Fini le masque au bureau: "enfin!" disent les uns, "bêtise!" disent les autres

Publié le par Sciences & Avenir via M.E.

Un petit morceau de textile devenu un incontournable de la vie de bureau: le masque ne sera officiellement plus obligatoire en entreprise lundi, un soulagement pour les uns, une source de tracas pour d'autres.

Face au COVID-19, cette protection a été imposée dans les entreprises le 1er septembre 2020. Le protocole sanitaire - document de référence face au virus - qui "disparaît" lundi, prévoyait que son port devait être "systématique au sein des entreprises dans les lieux collectifs clos".

Au vu de la décrue sur le front sanitaire, le Premier ministre Jean Castex a annoncé début mars la "fin du port du masque obligatoire dans tous les lieux où il est encore" appliqué, à compter du 14 mars, dont les lieux de travail.

Les employeurs, inquiets de voir leur responsabilité engagée, pourront toutefois continuer d'imposer le masque s'ils estiment qu'il y a "un risque spécifique dû à l'activité", selon des avocats en droit social interrogés par l'AFP. Ainsi, l'avocate Déborah David juge que son maintien pendant "un délai raisonnable" serait "légitime".

Dans le quartier de La Défense à Paris, où se trouvent de nombreux immeubles de bureaux, le 16 octobre 2020, pendant l'épidémie de coronavirus (AFP/Archives - Christophe ARCHAMBAULT)

Reste que pour les entreprises, la fin de l'obligation inscrite dans le protocole est un soulagement.

"C'est vraiment une attente d'impatience énorme des gens. Ils n'en peuvent plus! On sent que c'est vraiment une souffrance", assure Benoit Serre, vice-président de l'Association nationale des DRH. Lui-même, "arrivé chez L'Oréal il y a moins d'un an", n'a jamais vu le visage entier de certains collègues.

"Enlever la pandémie"

Il estime qu'en corolaire "cela va aider à relancer la convivialité". Le masque étant "un vrai symbole", l'enlever peut même s'assimiler à "enlever la pandémie", dit-il... tout en glissant qu'il espère ne pas le voir revenir dans trois mois.

A propos des salariés vulnérables qui pourraient ainsi devenir plus visibles, Benoit Serre assure que ce sera une gestion "à l'individu": "le masque était obligatoire pour tout le monde, on ne dit pas : le "sans masque" est obligatoire pour tout le monde".

Pour Corentin Boulanger, chargé de prévention en santé et sécurité au travail dans l'agroalimentaire dans le Nord-Pas-de-Calais, porter le masque pendant deux ans au bureau, "c'était compliqué". Difficulté à "s'exprimer, se faire comprendre", c'était quelque chose de "relativement désagréable", dit-il, "franchement" content que cela s'arrête.

C'est la tonalité de nombreux messages sur les réseaux sociaux: "Enfin la fin du masque au travail, c'était un enfer", "Le retour de la liberté", un autre se dit impatient d'en "finir avec cette foutue histoire".

Mais Paul, consultant dans l'automobile à Paris, estime "pas possible" la levée de l'obligation au vu de la situation sanitaire et déplore une décision "purement politique". "Ca risque de repartir de plus belle", redoute ce quinquagénaire.

"Il va nous manquer ?"

Quant à la possibilité de garder le masque, il souligne que cela "ne sert à rien si la personne en face n'en porte pas". Des messages sur les réseaux sociaux jugent ainsi "égoïste" son retrait ou dénoncent "un doigt d'honneur" aux immunodéprimés.

Des internautes ont des soucis plus prosaïques: savoir comment cacher désormais leurs "gros bâillements en réunion", réapprendre à "sourire avec la bouche et non juste les yeux", "connaître à nouveau les joies des haleines fétides et des postillons"...

Au-delà "d'un certain soulagement, un meilleur confort" pour les salariés, Elisabeth Pélegrin-Genel, architecte et psychologue du travail, s'interroge: "La fin du masque veut-elle dire qu'on oublie cette espèce de bulle individuelle qu'on avait toujours avec nous en restant à distance des autres ? "

Le masque avait "un effet protecteur au sens propre comme au figuré" et "redonnait une forme d'intimité", pointe-t-elle.

Une fois habitués à son port, le masque était devenu "une mini-victoire sur la visibilité permanente de tout et de tous", poursuit-elle. "Ne nous manquera-t-il pas ?".

Source : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/fini-le-masque-au-bureau-enfin-disent-les-uns-betise-disent-les-autres_162114

La Voix du Nord, lundi 14 mars 2022 :
Des signes de reprise, une circulation du virus qui reste plus élevée qu’aux pics des précédentes vagues : la levée de l’essentiel des restrictions ce lundi est loin de signifier la fin de l’épidémie de Covid. Illustration dans la région.  
Ce dimanche 13 mars 2022, les derniers chiffres du taux d’incidence des Hauts-de-France, arrêtés au 9 mars, faisaient état de 675 nouvelles contaminations pour 100 000 habitants (607 en France) sur les 7 derniers jours (et même 715 dans le Nord et 818 dans le Pas-de-Calais).
 
Un taux très éloigné du record enregistré mi-janvier à plus de 3 900/100 000, mais un taux reparti à la hausse dans la région depuis le 25 février (+ 22 %). Et un taux qui dépasse légèrement le pic de l’automne 2020 (615), et allègrement celui du printemps 2021 (460).
 
Rien de comparable heureusement dans les hôpitaux où les lits de réanimation sont bien moins assaillis que lors de ces précédentes vagues, comme en atteste la levée du plan blanc il y a dix jours. Samedi, on comptait 162 malades du COVID-19 dans les services de soins critiques des Hauts-de-France, contre plus de 700 en avril dernier.
 
Si l’on peut aujourd’hui retirer le masque et ranger le pass vaccinal, c’est donc grâce à la vaccination. Au 8 mars 2022, 91,7 % des habitants de la région âgés de plus de 12 ans avaient reçu une primo-vaccination complète, et 75,6 % des adultes avaient reçu une dose de rappel.
Prudence
 
Chez ces derniers, le taux d’incidence constaté à l’échelle nationale est presque deux fois moins élevé que chez les non-vaccinés. Et surtout, ils ont cinq fois moins de risques d’être admis en réanimation. Les risques d’un nouvel engorgement des hôpitaux, devenus moindres, permettent donc aujourd’hui ce vaste allégement.
 
Mais la présence du virus, moins virulent mais plus présent que jamais en sortie de vague, nous oblige toujours à la plus grande prudence à l’égard des personnes les plus fragiles.
Le Premier ministre n’a-t-il pas annoncé samedi l’ouverture aux plus de 80 ans de la quatrième dose de vaccin.

Publié dans COVID-19, Santé

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