En pleine tempête épidémique et en plein creux économique, le Premier ministre et le ministre de la Santé n’auraient eu qu’un objectif en tête, celui de punir Marseille. On se demande bien quel en serait le bénéfice pour le gouvernement, mais c’est la conviction qu’ont choisi d’afficher les élus locaux, dans un touchant consensus transpartisan.
Michèle Rubirola, maire (union de la gauche) de la ville, (médecin) estime visiblement la vaccination plus dangereuse que l’ouverture des bars et restaurants dans une ville touchée par le Covid-19 (elle avait, en 2018, approuvé une pétition antivaccins). Si Samia Ghali, ancienne sénatrice socialiste, aujourd’hui deuxième adjointe de Marseille, ne voyait en 2012 que l’armée pour ramener l’ordre dans « les quartiers », elle est aujourd’hui toute mansuétude envers les contrevenants, assurant qu’il n’y aurait pas de verbalisation par la police municipale des établissements restés ouverts.
Renaud Muselier, président Les Républicains du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’un des apôtres d’un professeur Raoult dont on attend toujours le premier miracle, était prêt à déposer un recours contre la décision du gouvernement.
Il ne faut voir aucun folklore régional dans cet épisode (ce serait méprisant pour les Marseillais), mais un nouvel effet d’une démagogie plus générale. Des élus préfèrent ébranler un socle républicain déjà bien fragilisé plutôt que de risquer les foudres d’une corporation très influente auprès de l’opinion. Il était possible d’exprimer de la compréhension envers une profession, durement atteinte, tout en rappelant la gravité de la situation locale. Ces élus ont préféré hurler avec les manifestants.
Qu’on ait le droit de critiquer le pouvoir et, en même temps, le devoir d’appliquer la loi semblait pourtant constituer les deux faces d’une même médaille en démocratie.
Jean-Michel Bretonnier jmbretonnier@lavoixdunord.fr