Le COVID-19 augmente le risque de problèmes cardiovasculaires dans l’année qui suit
Une étude sur une vaste cohorte américaine révèle une augmentation de 55 % en moyenne des troubles cardiovasculaires graves dans les douze mois après une infection par les premières souches du SARS-CoV-2.
Avoir eu une forme même bénigne du COVID-19 peut augmenter dramatiquement le risque de problèmes cardiovasculaires par la suite, selon une étude publiée dans Nature Medicine le 7 février. Les chercheurs ont découvert que le nombre de cas d’insuffisance cardiaque, d’accidents vasculaires cérébraux ou autres affections cardiovasculaires étaient considérablement plus élevés chez les personnes qui avaient eu le COVID-19 que chez des personnes qui n’avaient pas contracté la maladie.
De plus, ce risque supplémentaire concerne aussi les personnes de moins de 65 ans ou sans facteurs de risque (comme l’obésité ou le diabète). « Peu importe que vous soyez jeune ou vieux, que vous ayez fumé ou non, ce risque accru existe », précise Ziyad Al-Aly, directeur de la recherche au système de santé pour les anciens combattants de Saint Louis, et coauteur de l’étude.
Ziyad Al-Aly et ses collègues ont analysé une vaste base de données de santé tenue par le département américain des anciens combattants. Les chercheurs ont comparé l’état de santé de plus de 150 000 anciens combattants, d’une moyenne d’âge de 63 ans, qui avaient eu le COVID-19 [entre mars 2020 et janvier 2021, ndlr] entre 30 jours et 1 an après l’infection, avec deux cohortes de personnes de mêmes caractéristiques démographiques n’ayant pas eu le COVID-19 : un premier groupe contrôle « contemporain » rassemblant plus de 5 millions de patients ayant eu recours au système médical des anciens combattants pendant la même période [la première année de la pandémie, ndlr], et un second groupe contrôle « historique », de taille similaire, composé de personnes qui avaient reçu des soins du même organisme en 2017, avant l’apparition du coronavirus.
Les analyses ont révélé que les personnes qui avaient eu le COVID-19 et étaient guéries ont connu beaucoup plus de problèmes cardiovasculaires au cours de l’année suivant leur infection par rapport aux membres du groupe de contrôle contemporain. Ils avaient par exemple 52 % de risque en plus de subir un AVC, (soit environ 4 accidents vasculaires cérébraux de plus pour 1 000 personnes que dans le groupe témoin). Le risque d’insuffisance cardiaque augmentait pour sa part de 72 %, soit environ 12 cas de plus pour 1 000 personnes [le risque d’infarctus augmente de 63 %, celui des troubles du rythme cardiaque de 62 %, les myocardites ou péricardites de 102 %, et les embolies pulmonaires de 193 % ! Au total, le risque combiné d’infarctus, d’AVC ou de décès d’origine cardiovasculaire est en moyenne 55 % plus élevé que la normale, ndlr].
Le fait d’avoir dû être hospitalisé pour le COVID-19 augmente la probabilité de complications cardiovasculaires futures, mais même les personnes qui n’avaient pas été hospitalisées sont concernées par ce risque plus élevé de problème cardiovasculaire [le risque d’accident cardiovasculaire grave dans l’année augmentait de 30 % chez les personnes ayant eu une forme bénigne du COVID-19, de 150 % chez les malades hospitalisés, et de 350 % chez les patients ayant été admis en soins intensifs !, ndlr].
« Je suis surpris par ces résultats qui montrent que les complications cardiovasculaires du Covid-19 peuvent durer très longtemps », commente Hossein Ardehali, cardiologue à l’université du Nord-Ouest, à Chicago. Une forme grave augmentant beaucoup plus le risque de complications cardiovasculaires qu’une forme bénigne, il est important que ceux qui ne sont pas encore vaccinés le fassent rapidement, ajoute-t-il [compte tenu de la période de l’étude, très peu des sujets de la cohorte étaient vaccinés, ndlr].
L’étude comporte cependant certaines limitations, avertit Hossein Ardehali. Par exemple, les personnes du groupe témoin contemporain n’ont pas été testées positives au COVID-19, mais il est possible que certaines d’entre elles aient en fait eu des formes bénignes ou asymptomatiques. Et les anciens combattants du groupe test étant presque exclusivement des hommes blancs [et âgés de 61 ans en moyenne, ndlr], ces résultats ne s’appliquent peut-être pas à toute la population [par ailleurs, compte tenu de la période de suivi, l’étude ne concerne pas les variants Delta et Omicron, ndlr].
Pour les auteurs de l’étude, les systèmes de santé doivent se préparer à l’augmentation de l’incidence des maladies cardiovasculaires. Mais avec le nombre élevé de cas de COVID-19 qui engorgent toujours les hôpitaux, Ziyad Al-Aly craint que la prise en charge des conséquences à long terme de la maladie soit retardée d’autant [les auteurs rappellent également que la meilleure façon de prévenir les complications cardiovasculaires du Covid-19 est en premier lieu d’éviter l’infection…].