Retour sur le débat de la primaire des candidats LR sur la chaine LCI
Les cinq candidats en lice pour l'investiture à la présidentielle ont participé sur LCI, le 8 novembre, au premier débat en vue du congrès qui doit décider qui sera le représentant des LR en avril prochain. Revoyez la première confrontation entre les cinq candidats à l'investiture pour la présidentielle :
ou https://www.youtube.com/watch?v=K9XWk-e_74Y
Je m'attendais au pire en ce qui concerne les échanges de ce débat, ayant eu l'information que, ni la lutte contre le changement climatique, ni la prévention dans le domaine de la santé et de la protection de l'environnement ne seraient des thèmes proposés au cinq candidats en lice.
Ce débat confirme l'absence d'un vrai travail en profondeur pour proposer une vision, un projet pour la France aux Français et un vrai plan pour s'attaquer aux réformes structurelles nécessaires et affronter les défis du climat, des pollutions de l'environnement, de la transformation écologique et des problèmes sociétaux.
Je suis scandalisé du manque de neutralité des animateurs du débat. Ils ont cherché à plusieurs reprises à faire adopter leur propre conviction à certains candidats : centrales nucléaires, éoliennes, dette publique et déficit budgétaire, emploi et effectif des fonctionnaires. De même, rien n'a été affirmé par les candidats concernant la nécessité d'adapter villes et territoires au changement climatique (chaleurs extrêmes, sécheresses, tempêtes, inondations, submersion marine, etc.).
Pourtant les experts du climat répètent qu'il faut à la fois mener des actions d'atténuation et d'adaptation.
Le débat s'est concentré sur des thèmes comme les dépenses publiques, le nombre de fonctionnaires et la dette, l'immigration, la place de l'Islam, la sécurité publique et la justice.
La faute en incombe aux animateurs et probablement aussi aux candidats, leurs conseillers et à leur parti (LR) qui ont accepté de ne pas aborder des sujets plus cruciaux pour l'avenir de la France, de l'humanité et de la planète.
Ceux-ci ont cherché, à plusieurs reprises, à extorquer aux candidats une double position, d'une part, d'opposition à la mise en place de nouvelles éoliennes et d'autre part, d'engagement à poursuivre l'utilisation de l'énergie nucléaire et la construction de nouvelles centrales. D'où un concours stupide à celui (ou celle) qui s'engagerait à en construire le plus possible.
De manière scandaleuse sur le plan éthique, aucun des candidats en lice n'a posé une quelconque réserve ou interrogation sur l'utilisation de l'énergie nucléaire et l'exploitation des centrales actuelles.
La dégradation due au vieillissement des réacteurs nucléaires et les questions de sûreté que cela pose, le devenir des déchets nucléaires, le risque terroriste, la fragilité des centrales lors des épisodes de chaleur estivale, les conditions d'exploitation du minerai en Afrique en particulier et les risques géopolitiques, etc. : aucun de ces problèmes n'a été mis sur la table par les animateurs, ni fait l'objet de commentaires par les candidats.
Aucun des candidats à la "magistrature suprême" n'a replacé la problématique des centrales nucléaires dans un contexte européen. Nos voisins Allemagne, Belgique, Espagne, Suisse abandonnent leurs centrales nucléaires à court terme ou n'ont pas de centrales nucléaires (Autriche, Italie, Portugal) et, pourtant, plusieurs de nos centrales nucléaires sont clairement en zone frontalière. Gravelines, Chooz, Cattenom et dans une moindre mesure, le Bugey :
De même, faisant fi du risque des centrales nucléaires, on peut pointer que presque toutes les centrales sont très proches de grandes agglomérations urbaines : Paris, Lille et Dunkerque, Le Havre, Caen et Rouen, Luxembourg, Metz, Namur, Charleroi, Charleville-Mézières, Lyon, Genève, Bordeaux, Avignon, Marseille, Agen et Montauban, etc.
On a eu droit à une ritournelle de clichés : seule l'énergie nucléaire est propre et n'émet pas de gaz à effet de serre, les éoliennes gâchent nos paysages, les sources renouvelables sont intermittentes, etc.
A croire, selon les animateurs qui de manière obsessionnelle remettaient sur la table le problème des éoliennes, que la construction de centrale nucléaire était d'un apport esthétique évident ! Voir ci-dessous :
Les candidats ont omis de parler du solaire, de la géothermie, de la biomasse agricole, de l'énergie marémotrice et de l'hydraulique des régions montagneuses.
Encore, une fois le débat énergétique serait confisqué par le pouvoir en place, si une de ces personnes gagnait la présidentielle en 2022.
Les nombreux sujets quasiment oubliés :
- Comment réduire l'épidémie de maladies chroniques et transformer notre système de santé ?
- Comment diminuer drastiquement les différentes pollutions de notre environnement qui endommage la santé humaine et la biodiversité : air, eau, sols, écosystèmes, etc. ?
- Comment lutter contre l'artificialisation des sols et l'étalement urbain sans fin ?
- Quel système de gouvernance mettre en place pour la transformation écologique ?
- Comment lutter contre l'artificialisation des sols et l'étalement urbain sans fin ?
- Comment mener conjointement dans les villes et territoires et, les accélérer, les actions d'atténuation et d'adaptation au changement climatique ?
- Comment éviter les catastrophes à répétition liées au changement climatique dans les villes et territoires : inondations, effondrements, sécheresses, chaleurs extrêmes, tempêtes, etc.
- Comment remonter le niveau dans les écoles, collèges et lycées et redonner toute sa place à l'enseignement scientifique, technologique et professionnel ?
- Comment réformer nos trois fonctions publiques centrale, territoriale et hospitalière pour plus d'efficacité et de réactivité, plus de présence sur le terrain, moins de bureaucratie, plus de proximité avec le citoyen, plus de simplification et moins de coût total pour le contribuable ?
Dans le domaine de la géopolitique et de la défense, on a peu parlé des nouvelles menaces en provenance des démocratures et dictatures Russe, Turque ou Chinoise. Pourtant les militaires français et européens sont témoins des incursions répétées aériennes et navales à la lisière du Royaume Uni, de l'Irlande, des Pays Baltes, de l'Ukraine et de la Géorgie pour l'Europe et nos forces armées ont été considérablement affaiblies depuis plus de trente années. Je ne passe pas sous silence, les cyberattaques et les tentatives de déstabilisation via des officines de manipulation des réseaux sociaux.
Dans ce nouveau monde de grands prédateurs, il faut comprendre que les forces armées d'un grand pays démocrate doivent être dissuasives ; aujourd'hui, les pays européens sont désunis sur leur vision stratégique et ne font pas peur aux grands prédateurs qui nous
Enfin, il est surprenant d'avoir oublier le rôle de l'Europe et de la France dans la Communauté Européenne, de l'OTAN et du nécessaire rééquilibrage de cette alliance entre les pays européens et les Etats Unis d'Amérique.
Je ne nie pas que beaucoup de propositions émises fussent intéressantes dans ce débat. Mais ce débat était donc d'un autre siècle ! Si votre parti Les Républicains s'est en partie effondré comme le PS à gauche ou comme les écologistes qui n'arrivent pas sortir de leurs querelles intestines, c'est à cause de votre absence de travail.
La cinquième République accentue cette dérive en focalisant l'attention des Français sur le choix d'une personnalité et, non comme dans d'autres pays, sur un projet, puis sur la personne capable de l'incarner et de le porter.
M.E.