Rhume et COVID-19 : comment les différencier ?
Des maux de gorge, le nez qui coule, une fatigue… Ces symptômes du rhume sont fréquents et bénins. Pourtant, cette année, ils suscitent plus d’inquiétude que d’habitude. Et si c’était le COVID-19 ? Que faire dans ce cas de figure ? Réponses avec Anne-Claude Crémieux, professeure de maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis à Paris et membre de l’Académie nationale de Médecine.
Alors que les cas de covid-19 continuent d’augmenter dans l’Hexagone, les baisses et les changements de températures favorisent l’arrivée des rhumes. Comment différencier une rhinopharyngite banale du redouté COVID-19 ? Découvrez les réponses.
"Chez le jeune adulte, les signes sont peu spécifiques. Le COVID-19 peut se manifester uniquement par une pharyngite (douleur de gorge) et une rhinite (irritation et inflammation des muqueuses de la cavité nasale", informe Anne-Claude Crémieux1, professeure de maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis à Paris et membre de l’Académie nationale de Médecine. La fièvre n’est pas non plus un marqueur pour différencier le covid du rhume. "La rhinopharyngite donne de la fièvre, en général elle se résout très vite, en 48 h. Alors que pour le COVID-19, on voit de tout", prévient-t-elle. Le seul signe évocateur du COVID-19 est l’ anosmie (la perte d’odorat) chez le jeune adulte qui n’a pas le nez bouché.
"C’est là toute la difficulté de diagnostiquer ces formes avec peu de signes, que l’on appelle pauci-symptomatiques", déplore la Professeure Crémieux. "Il faut détecter les cas très symptomatiques mais ne pas passer à côté des formes moins caractéristiques. D’autant plus que l’on sait que la quantité de virus excrétée est la même que les personnes avec de vrais symptômes".
L’école a repris depuis moins d’un mois et les élèves doivent respecter vigoureusement le protocole sanitaire qui comprend notamment les règles de distanciation sociale et d’hygiène. Mais les petits ne sont pas épargnés par les virus saisonniers qui se multiplient à l’arrivée du froid. Alors que faire lorsqu’ils présentent un nez qui coule et une toux ? Pour la Société Française de Pédiatrie2, “toux et/ou rhinite sans fièvre ne suffisent pas à justifier une exclusion de la collectivité pour les enfants de moins de 6 ans” peut-on lire dans leur communiqué, bien que l’école peut théoriquement refuser l’accès à l’enfant sur la base de ces symptômes.
“Les symptômes justifiant l’exclusion transitoire de la collectivité de ces enfants, et potentiellement une PCR, doivent inclure au moins un des 3 items suivants : fièvre >38°, gêne respiratoire, troubles digestifs significatifs (plusieurs selles liquides et au moins deux vomissements)”. Pour Anne-Claude Crémieux, “les enfants de 6 à 10 ans sont souvent asymptomatiques mais porteurs du virus. Avant 6 ans, les symptômes du COVID-19 sont surtout la fièvre et les troubles respiratoires”. Les parents sont tenus d’être responsables et de ne pas envoyer leur enfant en cas de symptômes du Covid-19 ou de fièvre.
“Tout enfant COVID+ doit être exclu de la classe pendant 7 jours, et éventuellement plus longtemps en cas de persistance des symptômes” indique la SFP, précisant que la persistance de quelques signes au-delà du 3ème jour “mais qui sont en nette amélioration, ne suffit pas à justifier un test PCR. Seule l’évolution inhabituelle des symptômes justifie ce test”. Par ailleurs, elle informe "qu'il n’est pas justifié d’exclure un enfant contact asymptomatique en attendant le résultat du dépistage”. "Les enfants, et en particulier ceux de moins de 10 ans, ne contribuent pas significativement à la transmission de COVID-19. Les transmissions entre enfants, ou d’enfants à adultes, sont très peu fréquentes”.
Le seul moyen d’obtenir un diagnostic fiable est de réaliser un test : 10 millions ont été réalisés depuis de le début de l’épidémie, et plus d’un million de patients y ont eu recours la semaine du 7 septembre3. De plus en plus d’individus vont se faire tester. C’est la raison pour laquelle "il est important d’avoir de très hautes capacités de tests dans les mois qui viennent" tient à préciser la Professeure Crémieux.
Mais voilà, plus on a recours aux tests, plus leur analyse et les résultats mettent du temps à arriver, allant parfois jusqu’à deux semaines.
Alors que faire en attendant les résultats ? L’idéal serait de rester chez soi pour ne pas prendre le risque de contaminer les autres dans le doute du diagnostic. "Mais on peut difficilement demander aux gens de s’isoler. Tout le monde ne peut pas télétravailler. C’est une situation très compliquée" avoue la professeure en maladies infectieuses. Il est alors conseillé plus que jamais de porter un masque, et de respecter les "gestes barrières".
Pour garantir une couverture de tests plus large, l’infectiologue recommande la mise en place des tests salivaires, qui permettrait notamment "d’obtenir plus rapidement et simplement les résultats et de décharger la chaîne de la PCR". D’après François Blanchecotte, président du Syndicat national des biologistes, ils devraient arriver rapidement et seront "aussi fiables" que les tests PCR. "Parce que c’est la même technologie qui est employée ensuite. Simplement, on diffère le prélèvement : on prélève dans la bouche, ça va beaucoup plus vite et c’est beaucoup moins douloureux", détaille-t-il à Europe 14. "Les laboratoires privés sont en train de s’équiper pour traiter plus de prélèvements".
De son côté, Olivier Véran a indiqué attendre "de façon imminente des résultats d’expérimentations qu’on a menées sur des populations importantes… Je croise les doigts pour qu’on puisse rapidement passer au salivaire" avait-il affirmé le ministre de la Santé sur France Inter5 mardi 8 septembre.
Le 11 septembre 2020, le gouvernement a décidé de privilégier des circuits de dépistage plus courts pour les personnes prioritaires : les personnes symptomatiques, les cas contacts et le personnel soignant. Une stratégie qu’avait déjà évoqué le ministre de la Santé : "Une personne qui est symptomatique, qui est cas contact doit être testée dans l'urgence. C'est inconcevable qu'il en soit autrement. Il est hors de question qu'elle se fasse refouler d'un labo parce qu'il n'y a pas de place. Là-dessus nous allons encore travailler. En revanche, une personne qui se pose la question, qu’on lui demande d’attendre trois, quatre, cinq jours, ne me choque pas".
Source : https://www.doctissimo.fr/sante/epidemie/coronavirus-chinois/Rhume-covid-19-symptomes-differences