Gros coup de grisou sur la valorisation des gaz de mine

Publié le par Les Echos via M.E.

30 ans après la fin des mines, le méthane s'échappe toujours des galeries. Un article de loi passé cet été transfère la responsabilité du risque de l'Etat vers tout nouvel exploitant. Gazonor, spécialiste de la valorisation de ces gaz, crie au scandale.

La société gère plusieurs captages de gaz depuis son siège à Avion (Pas-de-Calais). (DR)

« Une incroyable aberration ». C'est ainsi que Julien Moulin, président de Gazonor, qualifie la situation à laquelle sa société, spécialisée dans la récupération des gaz de mine, le grisou, est confrontée.

Jadis propriété de Charbonnages de France, la société appartient désormais à la Française d'énergie et gère plusieurs captages de gaz depuis son siège à Avion (Pas-de-Calais), qu'elle valorise par cogénération . Elle est candidate à l'implantation d'autres stations, et a transmis en mars à l'administration deux demandes d'autorisation d'ouverture de travaux miniers (DAOTM) correspondant à six sites, soit 30 millions d'euros d'investissement.

Mouvements de terrain

La société se heurte au silence complet des services de l'Etat jusqu'ici. A ce blocage administratif s'est ajouté durant l'été un obstacle législatif. Le code minier a fait l'objet d'une modification discrète mais aux grandes conséquences, entrée en vigueur le 25 août. Le nouvel article L-174-2 précise que quand un nouvel exploitant souhaite utiliser des équipements de surveillance ou de prévention des risques transférés à l'Etat, « le demandeur reprend alors l'intégralité des responsabilités dévolues à l'Etat […] sur l'ensemble de la zone considérée ».

76 millions de m3 : Production de gaz de mine dans les Hauts-de-France. 36 millions sont réinjectés dans le réseau de gaz, le reste est transformé en électricité et chaleur.

300 à 400 Euros : L'économie annuelle des 6 500 foyers de Béthune bénéficiant du réseau de chaleur, soit 35% de gain.

« C'est avec stupéfaction que nous avons appris cette modification du code minier, sans aucune consultation », déplore Julien Moulin dans une lettre ouverte au préfet de région. La gestion du risque s'appliquerait aussi bien aux émanations de gaz de mine qu'aux mouvements de terrains et à la combustion des terrils. « Ce transfert de responsabilité intolérable et insensé imposé par l'Etat […] résonne comme un obstacle sans précédent au développement d'une énergie de récupération par un concessionnaire, dans un contexte d'urgence climatique », dénonce le président de Gazonor. 

Réseau de chaleur compétitif

De fait, la société affiche un bilan carbone exceptionnel, en évitant le rejet annuel de 602 000 tonnes de CO2, tandis que le gaz est valorisé indépendamment de la flambée des cours mondiaux. Ainsi à Béthune, Gazonor fournit du gaz, de l'électricité et de la chaleur via un contrat d'approvisionnement et un engagement de prix de 19 ans avec Dalkia. Le réseau de chaleur, présenté comme l'un des plus compétitifs de France, permet de chauffer 6 500 logements. Il serait 4 fois moins cher que le prix élevé de marché mondial, aux alentours de 80 Euros le mégawattheure.

L'autre enjeu est environnemental

Après l'arrêt des mines, une centaine de puits de décompression ont été installés sur tout le bassin minier. La lente remontée des eaux dans les galeries pousse à la surface le gaz -essentiellement du méthane, à très fort effet de serre. « C'est primordial de ne pas laisser partir le gaz à l'atmosphère », martèle Julien Moulin, qui rappelle que l'entreprise est engagée dans un programme européen Zero Emission Gazonor 2022, qui vise à éradiquer les émissions de grisou du bassin minier.

Source : https://www.lesechos.fr/pme-regions/hauts-de-france/gros-coup-de-grisou-sur-la-valorisation-des-gaz-de-mine-1354535

Publié dans Climat, Energie

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