COVID-19 : à l'intérieur, dans l'open space ou chez vos amis, portez les masques !
Les masques chirurgicaux permettent de diviser par sept le volume d'air contaminé par une toux, d'après une étude. De manière générale, toute méthode permettant d'entraver le nuage contaminant - masque, fenêtres ouvertes, tousser dans son coude - est positive.
Dans les espaces clos, mettez un masque ! Après une toux, le volume d'air infecté est 23 fois plus grand que celui de la toux initiale, et sept fois plus grand sans masque chirurgical. Côté infectieux, tout se jouerait dans les huit premières secondes, avant que le nuage ne se dilue dans l'air ambiant, d'après une modélisation mathématique publiée dans Physics of Fluids.
"Nous avons découvert que tout ce qui réduit la distance parcourue par le nuage, comme un masque, un mouchoir ou le fait de tousser dans un coude, devrait réduire considérablement la région sur laquelle les gouttelettes se dispersent lors de la toux et donc les risques d'infection", commente dans un communiqué Rajneesh Bhardwaj, co-auteur de ces travaux. Le rôle des gouttelettes respiratoires dans la propagation du COVID-19 est bien documenté. Cependant, le comportement de l'air éjecté lors d'une toux ou d'un éternuement, et le volume d'air contaminé qui en résulte, ne sont pas encore compris. "La réponse à cette question n'est pas simple car l'air ambiant est entraîné dans le nuage de toux qui sort de la bouche de la personne et finit par en faire partie. Par conséquent, un volume beaucoup plus important que celui initialement éjecté est affecté par la toux", expliquent les chercheurs dans la publication.
En se basant sur la théorie des jets et des données expérimentales tirées de la littérature, les chercheurs ont modélisé le devenir d'un nuage de toux. D'après leurs calculs, les 5 à 8 premières secondes après la toux sont cruciales pour la suspension des gouttelettes expirées dans l'air, et donc pour la propagation de la maladie. Après ce délai, le nuage commence à se disperser, indépendamment de la présence ou de l'absence d'un masque. Ce dernier a en revanche une forte influence sur le volume d'air contaminé pendant ce laps de temps.
Sans masque, le volume d'air infecté est d'environ 23 litres pour une personne de 68 kg, soit 23 fois plus que la quantité d'air exhalée… Et environ un tiers du volume occupé par la personne. Avec le masque chirurgical, ce volume est diminué par sept !
"La présence d'un masque réduit considérablement ce volume et, par conséquent, diminue considérablement le risque d'infection pour les autres personnes présentes dans la pièce", en déduisent les chercheurs. D'après eux, toutes les actions pouvant faire obstacle au nuage, comme tousser dans son coude ou dans un mouchoir, peuvent également réduire son volume et donc la dispersion du virus.
Les parois de plexiglas ont également un intérêt, d'après une deuxième publication dans le même numéro de Physics of Fluids. Axée sur les salles de classe, elle suppose une pièce de 80 mètres carrés, dans laquelle neuf bureaux sont espacés de 2,4 mètres les uns des autres, avec un système d'aération au plafond à cinq endroits différents. Dans ces conditions, les vitres de plexiglas à l'avant de chaque bureau réduisent la transmission d'aérosols d'environ 92% ! "Les parois semblent moduler le champ d'écoulement local, ce qui réduit la transmission (mais) leur efficacité dépend de l'emplacement de la source dans la salle de classe par rapport au système de climatisation", concluent les auteurs. Ainsi, la personne située au milieu de la classe était la plus exposée et la plus contaminante, tandis que celles installées dans les coins étaient les moins à risque de transmission. Ouvrir les fenêtres permettait également de sortir 69% des particules du système, soit 40% de plus que lorsqu'elles sont fermées.
"Des études ont estimé qu'environ 20.000 particules de l'ordre de 0,8 à 5,5 micromètres (millionième de mètre, ndlr) sont libérées et que plus de 100.000 virions (particules virales, ndlr) sont émis par minute de parole", rappellent les auteurs. Dans le cas de la salle de classe modélisée, où les élèves sont distants de 2,4 mètres, le nombre de particules transmises d'un élève à un autre peut excéder les 180 par minute, précisent-ils. Bien que la disposition de la salle, le système d'aération, l'espacement des individus ou encore la taille des fenêtres puisse jouer sur ces calculs, les chercheurs recommandent une approche "multicouches", que l'on pourrait traduire par "ceinture-bretelles". Sont notamment inclus l'utilisation de masques, l'utilisation de parois de verre ou de plexiglas, l'ouverture des fenêtres, l'optimisation du système de climatisation pour une élimination maximale des particules et l'amélioration des filtres de climatisation.
"Les masques chirurgicaux bloquent 30 à 60% des aérosols respiratoires", explique une troisième publication dans Physics of Fluids. Lorsqu'ils sont portés par le malade et les personnes sensibles, les masques chirurgicaux "pourraient réduire le risque de transmission par des facteurs allant de 2 à 10 environ". D'après les chercheurs, même les masques "maison", en coton ou en mélange synthétique, divisent le risque par deux au moins, voire égalent ou dépassent le masque chirurgical, le maximum étant atteint lorsqu'ils sont portés par tout le monde. Evitez tout de même la rayonne, qui semble conférer une plus faible protection que les autres tissus.
Pour ne pas saboter cette protection, un seul point de vigilance : votre masque doit être bien ajusté. "Un masque mal ajusté avec des fuites sur le périmètre permet aux aérosols non filtrés de contourner le masque", alertent les scientifiques.
N.B. En France, rien n'est recommandé, ni rendu obligatoire en matière de port du masque dans les endroits confinés comme les parties communes des immeubles collectifs d'habitation : couloirs, ascenseurs, escaliers, locaux pour les ordures ménagères, etc. Or ce sont des lieux où la contamination peut vite se propager grâce à un résident qu'il soit contagieux asymptomatique ou asymptomatique "superpropagateur" ou contagieux symptomatique. M.E. Lire à ce sujet les justifications juridiques : https://www.liberation.fr/checknews/2020/09/14/pourquoi-les-masques-ne-sont-ils-pas-obligatoires-dans-les-parties-communes-des-immeubles_1799421