L’Amazonie brûle toujours…et la France doit agir, demandent des ONG
Les incendies continuent de ravager l’Amazonie. Cette année, on en compte 17 % de plus qu’en 2019 mais contrairement à l’an dernier où politiques et dirigeants économiques s’étaient mobilisés, mettant le sujet à la Une des médias, la déforestation reste cette année dans l’ombre. Plusieurs ONG dénoncent notamment l'immobilisme de la France, malgré sa responsabilité via "la déforestation importée".

L’Amazonie brésilienne part littéralement en fumée. Celle-ci a subi une déforestation record au premier semestre, 25 % supérieure à celle des six premiers mois de 2019, selon l'institut en charge de la recherche spatiale au Brésil (INPE). Et le deuxième semestre s’annonce mal : après une accalmie au mois de juillet, 10 136 incendies se sont déclarés dans les dix premiers jours d'août, contre 8 669 en 2019. ONG et scientifiques alertent : la forêt amazonienne suffoque et s’approche d’un point de bascule irréversible qui pourrait la transformer en savane semi-aride d’ici un demi-siècle.
Pourtant, contrairement à l’an dernier où ces feux, pour la plupart intentionnels, avaient suscité un émoi mondial, la forêt s’évapore cette année sans faire de vagues ou presque. Dans une tribune publiée sur France Info, une vingtaine d’ONG dont Greenpeace et Notre Affaire à tous dénoncent ainsi l'immobilisme de la France face aux incendies qui ravagent l'Amazonie et sa responsabilité via la "déforestation importée", un an après les déclarations du président français. "Contrairement à ce qu'Emmanuel Macron propose, notre responsabilité n'est pas de planter des arbres, mais bien de mettre fin aux causes profondes de la déforestation", écrivent les auteurs de la tribune.
La pandémie mondiale de COVID-19, qui touche très durement le pays avec plus de 100 000 morts, a détourné les projecteurs médiatiques vers la crise sanitaire et économique. Une cynique "aubaine" pour la stratégie environnementale du gouvernement brésilien, estiment les ONG. "Depuis sa prise de fonction en 2019, le gouvernement Bolsonaro a démantelé les lois de protection de l’environnement et réduit le pouvoir des agences de protection de l’environnement, allant jusqu’à utiliser la pandémie du Covid-19 comme écran de fumée pour favoriser davantage la déforestation, l’exploitation forestière et l’exploitation minière en Amazonie", explique ainsi Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts à Greenpeace France.
En avril dernier, le ministre de l’Environnement brésilien, Ricardo Salles, avait ainsi déclaré vouloir profiter de "l’opportunité que la presse soit focalisée sur le coronavirus" pour "passer des réformes et assouplir les règles" liées à la protection de l’Amazonie. Et ce, alors que la déforestation est aujourd’hui connue pour favoriser l’apparition de zoonose, ces virus qui se transmettent de l’animal à l’homme, comme le covid-19.
L'objectif du gouvernement serait de favoriser le secteur agroalimentaire, l’un des piliers de l’économie brésilienne, qui bénéficie des terrains agricoles ainsi défrichés. Cela permet de fournir notamment les consommateurs européens, comme le rappelle Greenpeace qui presse la France de réagir face à la déforestation importée de notre alimentation.
Mais en 2020, la stratégie de fuite en avant du gouvernement brésilien devient un mauvais calcul. Les fonds d’investissement, de plus en plus soucieux des risques ESG - environnementaux, sociaux et de gouvernance - ont inscrit le risque déforestation dans leur radar. En juin, des fonds d’investissement internationaux pesant plus de 4 000 milliards de dollars ont menacé de retirer leurs billes dans les entreprises brésiliennes si le pays ne parvenait pas à réduire la déforestation. Puis c’est le fonds d’investissement Nordea Asset Management qui a annoncé avoir désinvesti JBS, le numéro 1 mondial de la viande en raison – notamment- de son impact sur la déforestation en Amazonie.
Cette pression a fait effet. Le 15 juillet, le gouvernement Bolsonaro a publié un décret interdisant l’utilisation de la technique de brûlage dans l’Amazonie et le Pantanal pendant 120 jours. Mais cette position n'a pas duré. Le Président brésilien a ainsi déclaré le 11 août dernier que "Cette histoire, selon laquelle l'Amazonie est en train de brûler, est un mensonge".