Les interactions entre la santé animale et la santé humaine en 10 points clés
La santé des animaux et celle de l’Homme sont étroitement liées. Chaque année, trois à cinq nouvelles maladies humaines trouvent leur source dans le monde animal. Mieux connaître les pathogènes qui circulent chez les animaux permet d’anticiper les épidémies qui pourraient survenir chez l’Homme dans le futur. Résumé en quelques notions clés pour mieux comprendre la problématique.
Les zoonoses regroupent toutes les situations où un pathogène, une bactérie, un virus ou un parasite, peut se transmettre de l’animal à l’Homme et/ou inversement.
Certains animaux sont porteurs de pathogènes responsables de maladies chez l’Homme sans présenter de symptômes. C’est le cas des volailles porteuses de bactéries Campylobacter et parfois de Salmonella ou des chauves-souris porteuses de virus de la famille du coronavirus.
À l’inverse, la fièvre aphteuse est le plus souvent asymptomatique chez l’Homme alors qu’elle affecte les bovins, caprins, ovins et porcins.
La grande diversité d’espèces animales se traduit par une grande diversité de pathogènes, auxquels l’Homme n’est habituellement pas exposé et qui pourraient provoquer des maladies plus ou moins graves en cas de transmission. On estime ainsi que 75% des maladies infectieuses émergentes chez l’Homme viennent des animaux.
Les cas de transmission de pathogènes entre espèces sont fréquents. Pour que l’on puisse parler d’émergence d’une maladie, il faut que le pathogène transmis s’adapte au nouvel hôte et se propage entre les individus de la nouvelle espèce contaminée. Il peut aussi s’agir d’une réémergence si la maladie réapparait dans un territoire d’où elle avait été éliminée.
Toutes les émergences de maladies n’aboutissent pas à une épidémie ou à une pandémie. L’épidémie concerne une infection qui se propage dans une zone déterminée, tandis que la pandémie s’étend au niveau mondial. Le passage au stade pandémique d’une émergence est le plus souvent déclaré par l’OMS. Dans le cas de pathogènes uniquement animaux, on parle d’épizootie et de panzootie.
La propagation d’une épidémie dépend de nombreux facteurs liés au pathogène, aux hôtes infectés et aux conditions environnementales. Le mode de transmission a un rôle prépondérant : une maladie respiratoire a plus de chance de se propager qu’une maladie ayant un autre mode de transmission. Les voyages internationaux et les échanges commerciaux d’animaux et de produits sont également des facteurs importants.
Les virus, particulièrement ceux à ARN, c’est-à-dire qui utilisent l'acide ribonucléique (ARN) comme matériel génétique, mutent plus fréquemment que les bactéries ou les parasites. Ils ont plus de probabilité d’acquérir une mutation leur permettant de s’adapter à une nouvelle espèce. Ceci explique pourquoi la plupart des zoonoses ayant émergé ces dernières années comme l’influenza aviaire, la Covid-19, ou encore Ébola sont des virus à ARN.
D’autres modes de transmission sont possibles, comme par l’intermédiaire de l’environnement (eau et sol), l’alimentation ou les vecteurs.
Un vecteur est un arthropode, groupe comprenant les insectes et les arachnides ( moustiques, tiques…), qui transmet un agent pathogène : un virus, une bactérie ou un parasite. Il acquière cet agent pathogène en se nourrissant sur un hôte puis le transmet à d’autres individus.
Le séquençage génétique des pathogènes détectés grâce à l’épidémiosurveillance permet de mieux repérer la propagation de nouveaux pathogènes ou des variants et d’adapter les moyens de lutte.
Le concept « One Health » ou « une seule santé » en français, a été mis en avant avec la prise de conscience des liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l’état écosystémique global. Il incite ainsi à prendre en considération tous les facteurs d’émergence des maladies, à la fois au travers des recherches sur ces maladies et de leur gestion.
Le concept Ecohealth donne plus d’importance au rôle de l’environnement et du bon état écosystémique sur la santé animale et humaine.
Enfin, le concept One welfare ajoute le bien-être à la dimension sanitaire : il met en avant le fait que le bien-être des animaux et celui des Hommes sont liés, et qu’ils sont en interaction avec leur santé physique et mentale.