matière de politique climatique puisque sur ce point, le pays est deuxième. Or ce critère pèse 40 % de la note finale, ce qui explique le bon classement général du pays.
Cette donnée reflète les engagements politiques et les objectifs fixés en matière de finance carbone ou de développement de l'agriculture durable. La revue distingue notamment la politique de soutien de la France à Air France car elle est "assortie de conditions vertes". Le rapport récompense ainsi les engagements pris et les progrès à venir et non les avancées réelles. "On ne délivre pas une médaille au gouvernement français", précise Ross O'Brien, auteur principal du rapport, à France 2. "L’étude ne dit pas que la France est verte aujourd’hui, elle dit que la France a posé les fondations pour devenir un pays très vert dans le futur", ajoute-t-il. Le hic est que la France a été condamnée pour un engagement non tenu, celui de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
"Cet indice ne veut rien dire", fustige ainsi Céline Guivarch, membre du Haut Conseil pour le Climat et coautrice du dernier rapport du GIEC. "C'est un rapport court et non revu par les pairs, qui détaille très peu sa méthodologie. Il est bien loin d’une étude scientifique", analyse la chercheuse. Elle déplore en outre "l'utilisation inquiétante de ce rapport, et méprisante pour le travail de construction d’éléments robustes pour éclairer les débats auquel je participe avec tous mes collègues".
[1] https://www.technologyreview.com/2022/03/24/1048253/the-green-future-index-2022/