Deux procédés innovants de bioproduction d’hydrogène mis en avant au salon Bio360
Le salon professionnel dédié aux bioénergies Bio360 s'est déroulé à Nantes les 30 et 31 mars. À cette occasion, deux jeunes pousses françaises, Sakowin et Athena Recherche et Innovation, ont présenté leurs technologies innovantes pour produire de l'hydrogène à partir de biomasse.
Diversifier les modes de production d’hydrogène. À l’occasion du salon des professionnels de la filière bioénergie, Bio360, qui s’est tenu à Nantes les 30 et 31 mars, la production d’hydrogène vert à partir de biomasse a été mise à l’honneur au cours d’une conférence. Si les procédés par traitement thermochimique de biomasse sèche commencent à être déployés, deux acteurs français ont présenté leurs innovation de rupture dans le domaine de la production de l'hydrogène. Retour sur les technologies et les perspectives de Sakowin et d'Athena Recherche et Innovation.
La startup varoise Sakowin, créée en 2017, développe un réacteur, basé sur une technologie plasma micro-ondes, pour convertir le gaz naturel ou le biométhane en hydrogène gazeux et en carbone solide (sous forme de poudre nanométrique), qui peut ainsi être récupéré et valorisé. « Nous partons de la même molécule que pour le procédé de vapo-réformage (à savoir du méthane), mais notre procédé est très différent et ne relâche pas de CO2, assure Gérard Gatt, président de Sawokin. Il s’agit de décomposer ce méthane sans oxygène », complète-t-il succinctement. La pureté de l’hydrogène en sortie atteint les 95 % et le gaz est à pression atmosphérique, selon les indications de Sakowin.
La technologie de Sakowin atteint le TRL 5, d’après son président. « Nous avons un prototype qui fonctionne déjà plusieurs heures, et nous cherchons à le faire fonctionner sur une journée de huit heures », développe M. Gatt. Objectif : commercialiser un réacteur de 100 kW, capable de produire 200 kg d’hydrogène par jour, d’ici à 2025.
Le coût visé oscille entre 2,5 et 4 euros du kilo d’hydrogène. « En fonction du coût du gaz », souligne le spécialiste, confiant sur le modèle économique de sa technologie : « Notre solution est basée sur le plasma micro-onde, une technologie mature et éprouvée depuis une cinquantaine d’années, mais peu développée industriellement. Les dépenses d’investissements (Capex) vont baisser dès que nous développerons les volumes », assure-t-il.
Sakowin a notamment tissé des partenariats dans le domaine des stations de recharge hydrogène (avec Aéroport de Paris), de l’industrie (avec le géant de la construction Saint-Gobain), dans l’agriculture ou dans la production et l’exploitation de gaz et pétrole.
La "cleantech" française Athena Recherche et Innovation développe un procédé de production d’hydrogène à partir d’eaux usées issues de l’industrie agro-alimentaire (laiteries, biscuiteries, usines qui fabriquent des plats préparés, etc.). « Ces eaux, qui finissent dans les station d’épuration, sont composées de matières organiques et de minéraux permettant au micro-organisme que nous avons identifié de se développer et de rejeter de l’hydrogène », développe Ludovic Briand, président d’Athena.
Comme tout procédé de fermentation, celui d’Athena génère du CO2. « Mais nous pourrons le valoriser pour le nettoyage cryogénique, les boissons gazeuses ou l’agriculture », assure-t-il. Les résidus finaux (moûts de fermentation) devraient également être transformés en biochar, par carbonisation.
L’entreprise, née en 2017, prépare désormais le passage à l’échelle de son procédé. « Nous sommes encore une toute jeune techno. Nous avons commencé avec une fiole de 250 mL et nous en sommes aujourd’hui à 50 L », illustre M. Briand. D’après les chiffres présentés par la jeune pousse, leur démonstrateur d’un mètre cube, qui devrait être installé sur une usine de production de lait cet été, pourrait produire jusqu'à 40 tonnes d’hydrogène par an à partir des 320 000 tonnes d’effluents récupérés. L’équipe d’Athena Recherche et Innovation espère aboutir sur un réacteur industrialisé de 30 m3 entre 2023 et 2025.