Blog d'information sur l'écologie à Lille et ailleurs dans le monde : Veiller, informer, alerter, mobiliser sur des thématiques de l'environnement, de la santé, de la qualité de l'air et de l'eau,du changement climatique, de l'alimentation, de l'agriculture, de la biodiversité, de l'urbanisme et de l'habitat, de la mobilité et des transports, de l'énergie et des risques majeurs, des déchets, et bien d'autres choses encore.
L'architecte de Lillénium ignorait l'effet de serre !
Publié le
par La Voix du Nord via M.E.
Lille: sous sa grande verrière, Lillenium frôle la surchauffe
L’immense verrière du centre commercial de Lille-Sud lui confère une ambiance et une lumière unique. Mais elle aura un revers l’été prochain, si rien n’est fait : elle fait grimper la température, dans un Lillenium dénué de climatisation. Nous l’avons vérifié cette semaine.
33, 34, 35. Le mercure galope. 36, 37. On se pince. 38. 39. Le petit trait rouge finit par ralentir. Et s’immobilise. Nous sommes le mardi 15 septembre 2020, jour de fortes chaleurs à Lille. À 15 h 30, il fait 39,5º sous la verrière de Lillenium.
Notre thermomètre est posé en terrasse d’un café, sur une table non exposée au soleil, à l’extrémité ouest du 2e étage. L’air, lourd et immobile, pèse sur le chaland dès sa sortie de l’escalier roulant. Le thé glacé que l’on sirote passe directement de notre organisme à notre T-shirt.
Les craintes soulevées par les visites de chantier, cet été, se confirment : le grand atout de Lillenium peut aussi être un point faible, la spectaculaire verrière de 11 000 m2inonde de lumière les allées du centre… mais agit comme une serre. Si le rez-de-chaussée et le premier étage sont épargnés, le deuxième donne l’impression d’être une tomate de Murcie sous sa bâche en plastique.
Relevés par un huissier
« Il n’y a que trois degrés de différence entre l’intérieur et l’extérieur », dédramatise Dan Ohnona. Le directeur général de la financière FAE, l’un des propriétaires du centre, brandit ses propres relevés de température, réalisés par un huissier… le même jour que nous. Et pour des résultats un peu différents : « Au soleil, il faisait 40º au deuxième étage de Lillenium et 38º rue Anthonioz-de-Gaulle (qui longe Lillenium) ; et à l’ombre, 28º dedans contre 26º dehors. »
« Si on chauffait ou qu’on climatisait un volume pareil, on aurait une levée de boucliers des écologistes, à cause de l’empreinte carbone »
Dan Ohnona insiste : Lillenium avec son allure de rue couverte, « n’est pas un centre traditionnel » : « On s’y sent bien, c’est très lumineux, et tout le monde souligne la qualité de l’outil. »
Reste que le bâtiment semble vulnérable au dérèglement climatique, au sortir d’un été lillois historiquement torride, non ? « Si on chauffait ou qu’on climatisait un volume pareil, on aurait une levée de boucliers des écologistes, à cause de l’empreinte carbone, et des commerçants, à qui on répercuterait les charges », répond Dan Ohnona. Certifié BREEAM, Lillenium se veut au contraire un modèle de sobriété.
S’il en relativise la gravité, le directeur de FAE concède que ces températures sont un « problème identifié ». Des pistes de réflexion sont selon lui à l’étude, pour accroître le brassage de l’air au 2e, voire pour le rafraîchir. Histoire que le centre puisse aborder son premier été, l’année prochaine, avec la tête froide.