Hydrogène décarboné : les quinze projets du PIIEC publiés par le ministère de l'Économie
Consacrés à la fabrication d'équipements pour produire de l'hydrogène ou à la production de ce vecteur énergétique, quinze projets d'envergure s'intègrent au Projet important d'intérêt européen commun (PIIEC) français.
En déplacement, ce mardi 8 mars, à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), sur le site de la future usine de production d'hydrogène d'Air liquide, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a rendu publique la carte des quinze projets français sélectionnés dans le cadre du Projet important d'intérêt européen commun (PIIEC) sur l'hydrogène, développé avec 23 États membres de l'Union européenne et la Norvège. Conformément à la stratégie du gouvernement, cet ensemble s'articule autour de deux grands axes : le déploiement de giga-"factories" autour de la mobilité lourde (trains, piles à combustible, réservoirs, matériaux...) et la production d'hydrogène à grande échelle pour décarboner l'industrie notamment. « La France doit être un champion mondial en la matière. Nous en avons tous les atouts pour y arriver », a souligné le ministre.
Sur le volet méga-usines, le PIIEC distingue, notamment, McPhy et Elogen, qui comptent installer leurs usines de fabrication d'électrolyseurs à Belfort, pour le premier, à Vendôme (Loir-et-Cher) pour le second. John Cockerill, pour sa part, devrait construire sa gigafactory de composants-clés à Aspach-Michelbach (Haut-Rhin) tandis que Symbio édifiera, à Saint-Fons, près de Lyon, la plus grande usine européenne de piles à combustible.
Concernant la production d'hydrogène, Air liquide tient la vedette, avec son projet d'unité de production d'hydrogène par électrolyse, d'une capacité de 200 MWh, dans la zone industrielle de Port-Jérôme-sur-Seine. Baptisé Normand'Hy, le projet est consacré à l'activité industrielle de l'axe Seine, notamment celle de la raffinerie normande de TotalEnergies, et au développement de la mobilité lourde à l'hydrogène dans la région. Équipée de la membrane échangeuse de protons (PEM) de Siemens Energy, le site constituera l'un des premiers de cette taille en exploitation dans le monde. Grâce à une aide de l'État de quelque 190 millions d'euros, les travaux devraient démarrer cette année. Une autre usine d'Air liquide, de 400 MWh de capacité cette fois, est prévue à Dunkerque, afin de fournir de l'hydrogène à ArcelorMittal, en 2027.
Également dans les cartons : la première filière de production de méthanol décarboné en France, conçue par le cimentier Vicat et la filiale du groupe EDF Hynamics, spécialisée dans la production d'hydrogène. Regroupés sous la bannière Hynovi, ces derniers ambitionnent de coupler la fabrication d'hydrogène et le CO2 capturé à la sortie du four, sur le site de Vicat, pour produire du méthanol. La technique pourrait ensuite être dupliquée au sein d'autres industries européennes ou ailleurs dans le monde.
Alignés sur les objectifs de la Commission européenne et approuvés par elle, ces projets de grande envergure doivent, en théorie, associer au moins quatre États membres et être conçus de manière transparente. Une fois validés, ils peuvent s'appuyer à la fois sur des subventions publiques et des financements privés. Ces quinze projets évoqués par Bruno Le Maire bénéficient d'un crédit global de 1,5 milliard d'euros de la part de l'État français, prévus dans le cadre de France Relance et du Programme des investissements d'avenir. Avec l'apport du privé, ils devraient représenter un potentiel d'investissement de 5,8 milliards. De nouvelles vagues de projets sont en construction.