Pour deux Français sur trois, la crise est l'occasion d'accélérer la transition écologique
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Pour trois Français sur quatre, la relance de l'économie ne doit pas se faire sans transition écologique, selon un sondage OpinionWay-Square pour « Les Echos ». Mais seules 37 % des personnes interrogées se fient au gouvernement pour prendre le virage vert.
L'écologie est « le combat du siècle ». L'Elysée l'assure en grand sur son site web, en égrenant « les engagements et les actions » d'Emmanuel Macron. Mais alors que l'Etat a promis de consacrer un tiers du plan de relance de l'économie à 100 milliards d'euros à la transition écologique, le discours ne prend toujours pas et la circonspection des Français reste grande.
A 60 %, ils ne se fient pas à l'exécutif pour la mettre en oeuvre, selon un sondage OpinionWay-Square pour « Les Echos » et Radio classique. Près d'un quart (23 %) des personnes interrogées indiquent même qu'elles n'ont « pas du tout confiance ». Cette défiance envers le gouvernement apparaît enracinée. Seuls les sympathisants du parti présidentiel lui font confiance, à 82 %. « La transition écologique est un élément central du plan de relance, des signes forts ont été donnés - avec une ministre, Barbara Pompili, numéro deux du gouvernement, mais la suspicion reste très forte », constate Frédéric Micheau, le directeur des études d'OpinionWay.
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Pourtant, malgré l'immense crise provoquée par la pandémie de Covid-19, quasiment tous (84 %) se retrouvent sur un point : la transition écologique doit être réalisée pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour 66 % des Français, la crise actuelle est même une opportunité pour l'accélérer, quitte à la faire plus progressivement.
Frédéric Micheau note une « transformation des mentalités » par rapport à la crise précédente. « Entre 2008 et 2011, nous n'avions pas les mêmes indicateurs d'opinion ». La différence est notable, en particulier sur l'emploi. Il souligne qu'« aujourd'hui deux tiers des Français disent que la transition écologique va créer des emplois ».
L'enquête montre que c'est avant tout l'affaire des pouvoirs publics (64 %), mais désormais aussi celle des citoyens (61 %), avant même celle des grandes entreprises (58 %). Un ordre d'implication « frappant » aux yeux du directeur des études d'opinion d'Opinionway, qui est la preuve d'une « massification de la prise de conscience ». Il n'y a plus de débat. « Chacun a intériorisé sa responsabilité et les Français jugent que tout le monde doit être mobilisé », analyse-t-il. En revanche, les sondés ne sont que 28 % à estimer que les PME doivent être en première ligne pour lutter contre le dérèglement climatique.
Pour une majorité de Français, l'argent dédié à la transition écologique doit d'abord aller au secteur de l'énergie (69 %), puis aux transports (64 %), premier secteur émetteur de gaz à effet de serre dans le pays, avant l'agriculture (57 %) et le bâtiment (44 %). Mais pas sans contrôle strict : 84 % des personnes interrogées souhaitent que les aides publiques accordées aux grandes entreprises privées soient conditionnées aux efforts qu'elles fourniront.
« Les Français ne comprennent pas que ça ne soit pas imposé par les pouvoirs publics », remarque Frédéric Micheau. Ils sont aussi largement favorables à une relocalisation de la production industrielle. Autant d'éléments autrefois l'apanage des souverainistes de gauche et de droite qui sont maintenant devenus consensuels.
Sondage réalisé les 16 et 17 septembre 2020 auprès d'un échantillon de 1.006 personnes, selon la méthode des quotas.