Reportage au "vaccinodrome" de Lille, «pour moi, c’était Pfizer ou rien»
Dans le centre de vaccination installé dans le Zénith, les rendez-vous sont honorés et la cadence augmente. Elle devrait passer de 1 200 patients à 1 600 dès samedi.
«Ici, on ne vaccine qu’avec le Pfizer ou le Moderna», prévient d’emblée Anne-Sophie Talbot. Au "vaccinodrome" de Lille, qui a pris ses quartiers dans la salle du Zénith depuis le 6 avril, elle est chargée de la coordination des personnels paramédicaux, 60 infirmiers, infirmières ou sages-femmes, mais aussi pompiers, qui assurent le flux de vaccinations, préparation des doses, régulation des files, réassortiment et injections. S’y ajoutent une vingtaine de médecins, qui assurent les consultations médicales nécessaires.
Au Zénith, chaque jour, entre 9 heures et 18 heures, de 1 200 à 1 400 personnes sont vaccinées, pour autant de doses reçues, et ce chiffre s’élèvera de 1 600 à 1 800 dès samedi. La cadence augmente. «Aussi vite les rendez-vous sont mis en ligne, aussi vite ils sont pris», remarque Anne-Sophie Talbot. L’efficacité est de mise et, dehors, la file d’attente ne s’éternise guère. Un vigile sympa filtre les entrées, comme lors d’un soir de concert. «Vous avez un rendez-vous ? Première dose ? Pas trop de stress ?» Toujours les mêmes questions. A un couple âgé, il demande : «Vous êtes ensemble ?» Le monsieur rétorque : «Ça ne se voit pas ?» Puis pouf, pose un bécot sur le masque de sa femme en guise de preuve et sourit : «C’est un bisou masqué.»
Des créneaux AstraZeneca ont bien été testés, mais ils n’ont pas rencontré le même succès. Guy, 66 ans, n’a pas confiance dans ce vaccin : «Il y a eu les mauvaises nouvelles à son sujet, mais c’est aussi que j’ai ma belle-fille qui est infirmière urgentiste. Elle a reçu sa première dose d’AstraZeneca et depuis attend toujours sa deuxième. Ce n’est quand même pas possible, pour une professionnelle de santé, ce n’est pas fiable !» Les difficultés d’approvisionnement, puis l’interruption de distribution à cause des risques de thrombose, ont laissé des traces. «L’AstraZeneca, je n’en ai pas voulu», explique aussi Nadia, 62 ans, qui patiente après sa piqûre. «Sinon, j’aurais déjà pu le faire il y a un mois avec mon médecin traitant. Pour moi, c’était Pfizer ou rien. J’aurais aussi eu confiance en Pasteur, mais ils n’ont pas réussi à mettre au point leur vaccin.»
De fait, grâce à sa plus grande facilité de stockage, l’AstraZeneca est distribué chez les médecins de ville et les pharmaciens. Le "vaccinodrome" est pour sa part directement fourni par le CHU de Lille, dont il dépend. «Mais c’est l’agence régionale de santé qui fixe la dotation pour chaque centre de vaccination», précise Anne-Sophie Talbot. En son nom propre, elle regrette la défiance vis-à-vis de l’AstraZeneca, «un vaccin qui a mauvaise presse, alors que l’Angleterre s’est entièrement vaccinée avec, et les Anglais sont toujours là».
Petit tour du propriétaire, les six files de vaccination sont bien organisées, alignées de tentes blanches. Les patients sont unanimes à louer la rapidité du circuit, où on vaccine à la chaîne. Lors de la consultation pour la primo-injection, un médecin vérifie si l’état de santé du patient est compatible avec la vaccination : si, par exemple, il a eu le Covid dans les trois mois, il est récusé et devra prendre un autre rendez-vous. Ensuite, la vaccination proprement dite, avec l’injecteur prêt à officier, puis la salle d’attente, où la sécurité civile vérifie que les impatients attendent bien le quart d’heure prescrit, pour vérifier l’absence d’effets indésirables.
Les gradins de la salle de spectacle ont été repliés, les intendants du Zénith sont présents, prêts à aider. «Dans les loges, ce sont nos salles de réunion pour le staff», précise Anne-Sophie Talbot, que l’idée de prendre la place des stars habituelles amuse. «Je n’aurais jamais imaginé exercer mon métier ici. Ce sont deux mondes qui se rencontrent : ils ont besoin de nous pour reprendre leur activité, et nous avons besoin d’eux pour bien travailler.»
Information de dernière minute
Ci-après le document d'information qui est remis aux vaccinés sur les effets secondaires potentiels de la vaccination avec les sérums Pfizer-BioNTech et Moderna :